Chief Adjuah au Rocher

par Cédric Pichot, photos Géraldine Gilleron
CONCERT AU ROCHER DE PALMER
LE 16 Octobre 2024
Chief Adjuah alias Christian Scott : Ngoni électrique, trompette, bugle / Ryoma Takanaga : contrebasse, basse électrique / Ele Salif Howell : batterie / Cecil Alexander : guitare / Lawrence Fields : piano électrique, clarinette électrique
Comme un grand nombre d’artistes qui viennent au Rocher, Chief ADJUAH est une star planétaire, et ce soir il nous gratifie d’un concert dans cette belle salle de la région bordelaise.
Ce n’est pas la première fois que ce trompettiste se produit en Gironde, et comme à chaque fois, je n’hésite pas et je fonce écouter les nouveautés que nous propose ce génie.
Fer de lance de la scène américaine, Christian Scott est une pointure. Acclamé et adulé par la presse internationale, reconnu par ses pairs, l’artiste porte haut et fort un nouveau jazz.
Un savant mélange de jazz, de hip-hop, de soûl, d’electro, bref un son actuel et rafraîchissant.
Dans une perpétuelle quête du renouvellement, ses concerts sont des parenthèses enchantées pour nous pauvres terriens. Car c’est sûr , eux sont sur une autre planète, d’une autre galaxie, ce qu’ils vont nous proposer ce soir est d’un autre monde.
Petit fils d’un grand chef indien, et porteur d’un message de paix, le visionnaire qu’est Christian, nous offre sa perception onirique de la musique.
Né en 1983 à la nouvelle Orléans, il fera sa formation musicale au Berklee college of music de cette même ville.
Le set débute avec un chant amérindien, d’une force tellurique.
Chief ADJUAH a délaissé la trompette pour s’adonner au n’goni électrique. Instrument de son invention, entre kora et harpe qui vient enchanter d’une mélopée envoûtante les morceaux proposés.
Le ton est donné, ce soir ça va être électrique, un courant passe dans la salle.
C’est sur le troisième morceau que Christian prend une de ses deux trompettes, objets tout droit sortis de son imaginaire, aux formes surprenantes et aux sons, eux aussi différents.
Le jeu est fluide, les notes déliées, pas de fioriture, un Groove impeccable. Accompagnée par des musiciens d’une grande qualité, la trompette nous transporte et nous envoûte, que ça ne s’arrête jamais…
Puis une composition du jeune bassiste de 20 ans vient nous transporter dans un berceau de douceur, mais très vite cette douceur donne place à la force de sa virtuosité, Ryoma Takanaga nous offre son solo, tout en retenue. Son jeu de contrebasse est splendide.
La « no note » si chère à Miles Davis est là, présente, elle dure, merveilleux, moment de grâce pour moi et le public conquis.
Le dernier morceau démarre par un solo de batterie étourdissant, Ele Howell est monstrueux, une machine, il enchaîne toms et cymbales, et la trompette de Christian vient caresser nos oreilles, le son de son bugle est profond et chaleureux, réconfortant.
L’ambiance fait penser à la période électrique de Miles Davis notamment avec l’album « Bitches Brew ».
La guitare de Cecil Alexander vient clôturer le morceau par un solo magistral, d’une limpidité sans faille.
On ne pourra que regretter que c’était trop court. Mais la force y était, trop content d’avoir pu à nouveau voir un concert de ce maître incontesté de l’instrument.
Merci CHIEF ADJUAH.