Par Philippe Desmond.


Suis-je en train de rêver ? Je roule en effet vers Capbreton pour suivre toute la semaine le festival de jazz, un rescapé de l’hécatombe de 2020. Non, tout cela est bien réel, c’est même le 30ème  depuis sa création par le regretté luthier de contrebasse Christian Nogaro. Cette édition lui est dédiée et une exposition de photos lui est consacrée. Au fil du temps les formules ont changé, le nom aussi, Août of Jazz désormais, mais l’évènement persiste pour animer la station balnéaire landaise encore très remplie en cette fin d’été très bizarre. Le polyvalent Bernard Labat, directeur, programmateur, speaker, sa petite équipe de bénévoles et les services de la ville sont en charge de l’organisation de ces cinq jours de jazz. La programmation est éclectique, laissant une belle place aux formations régionales, favorisant les jeunes groupes sans pour autant délaisser quelques  têtes d’affiche montantes. Ainsi il est naturel qu’Action Jazz qui soutient le jazz en Nouvelle Aquitaine soit devenu partenaire de ce festival. Une autre caractéristique d’Août of Jazz  est son ouverture au public novice grâce aux nombreux concerts en plein air et gratuits.

Les trois premiers jours sont comme une mise en bouche avant un week-end très dense.

Mardi 18 août

C’est le Rix’tet bien connu dans la région qui est chargé de l’ouverture après le lancement officiel par Bernard Labat, le Maire de la ville, son adjointe à la culture et une représentante du Conseil départemental des Landes.

A un moment où les élus sont souvent mis en pièces saluons ces personnes qui ont eu le courage de maintenir le festival dans ce contexte sanitaire inouï.

Quel bonheur, dans ce joli jardin public au bord du Boudigau,  de voir arriver sur scène de vrais musiciens, aussi heureux que nous, peut-être même davantage. Le public est nombreux, un peu décontenancé au début par les tristement fameux gestes barrière, masque de rigueurs, groupes de personnes isolés des autres par une absence de chaise.

Rix (guitare et chant), Joachim Montbord (guitare), Pascal Fallot (e-contrebasse), Olivier Léani (caisse claire et cymbale) et Jérôme Dubois (trompette, bugle) vont une heure et demie durant nous transporter dans leur univers swing très éclectique. Nat King Cole, Sinatra mais aussi Police, Sting, Eurythmics.

Rix et sa voix de crooner jamais forcée régale aussi à la guitare. Avec fluidité, aisance il dirige ce quintet original. A ses côtés dialogue Jérôme Dubois qui a toute liberté pour ses chorus, les trois autres à la rythmique assurant un groove parfait. Olivier Léani qui remplace Joris Seguin n’a pas changé la formule pour autant simplement équipé d’une caisse claire et d’une cymbale il en fait des prouesses. Tout le monde participe aux chœurs donnant à l’ensemble une belle harmonie. Visiblement cette musique plait déclenchant souvent des claps, presque toujours à contretemps – ah ces Français ! – Jérôme se chargeant de les redresser !

Dans l’assistance ce soir, un invité spécial venu de Nazaré (pas Nazareth !) au Portugal la ville célèbre pour sa vague monstrueuse et jumelée avec Capbreton. Cet invité c’est Adelino Mota le chef du big band municipal (une vingtaine de musiciens ) et de l’harmonie de la ville (70 musiciens) mais aussi organisateur du festival de jazz de Nazaré chaque mois d’octobre.

Il y a de la collaboration dans l’air et on parle du  big band ici l’année prochaine ; le plus dur, leur trouver de l’hébergement en pleine saison ! Ayant eu la chance d’écouter leur dernier CD je peux vous dire que ça tourne bien notamment de magnifiques versions de « Milestones » ou encore « Moment’s Notice ». Il faut préciser qu’Adelino Mota est allé travailler la direction de big band à Kansas City le berceau du genre, Count Basie notamment.

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Mercredi 19 août

Journée cinéma avec la projection au Rio de « Brooklyn Affairs » pas un film de jazz mais où celui-ci est très présent dans la BO mais aussi lors de scènes en clubs dans les 50’s, magnifiquement restituées. On croit deviner la référence à un trompettiste célèbre à la voix cassée. Pour l’occasion et en préambule un quartet de copains a été formé autour du Pour l’occasion et en préambule un quartet de copains a été formé autour du tromboniste Jean Trinque : Daniel Dumoulin (bat), Serge Sarrat (cb) et Bernard Lassalle (p).

Un trombone en  leader va me faire penser un moment qu’on va entendre du NO. Il n’en sera rien le parti pris bop ayant été privilégié. Wes Montgomery, Monk (Misterioso, Round Midnight), Charlie Parker (Parker’s Mood), Coltrane (Equinox, Naïma), Lee Morgan (Tom Cat), Modern Jazz Quartet (Django)… Que des titres en rapport avec des films. Casse gueule pour un tromboniste de remplacer saxophone et trompette, mais défi  relevé ! Un moment en plein air encore bien agréable.

Jeudi 20 août

Déjà le troisième jour et le désormais traditionnel concert conférence. Cette année la trompette dans le jazz, vaste programme de quoi y passer la fin du mois ! Pour en parler un sacré trompettiste, le toulousain Nicolas Gardel venu avec Thierry Ollé (p), Guillaume Prévost (bat) et Maxime Delporte (cb). A suivre…