VINCENT PEIRANI – « JOKERS »
OVNI
Chronique de Martine Omiécinski le 30 mars 2022
Vincent PEIRANI : accordéon, accordina, clarinette, boîte à musique, glockenspiel et voix
Federico CASAGRANDE : guitare
Ziv RAVITZ : Batterie et claviers
Comment présenter Vincent PEIRANI et son instrument favori sinon en disant qu’il y avait l’accordéon et qu’il y a l’accordéon joué par Vincent PEIRANI : une proposition de jeu unique.
Biberonné à la musique classique par laquelle il a commencé l’accordéon, il a ensuite décidé de jouer sur les morceaux qu’il écoutait à l’adolescence comme DEEP PURPLE par exemple.
Il a obtenu 3 Victoires du jazz en 2014, 2015 et 2019 (album Night walker ») et a brillamment collaboré notamment avec Michel PORTAL, Emile PARISIEN ou François SALQUE, également éminants pourchasseurs de nouveaux sons.
Ses sonorités très spécifiques, tour à tour très recherchées et très populaires lui ont permis de se faire une place de choix dans la grande galaxie jazz où l’accordéon n’était pas très courant.
Ses rencontres de musiciens flamenco, hip-hop ou électro l’ont influencé dans sa recherche permanente d’apports sonores innovants (en jazz) lui ont permis de maturer pendant le confinement ce nouvel album.
Sur ce disque « Jokers », il s’est entouré de Federico CASAGRANDE, guitariste italien vivant à Paris (collaborations avec Enrico PIERANUNZI et Roberto NEGRO notamment), et de Ziv RAVITZ, batteur israélien et maître rythmique, membre du SHAI MAESTRO Trio (collaborations avec Avishai COHEN et Yaron HERMAN).
A propos de rythmique, la particularité de ce trio atypique (accordéon, guitare, batterie) est de pouvoir prendre le leadership chacun son tour sur elle comme le « Joker » des jeux de cartes d’où le titre de l’album : « JOKERS ».
Le trio joue ensemble depuis quelques années, il y a eu d’abord des concerts puis le disque est né : 4 compositions de Vincent PEIRANI, 1 de Federico CASAGRANDE et 4 reprises très revisitées qui font le grand écart de la ballade italienne au hard rock (à l’accordéon version PEIRANI !).
Les atmosphères très éclectiques, au-delà des sonorités, se révèlent pour la plupart très visuelles, comme dans un bon film italien !
Retenons :
- Parmi les compositions de Vincent PEIRANI :
- « Salsa Fake » : Proposition aux nombreuses variations de tempo, à la sauce Vincent : après une entame « classique » à l’accordéon comme une chanson populaire, le duo guitare (Federico)/batterie (Ziv) prend le pas puis tout s’affole avec brio et laisse place à un final en douceur.
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- « Les larmes de Syr » : Un de mes morceaux préférés, une émouvante mélodie toute en finesse (évoquant sans doute les larmes de la vierge de Syracuse) avec un très bel équilibre du jeu tout en retenue des
3 instrumentistes dont le batteur Ziv RAVITZ.
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- « Circus of light » : Pour l’ambiance à la Nino Rota, au cirque, à l’enfance, grâce aux apports sonores de boites à musique, voix d’enfants, et de l’accordina (instrument à vent avec anches)
- L’oeuvre de Federico CASAGRANDE
- « Twilight » : Pour les phrasés lyriques évoquant le crépuscule, pour l’étendue des propositions à la guitare de Federico CASAGRANDE.
- Parmi les reprises :
- « This is the new shit » morceau de hard rock de Brian WARNER alias Marylin MANSON revu par Vincent. Il est placé en premier sur l’album annonçant ainsi la couleur : attention ça va décoiffer ! L’entame « boite à musique » en intro nous cueille en douceur pour nous plonger tout d’un coup dans ce morceau très rock ; bravo pour la rythmique imparable et l’accordéon se calant dessus comme si cet instrument coulait de source sur ce type de musique : surprenant et bluffant !
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- « River » morceau de pop/folk de Sarah Grace MC LAUGHLIN alias Bishop Briggs. Pour la mélodie facile à retenir sur laquelle les 3 compères multiplient les ajouts : des accents reggae (apport intéressant de Ziv RAVITZ, des voix (des 3), des riffs très rock de guitare (Federico CASAGRANDE), pour Vincent PEIRANI très à l’aise à rendre l’ambiance folk.
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- « Ninna Nanna » du musicien Federico ALAGNA : pour l’ambiance à la « Ennio MORICONE » reconstituée à l’accordina, à l’accordéon, au métallophone ; pour la maitrise absolue de la sensibilité apportée par les 3 musiciens.
Bref, après un premier mouvement de surprise concernant les enchaînements des morceaux allant du plus rock à la douce complainte, la deuxième écoute nous embarque complètement grâce à l’inventivité et au brio de Vincent, Federico et Ziv !
Label « Yes les Guyzz » – Sortie 25 mars 2022