par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat

Andernos Jazz festival, samedi 27 juillet 2019

Les concerts du samedi

Samedi matin brousineux comme on dit dans le Sud Ouest, les parapluies sont de sortie et les vélos circulent sous cape. A l’heure de l’apéro sur la place du 14 juillet réaménagée, les amateurs de jazz et les clients du marché voisin (avec des bancs à se damner de gourmandise !) s’approchent du parasol (?) sous lequel Tuba Skinny cisèle sa musique de New Orleans.

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Toujours cette superbe application, toujours pas cette échange avec le public qui apprécie malgré tout.

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L’Elephant Brass Machine se chargera lui, plusieurs fois dans la journée, de mettre un peu de tapage et beaucoup de bonne humeur dans les rues d’AnderNOs !

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Incertitude météo oblige, le concert du soir est déplacé du magnifique et bucolique jardin Louis David à l’esplanade de la jetée, pas moins magnifique mais moins paisible pour écouter de la musique. Finalement le soleil est revenu mais tout est déjà en place sur la scène au bord du Bassin d’Arcachon ; c’est beau quand même !

J-Silk

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Traditionnellement Eric Coignat le directeur du festival donne sa chance à un jeune groupe pour ouvrir la session du soir. Une chance en effet de se produire devant beaucoup de monde dans cette zone très passagère et aussi un test ; vont-ils rester ou pas ? Et bien oui et en grand nombre pour J-Silk un trio bordelais Neo-Soul-Pop avec des influences Jazz comme la jeune scène actuelle nous en offre depuis quelque temps.

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Loin de New Orleans ? Oui pour la tradition, pas autant que ça pour la modernité qui règne aussi là-bas avec la soul, le funk et même le hip-hop. Puristes éloignez-vous, les autres approchez ! Nappes électros, infra basses, du lourd son de basse de Louis Gaffney, du gros beat de batterie de Didier Bassan et la fraîcheur énergique de Joanna Rives au chant, à la guitare et au mini Moog.

Un son des plus actuels et peut-être un moyen d’attirer un nouveau public vers le jazz par une porte dérobée… A suivre.

IEP4TET + Strings

En novembre dernier pour Jazz à Caudéran nous avions eu la primeur de ce projet ambitieux et Eric Coignat présent avait de suite accroché.

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Voilà donc à AnderNOs cette année Sébastien Iep Arruti et son œuvre insolite composée pour un quartet de jazz et un quatuor à cordes classique. Un pari que de proposer cette musique à un public en majorité non familier – je préfère ce mot à initié – et dans cet endroit de passage. Un pari gagné ! Didier Ottaviani, le batteur, me confiera qu’il était inquiet mais que dès les premières minutes et le premier chorus applaudi il a été rassuré.

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Le public a certes été surpris mais au bon sens du terme, curieux de voir cet équipage insolite sur scène délivrant cette belle musique nuancée et aux sonorités tellement inhabituelles. Iep est un compositeur extraordinaire, capable d’écrire de longues suites quasi symphoniques mais qui n’oublient bien sûr pas le jazz.

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On passe d’un univers à un autre tout en douceur, des bransles que Bach n’aurait pas reniées aux envolées Shifriniennes. Mon ami rocker Dany évoquera même Zappa parfois. Des fausses fins, des fausses pistes qui amuseront le public, des duels épiques entre le trombone du maître et le sax d’Alain Coyral, des contre chants aériens et des passages baroques du quatuor, on ne s’ennuie jamais.

Du plaisir visible sur scène, surtout de la part des quatre musiciennes classiques plongées dans un autre univers ici où la liberté est encore possible, la contrebasse de Timo Metzemekers servant de pont aux deux formations. Bravo Emmanuelle Faure (violoncelle), Marie-Laure Prioleau (alto), Dorra Saadi et Céline Jean Carat (violon) de vous être risquées avec les gaillards de ce quartet.

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Très beau succès devant une esplanade pleine et bravo à Eric Coignat pour avoir présenté cette œuvre ambitieuse au grand public.

Ceci L. Recchia

Une tête d’affiche féminine à Andernos c’est assez rare, même Ella en 1972 avait fait faux bond alors que programmes et affiches étaient déjà diffusés. Cecil L. Recchia ( voir son interview dans le blog) est ici car son dernier projet « The Gumbo » (un plat traditionnel de Louisiane) est dans le droit fil du thème du festival, New Orleans.

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Après les deux concerts précédents nous revoilà aux sources. Au programme des compositions de Jelly Roll Morton, Sydney Bechet, le superbe « Egyptian Fantasy », sur lesquelles elle a posé des mots, des grands standards comme « St James Infirmary » ou « Big Butter and Egg Man » réarrangés, des tradis, des airs de second line… Entourées de splendides musiciens, Pablo Campos (exceptionnel au piano),

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David Grebil (très créatif à la batterie),

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Raphaël Dever (redoutable à la contrebasse)

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et Noé Codjia (une révélation à la trompette) la chanteuse va nous offrir un set épatant, enjoué et plein de finesse.

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Cecil L. n’est pas ce qu’on appelle une chanteuse à voix (elle chante très bien ne vous méprenez pas!) , c’est une chanteuse à émotions, à nuances, à joie, plus dans la narration que dans la puissance comme son modèle Shirley Horn. De plus elle partage la scène avec ses musiciens, avec eux pas devant eux. Il faut dire que ce serait dommage de les laisser dans l’ombre ces quatre là tant ils régalent !

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Avec une telle formation Cecil L. ne peut qu’être à l’aise et elle l’est, pleine de naturel et d’aisance sur scène, souriante, expressive, ouverte avec le public emballé. Après le concert alors qu’elle dédicace son album un homme assez jeune viendra lui dire ceci : pour moi le jazz c’est lointain, quelque chose d’assez complexe, grâce à vous ce soir je me suis régalé, merci !

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Même notre Dom Imonk toujours friand d’avant garde me glissera avec son style élégant inimitable un « c’était charmant ». Le public ne s’y est pas trompé se délectant de ce jazz à la fois classique et moderne, célébrant la Nouvelle Orléans. Bref elle a fait un tabac ! Session de rattrapage à Marciac les 6 et 7 août prochains, ne vous privez pas de ce plaisir.

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Mini Jam pour terminer ou Mathis Polack (à Andernos avec l’Elephant Brass machine) viendra rejoindre J-Silk pour quelques minutes.

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Photo Dom Imonk

Mais il est tard et demain il y a du pain sur la planche…

 

liens : 

https://j-silk.fr/

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Rencontre avec Cecil L. Recchia

Cecil L. Recchia « The Gumbo »