par Jean-Luc Dagut, photos Christine Sardaine.

Arcachon, vendredi 9 décembre 2022

 

Deuxième soirée du tout nouveau et tout beau Arcachon Jazz Festival avec un concert club à l’apéritif avant le grand concert dans la salle de spectacle.

Just in Time quartet

Agréable rendez-vous à 19h au « Bar du théâtre » de l’Olympia d’Arcachon. Très jolie salle de concert où flotte une ambiance de cabaret. Après la très belle prestation de Thomas Bercy la veille, le premier festival de jazz d’Arcachon accueillait en sa deuxième soirée ce vendredi, en avant-concert, le groupe « Just in time ». Un quartet tout droit venu du pays basque, mené par la chanteuse Véronique Andy, accompagnée par Jacky Berecochea à la trompette, Arnaud Labastie à l’orgue Hammond, et Dioni Pochelu à la guitare.

Au menu, une revue de standards du jazz, parmi les plus connus, allant de Lullaby of birdland à Besame mucho. Ambiance intimiste où nous plongent le son chaud de la guitare jazz, rappelant les univers raffinés de Kenny Burrell ou de Joe Pass, et les belles sonorités de l’orgue Hammond. Les interventions du trompettiste Jacky Berecochea apportent une touche un peu « New Orleans » aux morceaux plus enlevés. Avec la chanteuse, le charme opère, et l’on se sent transposé dans l’ambiance intimiste des cabarets new-yorkais. Véronique Andy interprète très très bien ces standards américains, et l’on se prend à rêver à Sarah Vaughan ou Ella Fitzgerald.

« Just in time » nous a fait passer un agréable moment. Merci à eux.

 

Swing Bones & Nicolas Gardel

Pour sa deuxième soirée, le premier festival de jazz d’Arcachon accueillait Swing Bones et Nicolas Gardel. Carton plein à l’Olympia, l’une des plus belles salles certainement de la région Aquitaine. Toutes les places étaient réservées. A raison. Le concert fut superbe.

Les Swing Bones sont une formation toulousaine créée en 2016 à l’initiative d’Olivier Lachurie, en hommage aux Four Bones, quatuor de trombones réuni en 1967 par François Guin. Un commentateur dans la presse avait pu écrire à propos de ce dernier : «Tout pour le swing ! Des riffs à faire danser un congrès de paléontologues..! »

Le groupe, qui a repris le flambeau, comprend aujourd’hui de même quatre trombonistes : Jérôme Capdepont, Baptiste Techer, Jérôme Laborde aux trombones ténor, et Olivier Lachurie au trombone basse. Thierry Gonzales au piano, Julien Duthu à la contrebasse, et Guillaume Nouaux à la batterie complètent et soutiennent avec brio le « coeur » de cuivres.

En 2020, le « oh combien » talentueux trompettiste Nicolas Gardel, toulousain lui aussi, a rejoint la formation, et composé le répertoire de leur nouvel album intitulé « La Part des Anges ».

« Après leur premier album « Tribute to François Guin », les Swing Bones, dit-il, m’ont fait le plaisir et l’honneur de me confier l’écriture de leur nouveau répertoire. Prenant en compte l’esthétique ainsi que les personnalités diverses de cette fabuleuse machine à swing, pour « La Part des Anges » je me suis orienté vers un hard-bop mélodique teinté de ballades hypnotiques dans lesquelles les quatre trombonistes y  développent un lyrisme parfois flamboyant, parfois murmuré. »

Les morceaux joués lors de ce concert d’Arcachon sont tirés de cet album. Un magnifique concert.

Quel plaisir tout d’abord d’entendre un « quasi » big band, dont la présence dans les festivals est devenue si rare. Les quatre trombones et la trompette apportent une puissance et une richesse sonore éclatantes. La composition et les orchestrations sont du grand art. Idéalement adaptées à cette formation. La beauté mélodique et harmonique est optimisée. Pas de temps morts. Tout est bien fait et parfaitement à sa place, et ça swingue fort. La trame harmonique se dessine à travers les orchestrations en contrepoint où se détachent les parties des instruments à vent. A d’autres moments, les riffs à l’unisson font éclater la puissance des cuivres. Dans les passages lents, les notes en continu révèlent toute la beauté grave du son des trombones.

L’expression de « hard bop », analogique à celle de « hard rock » n’est pas adéquate. Le « hard rock » est continûment « dur ». Le jazz est au contraire une succession de plages, où l’improvisation vient après l’orchestration, et le calme après la tempête. C’est le cas en tout cas ici.

Un grand bravo à Nicolas Gardel. Des compositions mélodiques et rythmées, des orchestrations à couper le souffle, qui mettent parfaitement en valeur la section de cuivres. Un régal. Un jeu de trompette aussi, il faut dire, impressionnant. Le registre, la virtuosité, la beauté du son, la grande maîtrise. Nicolas est certainement l’un des meilleurs trompettistes du moment, au niveau international.

Bravo également à l’ensemble des musiciens : les trombonistes, le très bon trombone solo, les excellents pianiste et contrebassiste. Mention spéciale à Guillaume Nouaux, batteur de réputation internationale, au jeu précis et efficace. Originaire d’Arcachon, Guillaume a participé activement à l’organisation de ce festival. On l’en remercie.

« Swing Bones et Nicolas Gardel » offrent un spectacle de toute première qualité, qui a parfaitement sa place dans les grands festivals internationaux. C’était un honneur de les avoir à Arcachon.

Ce premier festival de jazz d’Arcachon est un succès. Pour la qualité de la programmation, et pour la fréquentation. Le public est bien au rendez-vous, lors de ces soirées. On ne peut qu’espérer que l’équipe municipale réédite l’expérience, et que le festival d’Arcachon devienne une référence régionale. Et pourquoi ne pas aller plus loin tant qu’on y est, et songer à des festivals plus rapprochés, bi-annuels, tri-annuels, ou à des concerts plus fréquents ? Car il existe bien une demande potentielle, mal satisfaite aujourd’hui. Faire vivre le jazz, ses musiciens, révéler leur talent trop souvent méconnu, pour le plus grand plaisir du public.