Concert conférence : l’histoire du banjo par Stéphane Borde

Par Philippe Desmond

Bibilothèque Mériadeck, Bordeaux le mardi 14 novembre 2023.

On croit tout savoir sur le banjo, ce « petit » instrument associé au jazz. Quand on assiste à la conférence concert de Stéphane Borde on se rend compte qu’on ne savait finalement pas grand-chose.

C’est la Bibliothèque Mériadeck de Bordeaux qui suite à un concert il y a quelques mois lui a proposé de monter ce projet. C’était donc la première fois que Stéphane Borde le présentait en public ? Jour de semaine, un mardi, horaire matinal, 10h30, donc pas beaucoup ni de jeunes ni d’actifs si vous voyez ce que je veux dire, votre serviteur en tête. Mais assez de monde.

Stéphane Borde est venu avec Armonia Serrano chanteuse et clarinettiste, le banjo restant toujours l’instrument rythmique que l’on connaît.

Des origines floues, africaines, romaines, préhistoriques même jusqu’aux aux temps modernes et aux différentes versions, 4, 5 ou 6 cordes, que de choses à raconter. Certes le Kalam africain, d’origine Wolof a inspiré les esclaves quand ils ont fabriqué leurs instruments dans les plantations ou pourtant leur présence étaient interdites, surtout les percussions ; la loi les interdisait pour, je cite, « empêcher les esclaves de s’appeler à des fins de malfaisance ».

Avec les moyens du bord les Noirs ont commencé à fabriquer des banjos, à partir de calebasses, de boîtes de conserve, une peau tendue dessus comme pour le Kalam, de chien, de chat ou mieux de veau mort né, des cordes en boyaux de chats, un manche en bois, des chevilles pour bloquer les cordes.

Un tournant s’est alors produit, le braconnage culturel des Blancs qui se sont approprié cet instrument amusant pour eux, notamment lors des spectacles de Minstrels, ou grimés en Noirs il les singaient devant des auditoires bienveillants. Les Noirs ont ainsi peu à peu rejeté le banjo et cet instrument n’est quasiment plus joué par cette communauté.

Le banjo est passé au jazz avec le Dixieland, au Blue Grass avec des communautés blanches migrées en quasi autarcie dans les Apalaches (on entendra le « Duelling Banjos » de Délivrance qui s’y déroule) , à la Country Music et a fini par tomber en désuétude devant la guitare amplifiée.

Son renouveau dans le jazz dit New Orleans date des années 50 et nous explique Stéphane Borde le banjo, la plupart du temps, n’a pas joué de jazz mais d’autres musiques.

Court résumé de ce que nous avons appris lors de cette conférence où la musique a été très présente avec des illustrations comme « Tiger Rag », « Avallon », « I can’t give you anything but love », « Bei Mir Bistu Shein », « Oh when the Saints »… La clarinette, le chant et les scats d’Armonia Serrano ont permis à Stéphane Borde de montrer les qualités rythmiques du banjo mais pas seulement, les chorus dynamiques étant toujours appréciés.

Un spectacle illustré de photos de vidéos musicales et de musique vivante, idéal pour les médiathèques.

Pour aller plus loin l’ouvrage de Nicolas Bardinet, toujours disponible.