SYLVAIN CATHALA QUINTET – « POETRY OF STORMS »

Label Le TRITON – sortie 28 janvier 2022

OVNI !

Chronique de Martine Omiécinski le 09 Avril 2022

Sylvain CATHALA : Saxophone ténor et compositions, Olivier LAISNEY : Trompette, Benjamin MOUSSAY : Piano, Frédéric CHIFFOLEAU : Contrebasse, Maxime ZAMPIERI : Batterie

Sylvain CATHALA, est un saxophoniste et compositeur connu depuis 1996 avec le quartet PRINT. Il est à l’origine de plusieurs formations, du trio au septet, dont les productions ont été récompensées par presses et radios musicales françaises et européennes ainsi notamment que par un prix de composition au 21ème concours national de jazz de La Défense.

Pour cet album avec un nouveau quintet, il s’est entouré de musiciens habitués de la « jazzosphère » européenne : le trompettiste Olivier LAISNEY que l’on a entendu avec Laurent CUGNY ou encore MAGIC MALIK, le pianiste Benjamin MOUSSAY qui joue aussi avec Louis SCLAVIS ou Arielle BESSON, le contrebassiste Frédéric CHIFFOLEAU entendu avec Médéric COLLIGNON ou encore Yoann LOUSTALOT, et enfin le batteur Maxime ZAMPIERI rencontré aussi avec MAGIC MALIK, Bojan Z ou Ibrahim MAALOUF.

Outre la belle présence des musiciens, c’est la qualité et l’originalité des compositions qui frappent, la manière dont Sylvain CATHALA chamboule, étire et distend les tempos, avec des moments d’urgence puis de calme, d’anxiété puis de certitude….comme les éléments astraux, atmosphériques ou identitaires évoqués dans les titres de ce CD.

Chaque nouvelle écoute conforte dans cette impression d’unicité des compositions et du jeu très libre des interprètes.

Je reviens sur mon propos, pardon d’insister mais la cinquième écoute m’a, à nouveau, terrassée ! Impossible de faire des choix entre les 8 morceaux, ils sont tous aboutis, je vous promets de faire un effort pour ne mentionner que ce qui me semble le plus pertinent.

« Centaurus A » : Entame au sax ténor de Sylvain CATHALA qui impulse ces ruptures de rythmes, la batterie de Maxime ZAMPIERI et la contrebasse de Frédéric CHIFFOLEAU y répondent tout en groovant.

Enée’s story » : Beau son à nouveau de Frédéric CHIFFOLEAU son jeu se coule sur celui du piano tout en finesse de Benjamin MOUSSAY, la trompette d’Olivier LAISNEY nous raconte brillamment l’épopée « hachée » d’Enée, comme les variations de tempo, par les obstacles qui finira par traverser la Méditerranée

« Sirius Song » : Beau duo trompette/piano puis sur une rythmique très présente s’échappe d’abord doucement puis en impro les volutes du ténor de Sylvain.

« W.I.C. » pour « Winter Is Coming » : Les cuivres impriment l’urgence ou annoncent le déchainement des éléments, c’est agité, le tempo est vif ; un long solo de batterie de

Maxime ZAMPIERI confirme l’imminence du choc. Et là, un presque tranquille solo de piano de Benjamin MOUSSAY vient calmer le jeu !

« Laniakea » : Pour illustrer ce super amas de galaxies, un morceau brillant s’impose : une contrebasse particulièrement créative et efficace et sur le lit du piano, un saxophone éloquent, une trompette en écho avec des passages très « free » …un vrai plaisir !

« Study 5 » : Urgence et groove à la fois avec un magnifique solo de piano, les impros sont toujours plus libres, les cuivres dérapent….en « décalharmonie »…C’est super !

« My strong identity, my real self 2 » : Ce morceau a ma préférence avec « Laniakea ». Même si on ne connaît pas Sylvain CATHALA, l’individu, on devine à cette composition (complexe) et à sa façon de jouer (débridée) qu’il est un mélange d’eau et de feu.

Après une entame toute en douceur contrebasse (Frédéric) / saxo langoureux, tout bascule : la rythmique devient saccadée, répétitive mais innovante (dont Maxime à la batterie), puis le piano ruisselle doucement en contraste avec les cuivres en totale roue libre (Sylvain et Olivier). C’est éclatant de brio !

« Line 2 » : Le morceau final sublime la trompette d’Olivier LAISNEY.

Si je résume : les phrasés, les ruptures de tempo distillées dans cette œuvre ainsi que la créativité de chaque membre du quintet dans son jeu personnel et collectif donnent une couleur et une densité très particulières à cet album à déguster sans modération.

Nous espérons des « live » durant l’été des festivals par exemple !!!