Le Big Band de la Musique des Forces Aériennes de Bordeaux : flamboyant !

par Philippe Desmond.

La Dolce Vita, Andernos le jeudi 17 novembre 2022.

En avril 2021, je m’étais rendu pour Action Jazz sur la base 106 de Mérignac pour voir travailler les musiciens de la Musique des Forces Aériennes de Bordeaux. Ils peaufinaient alors une formation en tentet de jazz créé à cause des contraintes dues au Covid et limitant le nombre de personnes dans certaines circonstances. Le big band de jazz était lui alors en sommeil pour ces mêmes raisons. Je n’avais pas eu l’occasion de voir ces formations ni avant ni depuis cette rencontre. C’est chose faite.

Depuis des semaines la belle salle de la Dolce Vita d’Andernos affiche complet pour ce concert où j’ai l’honneur d’être invité suite à l’article paru dans la Gazette Bleue le 2 avril 2022.

Une fois la présentation faite par le lieutenant-colonel Auneau, chef de la formation, c’est au tentet d’ouvrir la soirée. Il est composé d’une rythmique piano, basse, batterie et de trois saxophones, deux trombones et deux trompettes ; un mini big band. Et d’ailleurs il sonne comme un big band, du moins va-t-il me faire cette impression jusqu’à l’arrivée de la formation complète…Visuellement ça a déjà de la gueule, l’alignement des pupitres, le brillant des instruments et les uniformes. Uniformes militaires certes, mais de gala, spencer marine galonné très élégant pour tous et toutes – la formation est mixte et c’est tant mieux – pantalon pour les messieurs et jupes longues pour les dames.

« Stompin’ at the Savoy » de 1933 grand classique du répertoire big band est revisité avec des couleurs de Bossa Nova, le rythme est là, fluide les harmonies sont brillantes ; exercice obligé les chorus debout devant l’orchestre se succèdent. Mais nous voilà faisant un saut en avant de quelques décennies avec un titre de Bob Mintzer « Ellis Island » ; harmonies plus complexes, arrangements ciselés, nuances dans l’orchestration, Bob Mintzer a renouvelé le genre et c’est une bonne nouvelle que le tentet s’en soit emparé. Le trompettiste Pascal Drapeau, ancien de la Musique des Forces Aériennes, collabore encore avec elle pour des arrangements , en voilà un autre pour « Cajun Cookin’ » et ses ambiances New Orleans. La formation vive et dynamique en souligne toutes la richesse avec un vrai brio. Voilà un orchestre plus qu’intéressant moins « encombrant » qu’un big band et qui peut être programmé avec plus de facilité ; organisateurs pensez-y c’est vraiment de grande qualité.

Place au big band, les mêmes plus deux saxophones, deux trombones et trois trompettes. Et là de suite l’ampleur qui arrive, on entend de suite la différence, ça claque ! En plus de l’énergie, de la flamboyance de la formation, ce qui va caractériser le concert c’est l’éclectisme du répertoire. On pourrait, pour une formation militaire, s’attendre à un répertoire « classique » des big bands de la grande époque, les années 30 et 40, ou celui du Glenn Miller Army Air Force Band mais pas du tout, avec eux on décolle vers d’autres cieux. C’est un big band moderne bien plus proche de Bob Mintzer dont il joue pas mal de choses que de Benny Goodman. Même quand il reprend des standards comme « Salt Peanuts » les arrangements les renouvellent, ici de la samba ! Le « A train » sort visiblement de la révison de maintenance et avec un réacteur d’avion, il est plus rapide que jamais. Un big band ça peut être lourd, ici pas d’inertie, des breaks au rasoir, du swing, du groove en veux-tu en voilà ! Les chorus se succèdent, ça bouge, ça vit. Le concert se finit même sur un titre des Stray Cats ! Quant au rappel avec « Brass Machine » il finit par faire passer le mur su son au public !

Cette formation est vraiment remarquable ; il faut dire que pour y rentrer il faut non seulement montrer patte blanche mais surtout prouver ses qualités de musiciens. Tout se passe par concours et seuls les meilleurs y entrent. L’avantage c’est que ce big band peut répéter souvent et ça s’entend, les musiciens y sont à plein temps ; presque, car il leur est laissé la possibilité de mener une carrière en parallèle et ainsi  nous connaissons pas mal de musiciens sur scène à travers des formations civiles. Le Big Band est lui aussi programmable partout, festivals ou autres… il lui faut juste de la place.

Musiciennes et musiciens

Saxophones : alto Bertrand et Noélie / ténor Stéphanie et Margaux / baryton Olivier

Trombones : Renaud, Clément, Thibaud, Stéphane

Trompettes : Antonin, Jules, Vivien, Jules, Michel

Piano : Mélodie

Basse : Fabrice

Batterie : Julien

Programme :

Tentet :

Just friends (John Klenner – Sam M Lewis / arr Pascal Drapeau )

Stompin’ at the Savoy (Edgar Sampson, arr Pascal Drapeau)

Ellis Island (Bob Mintzer)

Cajun cookin’ (arr Pascal Drapeau)

Big Band:

The heat’s on (Sammy Nestico – Count Basie )

Christopher Colombus (Bob Mintzer)

Salt Peanuts (Dizzy Gillespie)

The Heart of the Matter (Bob Mintzer)

Take the A train (Billy Strayhorn – Duke Ellington)

Better git in your soul (Charles Mingus)

Junebug (Jeff Holmes)

New Rochelle (Bob Mintzer)

Rock this town (Brian Setzer)

Bis : Brass Machine (Mark Taylor)

Vidéo : https://fb.watch/gTccihKWJo/

Article dans la Gazette Bleuehttps://lagazettebleuedactionjazz.fr/du-jazz-chez-les-militaires/