par Philippe Desmond.

Le Salem, le Haillan jeudi 13 décembre 2018.

Dans le milieu du jazz qui ne connaît pas Chélima, pour ses qualités d’organisatrice, d’accueil, de facilitatrice, mais qui connaît l’artiste, la chanteuse, la compositrice ? Certes un peu en marge de ce qu’on appelle le jazz mais avec quand même un pied dedans. On peut ainsi parler de cocktail, une bonne dose de reggae et de soul, de grosses rasades de blues, un trait de chansons, secouez, servez et arrosez de jazz. Sans modération !

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Elle termine sa tournée commencée en mars à Londres et qui a vu le groupe jouer, en France, beaucoup en Espagne cet automne et au Sunset l’avant-veille. Le groupe, parlons-en justement, je dis souvent que la qualité d’un artiste se voit aux musiciens qui l’entourent. Chélima a de grandes qualités !

Au piano Valérie Chane-Tef , elle est partout, bouillonnante de projets, à la basse Jasmin Ljutic, directeur musical et gentil trublion,

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à la guitare Jeannot Mendy discret mais omniprésent et pour l’occasion Guillaume Simonet excellent à la batterie dans un registre que je ne lui connaissais pas. Mais il y aussi un invité et pas des moindres, le koriste Sura Susso une des références mondiales de la kora , un proche de Chélima qui tenait absolument à jouer avec elle.

Mais quelle bonne idée ! La couleur apportée par la kora dans les contrechants, ses dialogues avec le piano, même la batterie, mais quel bonheur ! Bonheur, le mot est prononcé, sur scène il se voit dans les yeux de Chélima dans les regards échangés. Bonheur communicatif, la musique faisant le reste.

On l’a dit une musique de mélanges, de métissage, pensez donc sur la même scène, le Sénégal, la Gambie, la Bosnie, la Réunion, même la Charente ! Musicalement ça balance et souvent ça décolle dans des improvisations de piano par exemple où Valérie lâche le jazz qu’elle a en elle, survoltée, supportée, encouragée par les autres, dans des impros de guitare lumineuses de Jeannot, tapi dans l’ombre mais tellement présent. La basse groove grave, la batterie se fait tambour, un son lourd, afrobeat, reggae, la kora illumine de sa légèreté et Chélima chante de sa voix très soul, puissante, grave parfois avec ce léger voile guttural. Et la joie de chanter.

C’est elle en plus qui a tout composé, sauf le surprenant « Quand on a que l’amour » de Brel (allez, je me vante un peu, je pense être le seul dans l’assistance à l’avoir vu sur scène, pas loin d’ici d’ailleurs, à Créon en 1965, j’avais dix ans mais je m’en souviens très bien) et « Alleluyah » de Leonard Cohen, dans une version qui finit par exploser sous des tonnes de dynamite musicale ! Certains dansent dessus même !

Très bon son dans cette salle sympa que je découvre, le Salem, au Haillan, lieu plus rock voire métal habituellement.

Merci Chélima, merci les autres de cette générosité sur scène, deux heures passées comme un instant.

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https://www.chelima.net/fr

Album « The Beholder » sorti au printemps 2018 :

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