Par Vince, photos Philippe Blachier.

Un festival, des hommes et des femmes.

Le Festival de Jazz à la Rochelle*, ce sont aussi des apéros concert gratuits tous les soirs à 18h30 (Le rez-de-chaussée de la Sirène, dument équipée d’un bar et d’une scène est l’endroit idéal pour cela), des master-classes et des conférences… bref, un vrai festival qui propose un choix culturel au plus grand nombre.

Derrière un festival, il y a toujours, des femmes et de hommes d’une volonté et d’un courage hors du commun. Bénévoles, présidents, secrétaires ou trésoriers d’associations, mais aussi techniciens, agents, producteurs… Tous les musiciens, dans leurs langues, avec leurs mots et surtout beaucoup de sincérité ont salué la détermination de Ludovic Denis et Laurent Pironti, les patrons du festival. Les artistes ont aussi chaleureusement remercié l’accueil prodigué par les équipes techniques et les membres actifs de l’asso « Jazz entre les deux tours ».

Laurent Pironti

Dans cet esprit de reconnaissance à l’égard de leur dévouement, j’ai demandé à Ludovic et Laurent mais aussi Léa Trambouze de Cristal Records de me confier leur ressenti, à chaud.

Vince : Pourriez-vous me dire quelles ont été les plus importantes difficultés pour cette édition 2020 ?

Ludovic Denis : « L’impossibilité de réunir l’ensemble du CA et des bénévoles de l’association depuis le confinement (salles municipales fermées aux associations). Pour se réunir entre membres du bureau nous sommes allés chez les uns et les autres. Nous avons également tenu une réunion dehors, dans un café pour l’ensemble des bénévoles, quelques jours avant le début du festival afin de répartir les tâches.

Nous avons dû faire avec les Incertitudes liées à la crise sanitaire : il fallait confirmer les lieux, les artistes en plein confinement puis engager des frais de communication sans aucune certitude…ce fut un pari ! »

Ludovic Denis

Vince : Que pouvez-vous dire de l’affluence du public sur les 4 jours ?

Ludovic Denis : « Globalement bonne en fonction du contexte actuel avec notamment des contraintes de regroupement par groupe de connaissance le samedi 17 octobre pour le placement, avec une place d’écart à observer entre les groupes. Les salles étaient « dignes » (entre 200 et 260 personnes à la Sirène avec les invitations et bénévoles) et un peu plus de 400 à la Coursive.

C’est en deçà des prévisions hors COVID et du prévisionnel billetterie… c’est un manque à gagner pour l’association. »

Vince : Comment avez-vous déjoué les annulations de musiciens, les restrictions administratives, les soucis de transports ?

Ludovic Denis : « Les différentes annulations des musiciens américains à La Sirène le dimanche n’ont pas été reportées : nous n’avions plus le temps ni l’argent. Pour les transports nous avons pu compter jusqu’à la dernière minute sur l’engagement des bénévoles et de nos partenaires pour les transferts d’artistes (Bordeaux / Nantes… pour lesquels on a été prévenu la veille). »

Vince : Quels enseignements sur cette édition 2020 ?

Ludovic Denis : « Il faut toujours y croire. Privilégier à mon sens des artistes européens pour les mois à venir en raison des restrictions pour les Américains. Ne pas engager de frais démesurés. »

Mais je voudrais surtout dire que nous sommes très heureux de cette édition, qu’aller au bout d’un projet qui prend 1 an à préparer redonne de l’élan pour continuer et se projeter sur la prochaine édition. Dire aussi Merci à nos financeurs (mairie, Département, Région…), nos partenaires (les salles notamment) qui nous ont soutenus jusqu’au bout et qui nous ont fait des retours très positifs et encourageants pour la suite. Aux remerciements, je souhaite associer l’équipe de bénévoles qui a accompagné le festival.

Le prochain rendez-vous est fixé en octobre 2021, date précise à venir très prochainement. »

Léa Trambouze de Cristal Prod a également bien voulu me raconter un peu son travail de l’ombre pour JELDT depuis 2017. « C’est passé par différentes ’’ formules ’’. J’ai d’abord été embauchée par l’association, pour les éditions 2017 et 2018. Ensuite, j’ai créé ma micro-entreprise et été prestataire pour l’association en 2019. J’ai finalement rejoint l’équipe de Cristal Production et ai continué a travaillé pour l’édition 2020 du festival. L’association et moi nous nous connaissons bien et l’association connaissait déjà Cristal Production car, pour certaines éditions, Cristal Production avait une soirée dédiée que l’on appelait « Carte Blanche ». Cela permettait de programmer un artiste du label. »

Pour information, notez que le label est rochelais (rue de la petit Sirène… cela ne s’invente pas !)

La Rochelle invite au voyage, ses bateaux de plaisance amarrés en pleine ville, son salon nautique à flots et l’appel du large des regards qui se perdent sur l’horizon. Le festival 2020 fut un beau voyage, de la méditerranée du trio Jokers à la Belgique de David Linx, des contrées septentrionales des groupes suédois à l’ouest rêvé du cow boy Ji Dru, en passant par Cuba, ce presque tour du monde du jazz n’aura certainement laissé personne indifférent.

Ce qui m’inspire de l’espoir dans cette période inédite pour l’humanité, c’est qu’un nouveau modèle est peut-être en train d’émerger dans le microcosme du jazz, des festivals et peut-être des organisations (entreprises ou associations). Le mot modèle n’est pas le meilleur : opportunité serait plus juste. A l’époque où la mondialisation nous a un peu tous aseptisés (bien avant les douches de gels hydro alcoolique), les grands festivals nous ont fourni des tournées mondiales, d’artistes certes réputés, mais qui ont aussi fait de l’ombre à ceux qui ne font pas ou peu recette. Et, quand ce modèle s’arrête pour la raison que l’on connait, c’est tout un système qui se grippe. Comme les dinosaures géants ont disparu parce qu’ils n’on pas pu survivre aux conséquences de la météorite, le spectacle vivant pourrait voir éclore du chaos de nouvelles formes, réadaptées, plus souples, plus intimistes, mais plus humaines aussi. Moi, j’y crois.

Alors, à l’année prochaine.

* A ce jour le festival Jazz de la Rochelle ne porte plus l’appellation « Jazz entre les 2 tours », mais cette dernière dénomme l’association qui organise cet événement.

 

Mais avant Patrick Beyne tenait à nous parler de certaines choses :

Ce festival nous l’attendions toutes et tous, privés de Respire Jazz Festival, de Jazz à Marciac, de Surgères Brass, de Cognac Blues, de Jazz au Phare de l’Ile de Ré et la liste et non exhaustive.

Du 14 au 17 octobre 2020 et cette année installé, en partenariat, à La Coursive et à La Sirène.

La programmation nous avait prédit « De l’audace, de la modernité, de l’élégance, de la jeunesse, de la découverte » force est de constater que nous ne fument pas déçu.

C’est à la Médiathèque Salle Crépeau que nous avons eu le plaisir de découvrir la conférence de Daniel Brothier dont le thème était ‘’Les femmes dans le jazz avec leurs influences depuis les débuts jusqu’à nos jours’’.

Il nous a rappelé la présence, depuis le début du 20 ème siècle principalement, des chanteuses, de Billie Holiday à Dinah Washington en passant par Ella Fitzgerald.

Quelques exceptions dans les années 80 dont la pianiste Carla Bley.

A partir du début de ce nouveau siècle nous assistons au renouveau de la présence des femmes instrumentistes, les chanteuses ont toujours été présentent, avec les saxophonistes ( Sophie Alour, Géraldine Laurent ( saxophonistes ), Airelle Besson, Andréa Motis )trompettistes), Rhoda Scott ( organiste ), Joelle Léandre ( contrebasse ) , Naïssam Jalal ( violoniste ) …

Dommage que les conditions sanitaires aient obligés les organisateurs à limiter les entrées à 50 places. Salle pleine dans la limite des conditions liées au Covid, une place sur deux.

Grand succès, même une évocation de la part de Charline Van Acker dans son émission par Jupiter à 17h sur France Inter lendemain.

Après une présentation du festival en guise d’inauguration par les organisateurs et partenaires la musique a pris place avec un premier Apéro-Jazz animé par le trio mené par le contrebassiste Pascal Combeau

Fidèle à sa réputation ce trio a captivé l’auditoire avec des reprises et quelques une de leurs compositions. Il faut dire qu’avec Antoine Hervier au piano et Alban Mourgues à la batterie, Pascal Combeau est bien entouré. On ressent indubitablement leur désir de nous faire partager leur amour de la musique. Pari unanimement réussi pour le publique. Le plaisir de jouer ensemble se lisait sur leurs visages. Trio rodé à la complicité.