par Patrick Beyne avec des photos de Marylène Cacaud.
Concert du 23 novembre 2018.
Programme : Uriel Herman quartet.
360 paires d’esgourdes ébahies, grandes ouvertes. 360, c’est la jauge du navire.
Ce soir le capitaine du yacht n’a pas 24 ans et ce n’est pas sa première virée en haute mer. N’effrayons pas les passagers, c’est au son de quelques mesures méthodiquement mélodieuses que se fait, au moteur, la sortie du port, trop dangereux à la voile.
Inspiration indubitablement issue du répertoire classique, pour ne pas dire lyrique et romantique. Aux stabilisateurs, le bassiste Ehud Ettun et le drumiste Haim Peskoff.
C’est du cabotage, de port en port, à chaque fois le temps d’un voyage pour capter une culture différente dans l’univers des artistes locaux. Entre autres aujourd’hui, l’invité est David Bowie avec son ‘’The man who sold the world’’ revisité.
Avec « Shva esré » (dix sept en français) le tempo est assurer par une main gauche d’une régularité sans faille faisant ronronner le moteur, le temps de passer la digue et de hisser les voiles. Arrive l’instant magique où la terre n’abrite plus l’esquive, 360 oreilles accrochées au bastingage, le vent du sax balaye le pont, dans cette nouvelle mythologie il s’appelle Uriel Weinberger.
Et si la tempête fait gîter le bateau, la main gauche du capitaine reprend la barre pour nous mener à l’abri, dans la quiétude du port.
A peine le temps de se reposer et de ressentir le mal de terre qu’il nous faut repartir dare-dare.
Nous voilà maintenant à l’approche des côtes orientales avec ses effluves qui nous bercent, n’oublions pas que nous sommes en méditerranée.
A chaque fois une sortie de port en douceur sur une mélopée romantique fort inspirée d’une culture classique, et nous revoilà toute machine éclatante dans un voyage en haute mer.
Transportés dans un monde imaginaire où tout est possible, rien d’abscons ni aucune contrefaçon cubiste pour épater la galerie.
Ici, pas de croche pied, entre musiciens, on se connaît depuis l’âge de 6 ans, la complicité, ou l’Interplay chère aux jazzeux, est évidente.
Il nous offre « White night » une compo suite à la rencontre avec un chamane.
C’est au cours de sa visite au Costa Rica que Uriel Herman a participé à une cérémonie chamanique qui a duré toute la nuit. Une œuvre basée sur des formes et des éléments classiques. De la musique pour s’enivrer.
Le public applaudit, debout et encore debout revendiquant trois rappels, trois fois… Capitaine please, encore un seatrip (Ne pas confondre avec un roadtrip !!) pour une nouvelle aventure, vous avez toute notre confiance.
Uriel Herman, vous étiez notre Novecento, nous serions bien restés 30 ans avec vous dans les salons du yacht.
N’ayons crainte, grâce au label Laborie Jazz son nouvel opus « Face to face » sera dans nos bacs en janvier 2019.
Dixit le président du festival, ce festival est ‘’une machine à bonheur’’.