Par : Carlos Olivera, Photo : Philippe Marzat
Le Rocher de Palmer, Cenon (33) le 20 avril 2018.
Rocher de Palmer, vendredi 20 avril 2018. C’est le concert de sortie de résidence du Youpi Quartet et de présentation de son album « No man’s land ». Mais c’est quoi le Youpi Quartet ? On pourrait le décrire comme un tourbillon de sons, d’idées et d’influences liés de façon presque magique par cette énergie qui naît de la volonté de faire les choses bien et dans la bonne humeur, ce qu’eux-mêmes appellent « le youpisme ». Et moi, après ce concert, je dois dire que je m’y suis converti.
C’est un vendredi où il fait beau, on est tous contents de revoir le soleil cette semaine, et le Salon de Musique du Rocher de Palmer est plein. 19h30, les lumières s’éteignent et les musiciens entrent sur scène. Un son de flûte de bois, chaud et accueillant, trouve son chemin entre la pénombre pour arriver au public et démarrer le concert. C’est la flûte bansuri d’Emilie Calmé, qui débute le morceau « Ibuni Dugu Ieio », premier titre de l’album, et en écoutant la sonorité de la flûte on a la sensation d’assister à un rituel qui nous fait voyager. Tout d’un coup on change de registre et on part sur le thème « Plagall Bolero », où la flûte et l’harmonica de Laurent Maur partent avec un rythme hypnotisant, soutenus derrière eux par la force rythmique de la batterie de Curtis Efoua et de la basse électrique d’Ouriel Ellert. Cette espèce de transe dans laquelle on est immergés est ensuite cassée par le solo d’harmonica, virtuose et mélodique, qui se déroule pendant quelques minutes sur ce morceau puissant, qui est un bon thermomètre de l’état d’esprit du groupe ce soir.
Si on me demande quelle est la particularité du Youpi Quartet, je répondrai que c’est le caractère personnel de chaque voix qui compose ce groupe. Chaque instrument est fort et joue dans un registre particulier, chaque instrument fait son propre chemin dans le groupe. Et comment trouver l’unité dans cette polyphonie qui compose le Youpi Quartet ? Cela est, à mon avis, la clé de la réussite de ce groupe, qui arrive à mélanger de façon naturelle toutes ces voix pour en créer une unique.
Mais revenons au concert. Les thèmes s’enchaînent. « Banlieue Macarel » et « Afrobeat évolutif » sont deux thèmes puissants, où la basse et la batterie sont à fond pour créer un mélange de rythmes qui se rapproche du drum n bass (ou du moins, c’est la sensation que j’en ai eue) tout en faisant « chanter » les instruments. On voit Ouriel « danser » sur ses pieds pour contrôler les pédales d’effet de sa basse et composer toutes ces couches sonores, et Curtis concentré sur les cymbales. De l’autre côté, l’harmonica et la flûte restent aussi dans une démarche rythmique, ce qui vient compléter un paysage sonore inattendu mais très réussi !
Et c’est quand même une sortie de résidence, donc on a le droit à plusieurs (5 ?) nouveaux thèmes qui d’une certaine façon sont dans la même lignée que les chansons de « No man’s land », mais bien sûr avec une touche fraîche. Les titres, « Café Turc » « Wood’s dream » ou « Harmonie » sont la promesse d’un prochain disque qu’on attend déjà avec impatience !
Mais comme disait un célèbre chanteur portoricain « todo tiene su final » et le concert arrive donc à sa fin. Le morceau « 7 suite » clôture le concert avec un superbe solo d’Emilie, lors duquel on voit Laurent et Ouriel se regarder et rigoler comme s’ils se disaient « elle est à fond sur son solo !! ». Les musiciens partent, mais ne vont pas très loin, car le public les rappelle ! Ils reviennent pour un dernier morceau appelé « Fresh ». Cette fois-ci c’est vraiment la fin du concert, mais dehors il fait encore beau et chaud et la musique nous a laissé cette sensation de bonheur. Le vendredi soir semble se prolonger éternellement…
Youoi Quartet :
Emily Calmé : flûtes et bansuri
Laurent Maur : harmonica
Ouriel Ellert : Basse électrique
Curtis Efoua : batterie