Confiné avec…Gaëtan Martin
Nous vivons tous une période particulièrement difficile qui bouscule notre mode de vie d’une façon totalement imprévue.
Les musiciens, comme tant d’autres métiers, n’échappent pas à la règle et sont particulièrement touchés économiquement. Comme ils ne peuvent plus exercer leur art autrement que par quelques interventions sur les réseaux sociaux, nous avons pensé qu’il serait intéressant de continuer à tisser du lien avec eux par ce petit questionnaire.
Nous sommes avec : Gaëtan Martin
Présentes-toi rapidement. De quoi, avec qui, quelle musique joues-tu ?
Je m’appelle Gaëtan Martin, je suis tromboniste tubiste de jazz et plus si affinités. Je joue principalement dans le groupe CrawFish Wallet ainsi que dans plusieurs formations de la région bordelaise (Notamment le big de Sébastien Arruti etc) je suis professeur de trombone, de tuba, et coordinateur pédagogique de l’école de musique de Cenon.
Comment occupes-tu tes journées en ce moment ?
Étonnamment, mes journées sont plutôt remplies, j’essaie par tout les moyens possibles de maintenir un contact pédagogique avec mes élèves et leur famille, cours par visioconférence, envoi de partitions, composition de petits ensembles, partage de playlist avec les familles etc
Je travaille aussi beaucoup pour Crawfish Wallet, un nouvel album est en préparation, on en est au mastering, beaucoup d’écoute, de coordination avec les autres membres du groupe, préparer la soirée de sortie de l’album, faire du booking. Et surtout préparer l’après confinement, pour essayer de maintenir notre activité d’acteur du spectacle vivant. On aura tous besoin de musique en live après cette crise, on ne lâche rien, il faut redoubler de créativité et d’énergie positive pour reconstruire après cette période d’arrêt complet de nos activités.
En profites tu-pour composer, travailler ton instrument, ta voix ?
Et oui une grosse partie de mon temps se consacre au travail de mes instruments, un gros travail sur les bases techniques qu’on oublie trop souvent, et puis explorer quelques tonalités pittoresques (pour un tromboniste!) découvrir du répertoire, écrire, arranger pour les différentes formations dont je fais parti.
J’ai repris le travail du piano qui est mon premier instrument, mais je doute que le confinement soir assez long pour que j’arrive à bout de la fugue en la mineur de Bach que je massacre tel un pangolin manchot chaque matin (sans jamais m’ENERVER!)
Plus sérieusement, cette période permets une remise à plat de ma propre technique et de mesurer l’étendu du travail de musicien qui est quasiment infinie.
Comment arrives-tu à jouer « avec » les autres ?
Pas facile depuis chez moi, a connexion est loin de permettre des exploits en streaming. On essaie de garder le contact avec les amis musiciens d’ici mais aussi d’ailleurs, les musiciens de la Nouvelle Orléans subissent de plein fouet cette crise, avec une rupture violente de toute activité et donc revenus.
Par contre mes élèves m’envoient des vidéos de leurs prouesses qui sont vraiment étonnantes de part leur qualité et leur engagement!
Ecoutes-tu la radio, des disques, du streaming ? Quoi par exemple ?
Oui, beaucoup, plutôt des disques, des albums oubliés et redécouverts (Live from New York de Bonerama (une tuerie)) beaucoup de jazz trad (Muggsy Spanier) , et tout ce qui touche de près ou de loin à Fred Wesley (avec un coup de coeur énorme pour « Together We Stand » et « Tweet tweet » avec Krakauer!)
Du classique aussi, Bach (les fugues par Richter), Ravel (concerti pour piano, oeuvre orchestrale) , bref plutôt éclectique, et des fois je laisse faire les algorithmes de certaines plateformes qui permettent parfois de belles découvertes.
Nous avons mis en place avec l’école de musique et le service communication de la ville de Cenon une playlist hebdomadaire pour partager avec nos élèves et leur famille une sélection éclectique , 1h de musique du classique, au jazz en passant par le funk et le hip hop. (On peut retrouver cette sélection sur le facebook de la Ville de Cenon)
Cette situation change t-elle ta façon de voir les choses, la vie, ton métier ?
Cette situation nous force à trouver en nous l’énergie de ne pas céder à une sorte de panique ou d’apathie mortifère, mais surtout à être solidaire de son entourage, de prendre des nouvelles des amis, collègues, élèves. L’annulation des concerts (souvent reporté heureusement) est inquiétante, vu la quantité de travail de prospection que représente le booking sur une seule date de festival, oui c’est un coup porté au moral. Mais pour l’instant on ne cède pas au défaitisme ambiant, et on redoublera d’énergie dès la crise terminée.
Un titre qui te passerait par la tête ? (On mettra un lien ; ça peut être vous !)
C’était un peu auto centré mais je dirai Muddy Waters, un standard si peu joué de 1926 qu’on a enregistré avec Crawfish, parce que dessus la voix d’Amandine est juste incroyable.
https://soundcloud.com/crawfish-wallet/muddy-waters
photos : Christine Sardaine et Philippe Marzat
