Festival Sons d’Été – Crawfish Wallet

Par Dom Imonk, texte, photos Alain Pelletier.

Festival Sons d’été – Rocher de Palmer le jeudi 15 juillet 2021

Si vous avez toujours rêvé de partir à la Nouvelle –Orléans, pour y découvrir les musiques qui se jouent dans ce berceau du jazz, alors nul besoin de prospectus ou de guide de voyage, il vous faut au plus vite écouter Crawfish Wallet, quartet brass band créé en 2017, devenu l’une des références régionales en matière de jazz New-Orleans. Il a donné foule de concerts très addictifs, et a déjà deux albums à son actif : « Daddy’s Belly » (avril 2018) et « I’m in Nola » (Septembre 2020). Des passeports indispensables, pour entrer dans le monde de la « New Orleans Street Music », c’est le style qu’ils revendiquent, avec des intonations delta blues, gospel et vaudou qui jaillissent de partout.

Initialement formés de Gaëtan Martin (Trombone, compositions, arrangements), Amandine Cabald Roche (Chant, wahsboard, compositions, paroles), Jean Michel Plassan (Banjo) et Fred Lasnier (Contrebasse), voici que lors d’une résidence au Rocher de Palmer, dont ce concert est la restitution, le groupe a eu la riche idée d’inviter Lili Gauthier-Richard, Elisa Dignac et Emmanuelle Faure aux violoncelles, ce qui a enrichi leurs thèmes d’une sorte de ferveur « chambriste » saisissante et originale, qui a captivé le public, et ouvre d’autres voies (voix ?) à ce style de musique, la rendant plus que jamais évolutive et fraîche. Certes très bien écrite et arrangée, et propice à l’improvisation, cette musique frappe aussi car elle est décomplexée, et ne s’embarrasse pas de frontières, de styles ou d’époque. Ainsi remet-on au goût du jour de vieux standards, aux titres délicieusement vintage, comme « Make me a pallet on your floor », « Blue drag », « I wish i could shimmy like my sister Kate » (Armand J.Piron), ou encore « Washboard Wiggles » (Tiny Parham), qui fonctionnent au quart de tour, dans leurs habits tout neufs ! Mais l’on n’oublie pas le grand Duke Ellington, qui est aussi de la fête  avec « Delta bound », ainsi que la génération d’après et son « Shake your rugalator » (Craig Klein). Allez hop (et peut-être hip un jour, sait-on jamais), on saute la barrière et nous voici en plein délice à déguster un gâteau pop au miel « Honey pie » (The Beatles), ou débarqués dans quelque inquiétant club rock blues enfumé en écoutant « Way Down in a hole » et « I wish I was In New Orleans » (Tom Waits) ! Croisement de styles, inspiration gambadeuse, envie de fête, comme à Nola quoi ! Il y a tout ça chez Crawfish Wallet, et des compositions maison telles que « I’m in Nola » (musique: Gaëtan, paroles Amandine) ou « Ti Flamboyan » (Musique et paroles, Amandine) enfoncent le clou dans le dancefloor et confirment cette bonne humeur !

Durant tout le set, en ouverture du quartet Piano Forte, on restera sous le charme d’Amandine Cabald Roche, l’élégance d’un chant coloré et profond, de belles paroles, qu’elle soutient délicatement de son washboard à peine caressé. Quant au pouls rythmique assuré par Jean Michel Plassan et Fred Lasnier, il bat naturellement, vital, précis, souple comme le roseau, et solide comme les grands chênes d’Amérique, ceux qui tiennent au vent. Un régal pour les yeux et les oreilles ! Mention spéciale à la brillante idée d’inclure au projet cette section violoncelles formée par Lili Gauthier-Richard, Elisa Dignac et Emmanuelle Faure, dont les singulières couleurs sonores apportées, nous  laissent dans l’espoir fébrile d’un enregistrement futur.

Enfin, coup de chapeau à Gaëtan Martin, grand connaisseur amoureux de Nola (ça signifie New-Orleans, Louisiana), qui, outre son jeu ample et généreux de trombone, pour lequel il sait faire jongler les sourdines, se révèle un compositeur arrangeur hors pair, qui fourmille d’idées, ce qui doit faire le bonheur de ses élèves de l’École Municipale de Musique de Cenon qu’il dirige, à la suite de Franck Dijeau que l’on salue amicalement! A ce sujet, on pourra relire les articles et les interviews que les deux musiciens avaient eu la gentillesse de nous accorder pour la Gazette Bleue en mars 2018 (*), lors du passage du tromboniste Ray Anderson et son pocket brass band au Rocher de Palmer, concert mémorable, suivi le lendemain d’une incroyable master class que Gaëtan Martin dirigea !

Après cette belle soirée Sons d’Été, en mode « bon temps rouler », les Crawfish Wallet  sont déjà repartis en tournée ! Les 24 et 25 juillet, ils se produisaient au Festival Bis de Jazz in Marciac, et seront le 28 juillet au Festival les Musicales d’Hossegor. A ne pas louper ! La suite sur leur page, affaire à suivre !

Merci à Crawfish Wallet et au Rocher de Palmer d’avoir ainsi rallumé les lampions de la fête !

Et pour conclure, et vous donner envie de déguster leur musique sans modération, voici leurs quelques mots de présentation sur leur site : « Take with you Crawfish Wallet ! Hear the sound of Nola’s streets with a bold and experienced rhythm section. Powerful bone, soulful voice, deep blue music. »

https://www.crawfishwallet.com/

https://crawfishwallet.bandcamp.com/album/im-in-nola

https://www.lerocherdepalmer.fr/

(*) Concert Ray Anderson et master class au Rocher de Palmer en mars 2018, plus interviews, lien à la Gazette :

Gazette n° 28 – Mai 2018