Aux racines africaines du jazz avec les Tchango Messengers

Par Philippe Desmond, photos Solange Lemoine

Le Petit Théâtre, Bordeaux le 8 mars 2024.

On le sait, le jazz puise ses racines dans les terres d’Afrique ; un déracinement qui transporte ces racines sur un autre continent ayant emporté avec elles de la sève musicale et culturelle. Alors quand trois musiciens dont deux béninois proposent une spectacle intitulé Bata Blues on ne peut qu’aller voir de quoi il retourne.

Tchango Messengers est un trio Ewa Tohinnou (voix, percussions, guitare) , Seidou Barassounon (voix, percussions) et Aurélien Matifas (voix, percussions).

Ewa est musicien, compositeur (pour Perrine Fifadji notamment), il anime des ateliers de danse autour de Bordeaux où il vit. Seidou vit lui au Bénin, il y est griot c’est à dire poète, conteur, musicien et dépositaire de la tradition orale. Aurélien est musicien et participe à de nombreux projets.

Leur répertoire composé par Ewa et Seidou nous parle de tolérance, de partage, de respect de la nature et des hommes. Les percussions y sont très présentes, seules la guitare et les voix apportant les harmonies. Chantés en langues locales la présentation des titres est importante. Sinon comment deviner que cette chanson nous parle de chasse ? Pas la chasse loisir de chez nous, la chasse nécessaire, vitale pour certains peuples ; et un texte plein de sagesse : si vous ne vous entendez-pas à la maison, entendez-vous quand vous allez chasser, c’est vital et peut-être qu’au retour vous ne serez plus fâchés…

Ewa a écrit en français une chanson bouleversante sur le thème des violences conjugales. Des paroles d’une grande simplicité dans la bouche d’un enfant terrorisé par le traitement que subit sa maman : sauvez maman avant le coup fatal… La musique d’accompagnement au space drum, minimaliste, est pourtant d’une grande profondeur.

« Tchango » leur tube comme dit Ewa avec un grand rire, nous rapproche des musiques que nous connaissons davantage et accroche bien nos oreilles.

La tradition vaudou de New Orleans, berceau du jazz, vient d’Afrique, du Bénin notamment, voilà un titre qui l’évoque, le blues y pointe son nez. Ils évoquent maintenant les dieux du tonnerre, de la foudre, de la terre, de l’eau ; la nature à respecter. Richesse des percussions, des chœurs. Des danses aussi, souples et rythmées.

Chaleureux, énergétique, envoûtant selon Solange qui a fait ces si belles photos.

Un dépaysement pas si dépaysant que cela, ces valeurs sont universelles.

Il seront le 29 mars au Centre Social du Burck à Mérignac à l’occasion du carnaval ; à partir de 14 heures.