Par Dom Imonk

Parue le 01 janvier 2015 dans la Gazette Bleue N° 8

horny tonky

Nicolas Folmer n’a pas encore la quarantaine, mais ça fait déjà vingt ans qu’il est sorti du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, diplômé d’un premier prix de trompette. Depuis, nombre d’autres distinctions l’ont honoré, comme en 2005 où il a obtenu un Django d’Or et une Victoire de la Musique. En 1996, il co-fonde « NoJazz », collectif tendance electro-jazz-funk (premier disque en 2002, enregistré à New-York et produit par Teo Macero en personne!). Puis en 2000, le « Paris Jazz Big Band » suivra, ambitieuse formation, forte d’une poignée d’albums reconnus. En 1997, il entre dans l’Orchestre National de Jazz. Il connait aussi plusieurs collaborations avec des huiles aux styles très différents, de Wynton Marsalis à Claude Nougaro en passant par George Russell, Johnny Griffin, et autre Richard Galliano, mais la liste est longue. Ses interventions en tant qu’enseignant et directeur artistique de certains festivals n’ont fait qu’accroître sa renommée. En 2004, premier album sous son nom, « I comme Icare » est récompensé comme il se doit. Cinq albums suivront (dont l’un avec le grand Bob Mintzer en 2010), chacun dans les styles aventureux qu’il aime. En particulier le tout récent « Sphere » (2014), où se joue une musique d’exception, portée par de prestigieux invités, Daniel Humair, Dave Liebman et Michel Portal, et qui reçoit un accueil unanime de la presse. Outre le fait d’être l’un des meilleurs trompettistes actuels, Nicolas Folmer est un fin compositeur, dont l’écriture est respectée.
Si le temps n’a pas d’effet sur Nicolas Folmer, lui a une certaine emprise sur le tempo, et son nouvel album « Horny Tonky » le prouve ardemment. On est loin du « NoJazz » des débuts, et c’est en direction des US que tournent nos têtes. Première moitié des seventies, Miles Davis électro-funkise son jazz en mode Sly Stone. D’autres trompettistes suivent ce mouvement, Eddie Henderson, Donald Byrd, et même Freddie Hubbard et Woody Shaw! La jeune garde n’est pas en reste, notamment les Brecker Brothers et quelques autres.
« Horny Tonky » se situe dans ce genre de fournaise, avec son et groove du 21° siècle. Nicolas Folmer a été piqué par la mouche du jazz-rock-funk. Album dynamite, bourré d’un groove festif, avec même des inserts carrément rock par moment. On ne va pas tout détailler, mais sachez que de « Horny Tonky » à « Psychedelic », en passant par « « Kiss Kiss Bang Bang », « Walk on the bar » et « Read between the lines », vous allez vous prendre de sacrées décharges qui vont faire bouger vos gambettes et vous pousser irrésistiblement sur les dancefloors.
Question groupe, Nicolas Folmer a tapé dans le mille. Lui assure brillamment la trompette, les compositions, les arrangements et le wurtlizer sur deux morceaux. Thomas Coeuriot (guitare) et Laurent Coulondre (claviers) sont indispensables au groove et nous époustouflent, que ce soit en chorus ou en accompagnement. Même chose pour Laurent Vernerey (basse) qui avec ses lignes internes se faufile un peu partout. On l’entend avec les oreilles mais on l’écoute avec le ventre. Quant’ à Damien Schmitt (batterie), on est plus que ravi de le retrouver. Son drive est hallucinant de précision et de puissance. C’est définitivement le Monsieur batterie-jazz-funk du ministère du groove français, rien moins !
Quand vous saurez qu’en plus, les invités sont Rosario Giuliani (sax alto), Stéphane Guillaume (sax alto & ténor), Daniel Zimmerman (trombone), Frédéric Couderc (sax bariton & ténor, flûte basse), Joël Chausse (trompette) et Didier Huot (french horn), alors vous n’hésiterez plus très longtemps, cet « Horny Tonky » est fait pour vous !

Dom Imonk

http://www.nicolasfolmer.com/

Cristal Records – CR 230