par Philippe Desmond
Pub Mira, la Teste de Buch le 6 décembre 2021.
Après les Marseillais à Miami ou en Thaïlande voilà les Bayonnais au Bassin d’Arcachon, sauf que là c’est d’un tout autre niveau ! Intellectuel et musical. Le Swingin’ Bayonne donc en concert Pub Mira de la Teste de Buch. Le jazz y a table ouverte les premier et dernier lundis du mois.
Nous voilà donc un lundi soir en route vers le Bassin pendant que des annonces pessimistes et de durcissement sanitaire sont diffusées par le gouvernement… Cette affaire ne finira donc jamais ?
Le lieu, que nous découvrons à Action Jazz, est magnifique vaste, décoré avec goût et originalité, une vraie scène avec plateau technique intégré, des sunlights à demeure, une sono de grande qualité et bien sûr de la bonne bière – le pub est mitoyen de la brasserie du même nom – et des burgers énormes ! Les musiques y sont les bienvenues, de la pop au jazz.
Le Swingin’ Bayonne est un trio classique du jazz avec Arnaud Labastie au piano – aussi directeur de l’école de musique de Tarnos et du festival de jazz de cette ville – Patrick Quillard à la contrebasse et Jean Duverdier à la batterie. Ce dernier est également un dessinateur caricaturiste réputé. Du jazz de qualité à la portée de tous, c’est à souligner.
Ce trio ne compose pas mais reprend des standards ou des titres de jazz ou autres, en proposant souvent des arrangements originaux. Voilà « There is no greater love » pour commencer tranquillement puis une reprise shuffle de « Georgia on my mind » alors que la salle se remplit, étonnant pour un lundi soir, tant mieux. Le trio se connaît depuis longtemps, il fonctionne à merveille. Surprise avec ce titre de Jean-Jacques Debout, le générique du dessin animé Capitaine Flam métamorphosé par la verve de ces trois grands enfants, confirmant que le jazz peut tout se permettre ! Le « Blue minor » de Sonny Clark, « Me and my baby » d’Horace Silver soulignent l’influence forte du pianiste qu’est Arnaud Labastie sur le choix des titres . Et ce n’est qu’un début, après la pause c’est Oscar Peterson qui sera évoqué avec « Easy does it » puis bien sûr Monty Alexander le favori d’Arnaud. D’abord avec le sublime « The River » et plus tard « Fungii Mama » réclamé à corps et à cris par une admiratrice du trio et que celui-ci ne jouait plus depuis longtemps. Qu’à cela ne tienne, quelques secondes de mise au point et revoilà le titre qui leur remonte au bout des doigts, du jazz ! Intermède pop soul avec « Isn’t she lovely » de Stevie Wonder qui figure sur l’album du groupe, une bossa nova et enfin le morceau de bravoure du trio qu’on trouve aussi sur le CD, le medley autour du « Montreux Alexander ».
Si une partie du public est présente pour le jazz, comme nos amis du dynamique Hot Club du Bassin d’Arcachon, Bernard Jouan en tête, les autres sont là pour des raisons plus terre à terre, liquides et solides et le trio va réussir à les attraper, à les faire chantonner même sur « Feelings ». Ambiance club ici, disons animée et loin d’être attentive et qui n’a nullement gêné nos trois musiciens, suffisamment sonorisés et aguerris pour ne pas se laisser impressionner. Les solos de pianos, de contrebasse même et bien sûr les chorus explosifs de batterie ont trouvé leur place sans aucun problème. Mais attention pour les groupes plus intimistes qui voudraient se frotter à cette salle…
Nous on s’est régalé !
https://www.jean-duverdier.com/jazz/
