Madame : une sortie d’album éclatante !

 

Textes et photos Philippe Desmond

Cenon le vendredi 21 octobre 2022.

Un concert de sortie d’album est toujours un moment important et spécial pour des musiciens. Quand la salle est pleine et le public debout à la fin c’est une joie intense, une récompense.

Voilà ce qui s’est passé ce soir dans la salle Simone Signoret de cenon, un endroit que le groupe Madame connaît par cœur pour y travailler en résidence de temps en temps.

Madame, nous en avons déjà parlé dans ces colonnes, c’est l’extrapolation du Flora Estel Swingtet dans un répertoire personnel où le swing règne toujours en maître.

Madame, un nom choisi un peu par hasard, mais qui va si bien à Flora Estel lumineuse chanteuse du groupe qui a aussi écrit la plupart des textes ; l’amour ses bonheurs, ses déceptions en est le moteur. Flora sur scène attire la lumière, les photos, elle chante avec la voix bien sûr mais aussi les bras, le corps, elle danse. Traqueuse malgré des années de métier, elle paraît pourtant tellement naturelle sur scène, expliquant avec humour les chansons qu’elle va interpréter ; et oui elle chante en anglais au grand dam d’une bonne partie de la salle.

Son complice Fabrice Camélio est ce soir arrivé d’un habit de lumière, un costume blanc qui contraste avec le noir laqué du piano, un beau, un vrai, ce n’est pas toujours le cas malheureusement.

C’est lui qui a composé la quasi intégralité des musiques et on pourrait presque remercier les confinements de lui avoir permis de trouver enfin du temps pour le faire. Les fidèles complices sont bien sûr présents, Thierry Oudin à la batterie, Aurélien Gody à la contrebasse et à la basse ainsi qu’Eddie Dhaini à la guitare. Jérôme Dubois, au bugle ou à la trompette, s’est joint à eux pour quelques titres mais c’est lui qui a assuré le mixage l’album.

L’entrée en matière délivre aussitôt un swing enjoué, la voix de Flora et la musique s’accordant avec fluidité et aisance. Dialogues avec le piano, la guitare, relances toniques de l’orchestre, une affaire qui tourne ! Et elle, radieuse qui bouge si bien.

Un concert de sortie d’album s’est souvent l’occasion de faire des surprises au public, on va être gâté. Un jeune batteur vient remplacer un moment Thierry dont la finesse aux baguettes et surtout aux balais est remarquable, il se prénomme Lilian Camélio, plein de fougue et d’énergie ; la musique il connait, il l’a toujours entendue depuis sa naissance dans le foyer de Flora et Fabrice. La famille mais aussi les amis. Trois copains se sont connus au lycée et qui des années plus tard on formé Les Vieux Briscard du Blues ; ainsi Cadijo et Raoul Ficel rejoignent leur vieux pote Fabrice et le groupe pour un coup de blues loin d’en être un, la fête ! Raoul offre même un titre de Madame en solo, voix guitare, très beau.

L’album a été enregistré à la Tannerie à Agen. Le jeune fils du lieu, pianiste, a flashé sur un titre l’envivrante « Valsounette » il est ici ce soir pour nous en donner sa version. Un véritable concerto classique, virtuose, nuancé ou énergique. Remarquable ! Son nom ? Marc-Olivier Poingt pianiste de…jazz avec son trio qui tourne pas mal de concerts en festivals. Un nom à suivre de très près.

Tous ces artistes invités on peut les retrouver sur le bonus en ligne de l’album, une vraie bonne idée qui en plus peut s’étoffer au fil de l’eau. Un album mais aussi complété par un très élégant livre conçu par le graphiste Alain Chasseuil fourni en photos, dessins ainsi que les textes et leur traduction ! Merci !

Le concert avance plein de swing, d’émotion, de fantaisie. Eddie discret visuellement se rattrape musicalement, quel joli guitariste. Aurélien est lui aussi à l’aise à la contrebasse qu’à la basse électrique, pilier indispensable.

Quelques reprises viennent étoffer le répertoire, le « Gravy Waltz » que Nougaro a repris les mains dans la farine, « Bang bang » arrivé chez nous quand j’étais enfant grâce (?) à une chanteuse à couettes ; c’est une si belle chanson !

Rappel bien sûr, deux titres même, « Voodoo Time «  et son ambiance New Orleans ainsi que l’inévitable « Valsounette » histoire de nous la fixer dans la tête pour quelques heures, ce qui ma foi est très agréable !

Voilà un album bien lancé, qu’il vive longtemps et qu’il se joue le plus possible sur scène.

Site Webhttps://www.floraestel.fr/

Chronique de l’albumhttps://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/madame/

Galerie photos :