par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat, Christine Sardaine

Anglet Jazz Festival, vendredi 16 septembre 2022.

Deuxième jour du Anglet Jazz Festival. La soirée s’annonce contrastée musicalement.

Marc Tambourindéguy, dans la masse de propositions qu’il reçoit, a été séduit par la voix et l’univers poétique de Mélanie Dahan. Arrivée à maturité elle a sorti un album très personnel dans ses choix de textes avec des compositions musicales demandées à Jérémy Hababou. Ce dernier est présent bien sûr au piano aux côtés de Benjamin Petit (sax soprano, alto et flûte), Jérémy Bruyère déjà sur scène ici la veille (contrebasse et basse électrique) et Arthur Alard (batterie).

C’est Serge Reggiani qui ouvre le concert, nous enjoignant à nous enivrer de vin, de poésie ou de vertu, récitant bien sûr Baudelaire. Le quartet se lance et très vite apparaît Mélanie, son aisance, sa voix claire, sa sensibilité. Ce concert va se dérouler tout en sobriété même si le jazz sera souvent présent, Jérémy Hababou et Benjamin Petit, la plupart du temps au soprano, ne se privant pas de chorus très romantiques pour le premier et très lyriques pour le second. Autre satisfaction, Mélanie chante en Français, tout le temps, reprenant des poèmes de Tahar Ben Jelloun, Andrée Chedid, Brassens (Saturne) ou Charles Aznavour. Elle évoque souvent l’enfance, la jeunesse avec un peu de nostalgie. Du récital de chanson française on passe en douceur au jazz et ses envolées et des passages de scat, on repart chez Ravel, Debussy avec le piano superbe de Jérémy. Peu importe, tout est délicatesse, comme dans ces deux duos piano-chant et basse-chant. Quelques mesures de bossa, des pas de valse lente, une voix qui se fond dans la tessiture du sax soprano, on se laisse séduire. Deux rappels confirmeront le bon accueil du public et une nouvelle fois le bon choix de programmation de Marc.

 

En deuxième concert c’est le quartet de Lars Danielsson le très grand contrebassiste suédois que le monde du jazz s’arrache. Il n’est pas venu seul mais avec une équipe formidable : à la guitare l’Anglais John Parricelli que je découvre, au piano le fantastique Grégory Privat et à la batterie la légende suédoise Magnus Öström, ancien de E.S.T .

Très vite on sent qu’il va se passer quelque chose, une énergie contenue venue des profondeurs monte petit à petit, le son est parfait, orageux mais lumineux et soudain rupture, une mélodie minimaliste, dépouillée s’installe. Voilà ce fameux univers du jazz nordique si caractéristique. Jazz de climats, souvent aérien qui tel un volcan peut se mettre en fusion. Lars, de son sourire bienveillant, dirige cet équipage, ils sont tous tournés vers lui, guitariste compris, au grand dam des amis photographes à qui il tourne le dos. Le concert sera un enchantement, d’une épaisseur musicale palpable et surtout de toute beauté. Ce son chantant de la contrebasse nourrie par quelques effets électros très maîtrisés, plus mélodique que rythmique (des chorus magiques), ce piano si brillant, époustouflant, ahurissant, ces guitares (électrique ou acoustique) limpides et ce beat de métronome sans fioriture mais tellement précis et juste de la batterie. La musique à son sommet. Au rythme souvent de la passacaille remise au goût du jour avec ses rondeaux caractéristiques et ses ostinatos, de ces fugues, de ces valses, c’est un riche tourbillon qui entraine la salle du Quintaou sous le choc de l’émotion. Du grand Art.

 

Du bonheur dans les yeux de tous et autre satisfaction, ce soir le bar du théâtre n’a pas fermé avant la fin du concert !

Chouette, encore deux jours de festival !

 

Galerie photos :

  • Mélanie Dahan : concert et balances

 

  • Lars Danielsson quartet : concert et balances