par Philippe Desmond.
Bonnetan (33), dimanche 13 juin 2021.
C’est la reprise, c’est même la frénésie de la reprise. Ce deuxième week-end de juin il n’y avait pas moins de 3 festivals de jazz en Gironde ! Le traditionnel festival Jazz 360 (lire la Gazette Bleue) organisé par l’association du même nom et la Communauté de Communes des Portes de l’Entre-deux-Mers, le nouvel événement Les Grands Espaces organisé par le label Laborie Jazz (Gazette Bleue aussi) et la CdC de Blaye, ainsi que Jazz sur les Coteaux organisé par la CdC des Coteaux du Bordelais. Amusant et étonnant à chaque présentation de concert quand l’organisateur remercie la CdC ; mais que vient faire AC/DC dans un festival de jazz ? Remarquez que maintenant tout est possible…
Evidemment les fenêtres de tirs se sont resserrées avec les diverses mesures sanitaires et tout le monde dégaine en même temps ! Espérons que dans le futur la concurrence – bien involontaire – ne sera pas aussi rude et qu’une concertation aura lieu.
La tenue de ce dernier festival nous avait d’ailleurs échappé – c’est pourtant à 10 minutes de chez moi – et c’est grâce à la communication sur les réseaux sociaux du dernier groupe, programmé le dimanche, que j’ai pu ne pas rater le final, réalisant cet après-midi là que ce concert était le troisième du week-end… J’ai transmis le message aux valeureux organisateurs pour qu’ils utilisent (comme vous) l’agenda d’Action Jazz en libre accès sur ce blog.
On a donc raté Rix & Wonderland vendredi soir à Carignan, du soul-jazz de George Benson à Prince, et le Denis Girault Old Jazz quartet à Camarsac le samedi.
En cet après-midi caniculaire du dimanche, je laisse un Grec et un Serbe en découdre sur la terre ocre pour me rendre à Bonnetan, petit village voisin où dans le Foyer Rural – autre époque – va se dérouler le concert de Pirate, leur tout premier ! Nous avions parlé d’eux dans ce blog en juillet dernier alors qu’ils travaillaient ce projet. L’idée, faire revivre le quartet de John Scofield et Joe Lovano. Créé dans les années 2000 par le guitariste et le saxophoniste il a évolué avec des bassistes et batteurs différents ; Dave Holland et Al Foster au départ, rien que ça.
Ici la guitare est tenue par Christophe Maroye qui connaît et restitue parfaitement le son Scofield, le sax ténor par Pascal Faidy très à l’aise dans les habits de Joe, la contrebasse par l’indispensable Nolwenn Leizour et la batterie par l’inusable Philippe Valentine ; du très bon aussi.
Répertoire électrique donc avec cette syncope caractéristique des compositions de John Scofield ainsi que ces tournes de contrebasse obsédantes. Là-dessus les chorus de guitare et de sax ténor peuvent gambader ce dont les lascars ne vont pas se priver, ils vont nous régaler. Le Foyer Rural, peu adapté à ce genre de musique amplifiée, a tremblé, la batterie puissante sans pour autant forcer, obligeant le sonorisateur à monter le volume des autres. On a ainsi vu des gens fuir – très peu – pas habitués à ce volume et peut-être aussi déroutés par la musique, surtout s’il étaient venus revivre la soirée New Orleans de la veille.
C’est vrai que le son était compliqué, mais comment faire autrement ? Ajouté à la chaleur de sauna du lieu, public et musiciens ont eu leur mérite récompensé par la prestation, l’ovation finale et le rappel énergiquement demandé ont confirmé la qualité du concert.
Personnellement j’adore ce répertoire, ce style immédiatement caractéristique très bien restitué par Pirate. Et tant mieux, j’aurai bientôt la chance de revoir le quartet, cette fois en plein air le samedi 10 juillet à 21 h au festival de Capbreton. C’est gratuit, vous viendrez ?