Yannick Rieu

« Symbiosis »

par Philippe Desmond

S’il y a bien un musicien, saxophoniste en l’occurrence, qui mérite plus de notoriété en France, c’est notre cousin québécois Yannick Rieu. Dans son pays il est unanimement reconnu. Il y a déjà obtenu trois Félix de l’album de jazz de l’année de l’ADISQ, Académie québécoise du disque, du spectacle et de la vidéo. Il est considéré comme un des vingt meilleurs soufflants au monde par le Journal de Montréal, comme le plus grand poète des jazzmen canadiens par Jazzman, etc. Pourtant alors qu’il tourne dans le monde entier (Afrique, Chine…) il a du mal à trouver sa vraie place dans les festivals ou les grandes salles de France. Action Jazz l’avait accueilli en 2019 lors du dernier Festival Jazz à Caudéran, malheureusement interrompu pour diverses raisons indépendantes de notre volonté. https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/jac-2019-yannick-rieu-quintet/

Son dernier concert au Rocher de Palmer avec Stéphane Belmondo en invité a été une totale réussite : https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/yannick-rieu-quartet-invite-stephane-belmondo/

Toujours plein d’idées il les transforme souvent en projet. Capable de jouer tous les jazz, il a produit des albums dans des styles ou des influences allant de Weather Report à des reprises de grandes chansons françaises en passant par du jazz plus mainstream. En ce moment c’est la musique classique qui occupe l’esprit de ce créateur de musique(s) avec la préparation et bientôt la réalisation d’un gros projet en collaboration étroite avec Lionel Belmondo, mariant un sextet de jazz avec un orchestre symphonique autour des oeuvres de Ravel et Brahms, pas des adaptations mais des compositions originales dans l’esprit de ces deux grands maîtres.

https://lagazettebleuedactionjazz.fr/interview-yannick-rieu-lionel-belmondo/

Avec ce nouvel album « Symbiosis » c’est à l’univers de Brahms qu’il rend hommage ; écrire, improviser, s’en inspirer lui a semblé aller de soi.

Pour cela il s’est entouré de Jonathan Cayer au piano, Rémi-Jean Leblanc à la contrebasse et Louis-Vincent Hamel à la batterie, des complices de longue date. Sept compositions originales pour cet album qu’on pourrait qualifier de cool-jazz.

On démarre avec la pureté du sax soprano dans la courte pièce « Prélude » avec juste le piano en contrepoint. La « Danse Magyare » rassemble ensuite le quartet , le jazz y est bien présent avec liberté et lumière. Dans « De Hambourg à Vienne » les connaisseurs de Brahms reconnaîtront une inspiration du deuxième mouvement de la symphonie n°2 et dans « Contrepoint pour Johannes » du second mouvement de la symphonie n°4 ; les autres apprécieront certainement la délicate suavité du sax ténor pour le premier titre et la verve du soprano et de la rythmique pour le second. Improvisateur lyrique, Yannick Rieu joue avec l’esthétique de Brahms avec jubilation.

Pur cool-jazz de club avec « A Fairy Tale », originale « Valse à 4 temps » tirant vers le blues, pleine de nuances, de surprises. « Embrahms-moi » nous enveloppe de sa douce mélodie joyeuse et accrocheuse que survole le soprano, une réelle beauté.

Dans la jacquette du disque, l’écrivain Sylvain Péan conclut sa présentation en écrivant « En somme avec Yannick Rieu,il faut s’attendre à l’inattendu » ; rien à ajouter.

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http://yannickrieu.com