PNY Quintet – Over The Wall
Par François Laroulandie
Chez « ROGUEART »
Lieu privilégié de rencontres avant-gardistes entre compositeurs et improvisateurs nord-américains et européens, le label français « ROGUEART » a sorti un nouvel album en 2024 ; le PNY QUINTET s’inscrit ainsi dans la lignée des échanges fructueux entre ces deux places incontournables du jazz créatif que sont Paris et New York depuis les années 70.
Un quintet éphémère qui réunit pour l’occasion le tromboniste Steve Swell, le saxophoniste Rob Brown à l’alto, tous deux figures incontournables de la scène free à New York depuis les années quatre-vingt ; le flûtiste français Michel Edelin, instrumentiste d’exception, autodidacte qui s’est fait connaître avec le groupe Triode en 1972, expérimentateur de rencontres musicales à la discographie riche et variée ; le contrebassiste Peter Giron, accompagnateur hors pair entre autres de Luther Allison ou Archie Shepp ; le batteur John Betsch, qui fut le batteur attitré de Steve Lacy, ces deux derniers étant des habitués des clubs parisiens depuis plus de trente ans.
« Over the wall », par-dessus le mur, titre de ce disque à la présentation élégante (Max Schoendorff), promet une expérience riche et originale. Dès la première écoute, la complicité et la joie d’être ensemble des cinq instrumentistes nous saute aux oreilles ; une œuvre collective à laquelle chacun a contribué en signant ces compositions originales qui ménagent des espaces d’expression personnelle. Une formation qui transcende également les frontières, tisse des liens entre courants free ou be-bop et les racines historiques de la Nouvelle Orléans, exprime avec bonheur le langage universel du jazz.
« Dances with questions » donne le ton de ce disque ; les cuivres à l’unisson distillent une énergie percutante, soutenus par une rythmique sans faille.
Dans « Hop, Skip and Jump », nous sommes envoûtés par la flûte de Michel Edelin aux envolées lyriques qui vient tempérer la fougue du couple alto, trombone, ce dernier nous offrant un superbe solo aux accents swing.
« Dawn » est une impro collective ; des chorus aux cuivres magnifiques en apesanteur, la flûte introduisant la sérénité dans un souffle suspendu.
« Chance Upon » offre un envoûtant solo de Steve Swell au trombone soutenu par la basse véloce de Peter Giron.
« Nexus », une composition de Rob Brown toute en reliefs avec un superbe solo de contrebasse.
« Fauns and Wizards » propose une belle ligne mélodique jouée par Michel Edelin entouré par ses acolytes en jeux libres, une belle démonstration de complicité.
« New Orleans », thème aux accents swing, un clin d’œil aux racines du jazz tissant des liens avec une modernité de jeu.
« Over the Wall », œuvre collective jouant entre dissonances des cuivres et flûte mélodique, avec un final tout en feulements ténus des souffleurs.
Dans « Round Trip », annoncé par les cymbales de John Betsch, un dialogue complice entre sax, trombone, flûte tout en empathie aux accents free.
« Prévert is Now », ce sont sept minutes vingt de bonheur ; un morceau d’anthologie dans lequel la cohésion et la complémentarité des cinq musiciens s’exprime pleinement, qui nous offre de superbes solos tout en légèreté.
« For Frank Lowe », une belle composition de Steve Swell en hommage au saxophoniste avant-gardiste américain décédé en 2003.
« Dusk », final en respiration, la texture de l’instrument perceptible dans le souffle ténu, bruitages percussifs qui s’évanouissent en douceur.
Un superbe album donc, une œuvre totale à la prise de son exemplaire de Maïkol Seminatore au studio Sextan de Malakoff, démonstration de complicité, de virtuosité, de fougue et de sensibilité que les amoureux d’un jazz libre apprécieront. A écouter sans modération.
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https://rogueart1.bandcamp.com/album/over-the-wall
