Par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.

Andernos Jazz Festival, vendredi 27 juillet 2018.

50 ans ! Et oui, un demi-siècle, que l’été, Andernos résonne au tempo du jazz ! L’organisation du festival vous raconte tout sur son site web : https://www.andernos-jazz-festival.fr/

Hier les premières bougies ont ainsi été soufflées, le gâteau bien entamé et le passé célébré avec une soirée « Jazz d’aujourd’hui ».

Le Big Four Sweet bordelais avait alerté toute la population le matin en déambulant dans les rues et c’est un jardin Louis David très rempli qui accueillait à 17 heures l’inauguration, pas en fanfare mais en big band, l’Ensemble Musical du Bassin d’Arcachon, auteur d’une magnifique prestation.

En présence du Maire Jean-Yves Rosazza et d’Eric Coignat, son adjoint mais surtout directeur du festival, c’est Tom Ibarra qui avait lancé officiellement l’événement d’un riff de…triangle !

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Rendez-vous ensuite esplanade de la jetée, le point de ralliement obligatoire des promeneurs et touristes. Ici une scène merveilleuse dominant le Bassin et ce soir trois concerts et une jam !

A 19 heures, à marée haute, c’est à Atrisma que revient l’honneur de fixer ces touristes sur ce front de mer, le Bassin en est une. Lauréats du Tremplin Action Jazz en 2015, déjà, les Bordelais nos ont proposé leur univers délicat et bien actuel. Des compos ciselées comme toujours, des climats qui se mettent en place progressivement, une certaine idée du jazz moderne et classique à la fois.

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Trois musiciens accomplis qui ont attisé la curiosité du public souvent novice dans ce type de festival balnéaire, citons les : Vincent Vilnet (p), Hugo Raducanu (dr) et Johary Rakotondramasy (g). Bénéficiant ici d’une excellente sonorisation et d’un gros son c’est un Atrisma décomplexé qui s’est offert à nous et ça fait plaisir.

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Hugo Raducanu

Un peu plus tard alors que le Bassin se vide la marée humaine monte sur l’esplanade, heure propice mais aussi présence d’un groupe dont la notoriété commence à être importante, le Tom Ibarra Group. Plus de deux ans se sont écoulés depuis leur passage remarqué au TAJ 2016 et beaucoup de choses ont changé depuis. Déjà tous les musiciens, à part Tom, mais aussi la musique. Et que dire du métier engrangé, surtout après cette tournée d’été européenne qui se termine ici (presque) ; neuf pays en deux mois ! Pas de surprise à attendre pour ceux qui étaient présents le week-end dernier au Saint-Emilion Jazz Festival, d’autant que là-bas ils nous avaient réservé des surprises musicales. Entre temps deux concerts au gigantesque Jazzaldia de San Sebastian et donc ce soir… une découverte ! Le groupe évolue en permanence, les arrangements, le son, les chorus à la grande inquiétude de leur ingé son Guillaume Thévenin qui les suit partout en Europe. Il est souvent le premier surpris mais les connaissant par cœur il s’adapte lui aussi en temps réel, le sixième membre du groupe.

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Tom Ibarra au delà de son talent inouï a le mérite de laisser la place à ses compères sur scène pour de larges impros. Jeff Mercadié incendiaire au sax ténor, mais où s’arrêtera-t-il ? Auxane Cartigny qui depuis une semaine invente un concerto de piano sublime à chaque concert dans le fougueux « Moter » ! Antoine Vidal le bassiste implacable et devenu hier soir guitar hero avec des effets d’un autre monde ! Pierre Lucbert aux commandes  de son gros tambour et son drumming stratosphérique d’une très grande richesse ! Et un Tom libéré, lui éternel inquiet, conscient de l’enjeu, du futur, quel bonheur de le voir s’éclater sur scène, jouer, sauter, rire, photographier ! Quel groupe de jazz ! Oui c’en est ça aussi, la liberté de jeu ! Le public qui avait envahi l’esplanade ne s’y est pas trompé leur réservant une ovation et la séance de dédicace de CD a duré très très longtemps.

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Le soleil s’est couché en beauté derrière la scène, la Lune s’est éclipsée sous un voile de nuages mais nous nous sommes toujours là car il ne faut pas louper Nicolas Gardel & the Headbangers. Après le TIG il fallait bien une formation punchy et de haute qualité, la voilà. Le groupe toulousain a depuis quelques années acquis une belle notoriété de son jazz puissant, inventif et mélodieux.

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Là aussi on est dans la modernité, la technique au service de la musique. Du jazz, du funk, du rock jusqu’à du métal-jazz parfois, attention ça dépote ! Mais pas que, comme ce début de concert assez sage mettant bien en valeur la trompette fine et précise de Nicolas Gardel et les qualité au sax, ténor et alto, de Ferdinand Doumerc ; le « duo » fonctionne admirablement.

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Mais quand ça décolle avec « Loveless in Babylon » issu du dernier album « Iron Age » on pénètre dans la forge, le métal en fusion, du cuivre en l’espèce, c’est une sensation terrible ! Oui mesdames et messieurs  c’est du jazz ça aussi, d’aujourd’hui et de demain pour un bon moment.

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Intérêt manifeste de ces festivals balnéaires, grand public, que de proposer aux oreilles formatées des musiques différentes et de montrer que le jazz ça ne fait pas mal ! Bravo Eric Coignat pour cette belle programmation mais…ce n’est pas fini !

Ce samedi 28 juillet, le matin Big Four Sweet déambulait et les locaux Tontons Swingers ont ravi les amateurs de jazz tradi à la jetée. A 18h30 le jazz aura des accents créoles avec les Bordelais d’Akoda , autres lauréats du tremplin Action Jazz. Le soir premier concert événement avec « Il était une fois… Andernos Jazz ». Thomas Bercy & the Continuum Orchestra vont retracer musicalement et aussi en images, l’histoire du festival. Un projet créé spécialement avec une quinzaine de musiciens et VJ Naj (Video Jockey) ; on évoquera Miles Davis, Michel Petrucciani, Clark Terry, Lionel Hampton, Herbie Hancock… tous venus ici. Un concert à ne pas manquer et gratuit rappelons le.

Alors à ce soir !