L’Extra Bal de Pascal Lamige

Voyage festif en première classe !

par Philippe Desmond, photos Géraldine Gilleron et David Bert

Pôle Culturel Evasion d’Ambarès

En 2013 Pascal Lamige avait travaillé un projet qui pour diverses raisons avait peu tourné. Onze ans plus tard, après avoir mené une vie et d’autres projets dans tous les sens, un peu comme une boule de flipper, le voilà qui obtient une extra ball et qu’il relance la partie avec cet Extra Bal.

Pascal Lamige accordéoniste, compositeur, a écouté, aimé toutes les musiques. Certes, jeune, il était un peu chambré par ses copains à cause de la réputation ringarde de son instrument mais pourtant il écoutait lui aussi du rock, du brutal avec AC/DC au progressif avec Pink Floyd. Depuis, tant mieux, l’accordéon est revenu en force et en grâce dans le jazz et d’autres musiques *.

Personnellement je l’ai rencontré la première fois en 2010 autour de son spectacle « Rave Musette » où il évoquait les bals clandestins qui se déroulaient discrètement pendant la sinistre Occupation. Il avait personnalisé le spectacle dans chaque commune où il jouait en recueillant les témoignages de celles et ceux qui avaient connu ces bals et en les faisant intervenir avec lui et ses musiciens sur scène. Ma mère qui née en 1920 avait fréquenté ces soirées clandestines et risquées, y avait participé et nous avions de suite sympathisé avec ce musicien, citoyen engagé et humaniste ; bavard et plein d’humour aussi !

Connaissant le personnage et l’artiste j’étais donc impatient de découvrir ce nouveau projet, pour le moins métissé, dans l’espace, le monde en l’occurrence et dans le temps, naguère et aujourd’hui.

En plus Pascal s’est entouré d’une nouvelle équipe dont je connais bien et apprécie les membres, ceux-ci évoluant dans le paysage jazz mais aussi dans le rock, la world music, le flamenco… A la guitare Christophe Maroye, à la basse Patrice Feugas, à la batterie Stéphane Desplat, à le violon (comme dit Pascal) Nicolas Frossard. Des pointures.

Pascal Lamige nous présente le concert comme un voyage en première classe dont il est le chef de l’agence ; on ne va pas être déçu… du voyage.

On embarque avec le passeport de son collègue Marc Perrone et « Esperanza » dont la version originale s’ouvre avec le démarrage d’un train à vapeur ; pas de locomotive ici, sinon l’accordéon qui entraîne prestement le reste du groupe. D’ailleurs ça chorusse déjà au violon et à la basse, le voyage est lancé sur cette ronde gaie. On avance vite, nous retrouvant du côté des Antilles avec un air de biguine dans laquelle Christophe Maroye nous offre un solo de sa belle Gibson Lucille. Retour immédiat en Europe avec une valse-swing composée par Nicolas Frossard avant un titre de Pascal, aux influences brésiliennes, composé pendant ce foutu Covid et malicieusement baptisé « Chloroquina »…

Que ce groupe joue bien, quelle cohésion ! On va en avoir une autre démonstration avec cette ronde québécoise « l’Acadienne » dont le tempo ne va cesser d’accélérer jusqu’au climax final qui traverse le public. Époustouflant !

Ce spectacle c’est aussi de la vidéo mais pas seulement des illustrations, un travail de fourmi de Pascal Lamige qui a accordé méticuleusement ses montages d’images avec sa musique et réciproquement. La java « C’est la vraie de vraie » sur des images du film de 1934 Zouzou, où l’on aperçoit Gabin et Joséphine Baker, son « Adelino’s tango » hommage à son premier professeur d’accordéon et qui finit en rock avec de magnifiques images de danse, sa chanson de marins parfaitement synchro avec un montage des films sur le Bounty (avec Brando et Mel Gibson) en sont les parfaites illustrations si je peux dire. Remarquable.

On va entendre « Indifférence » de Tony Murena devenue standard, la compo «Thank you Marcel», Azzola bien sûr, celui qui a réconcilié jazz et musette. On aura même droit à un solo de batterie impromptu à la demande du patron, Stéphane n’étant pas au courant qu’il devait le faire ; bavard et facétieux ce Pascal Lamige !

« La foule » de Piaf, un air scottish « Hip hip hip scottish » du nom de sa chienne chérie disparue, un thème extrait de Rave Musette et pour finir, tout en poésie «Je chante pour passer le temps» (Aragon chanté par Léo Ferré). Pour passer le temps peut-être Pascal mais surtout pour nous faire passer du bon temps.

Un spectacle complet, varié, festif et émouvant où jazz, tango, musette, chansons populaires, des îles, traditionnels et autres se croisent, s’entremêlent, se fondent ; plus de barrières de styles, de la musique servie par des musiciens remarquables. Un vrai bonheur ce concert.

Tout cela offert par la Ville d’Ambarès dont l’Espace Culturel Evasion (bravo à toute l’équipe) a ce soir porté si bien son nom ; chapeau ! https://evasion.ambaresetlagrave.fr/

* lien vers l’article consacré à Maxime Barbeau qui entretient les accordéons de Pascal Lamige :
https://lagazettebleuedactionjazz.fr/en-visite-chez-monsieur-accordeon/

Galerie photos de David :

A droite c’est Géraldine notre photographe qui a lancé le bal !

Galerie photos de Géraldine :

Vidéo :