Yannis Constans et le Sicilian Quartet chez Alriq

par Philippe Desmond, photos Christine Sardaine.

La Guinguette chez Alriq, Bordeaux le 28 août 2022

S’il y a un lieu indispensable à Bordeaux c’est bien la Guinguette chez Alriq. Depuis plus de trente ans elle anime musicalement la belle saison et son succès ne fait qu’augmenter. Ce millésime, pas encore terminé, a battu tous les records, la météo impitoyable souvent dans la journée, ayant permis des soirées chaudes certes mais agréables en bord de Garonne. Soirées mais aussi dimanches après-midi pour des sessions plus familiales à partir de 17 heures ; gratuites en plus, même si le tarif des soirées de 5 ou 6 euros est cadeau eu égard aux programmations musicales toujours de grande qualité. A ce propos en septembre les concerts commenceront plus tôt, à 20h30.

Ce dimanche c’était du jazz, on va dire manouche pour faire simple même si c’était beaucoup plus large que cela. Yannis Constans et le Sicilian Quartet. Yannis, guitariste, partage sa vie entre le Gers d’où il est originaire et la Sicile où il vit désormais. On l’avait vu ici même il y a un an avec le trio de Samson Schmitt. Le contrebassiste Camille Wolfrom était déjà là lui aussi. Mais cette fois deux Siciliens complètent la formation, le clarinettiste Nicola Giammarinaro de Trapani et l’accordéoniste Roberto Gervasi de Palerme (il y a quelques jours il animait l’anniversaire de Madonna !) ; une formation sans batterie de type swing manouche donc aux parfums méditerranéens. Ils vont jouer des standards, du choro brésilien, de la valse, du tango, de la biguine tout cela en mode swing avec cette pompe manouche de la guitare épaulée par la ronde et fondamentale rythmique de la contrebasse, les deux solistes s’en donnant à cœur joie dans des dialogues, des battles des questions/réponses et des improvisations de haute volée. Quel clarinettiste que ce Nicola, je ne pensais pas qu’on pouvait faire tout cela avec cet instrument, ces grands écarts de tessiture, ces vibratos intense, ce débit insensé, ces nombreuses citations, il est incroyable. Il jouera même un chorus avec le seul bec sur « I can’t give you anything but love » ! L’accordéon apporte la chaleur de ses notes avec une légèreté, un certain romantisme comme dans « Si tu vois ma mère » de Sidney Bechet. Yannis ne se contente pas d’accompagner, lui aussi nous offrira de beaux chorus et surtout cette belle intro sur « Indifférence », l’accordéon le rejoignant, indispensable sur ce titre de Tony Murena. Sur le dernier titre avant le rappel nos joyeux drilles siciliens s’engageront dans une battle de scat hilarante, la Guinguette se régale.

En rappel Stéphane Séva et sa table washboard puis Laurent Vanhée monteront sur scène pour une jam improvisée ajoutant à l’ambiance festive du moment.

Yannis a promis de revenir, il vient d’achever quasiment un album de compositions originales avec Dorado et Samson Schmitt qui sortira cet hiver et il aimerait bien le jouer ici avec eux. Nous aussi !

Merci encore à toute l’équipe de la Guinguette, Virginie, Olivier et les autres, le succès de cette année vous donne raison mais rien n’est acquis, le quartier s’urbanise à outrance, la musique pour certains n’est que du bruit et ils le font savoir, restons vigilants !

Pour découvrir le fantastico clarinettiste sicilien :