ANDERNOS JAZZ FESTIVAL 2022 – jour #1

Le 29 juillet 2022

par Martine Omiécinski (Orchid) et Philippe Desmond ; photos Philippe Marzat et José Carly (cliquer pour agrandir)

Ce vendredi 29 juillet 2022 a débuté le festival de jazz d’Andernos qui fête ses 54 ans !! Mais, à cause de la pandémie, il n’avait pu avoir lieu depuis 2019, trois ans !

« Ouverture officielle »

Pour l’ouverture, monsieur le maire Jean-Yves ROSAZZA, après les présentations et remerciements d’usage, termine son discours en citant Georges GERSHWIN : « La vie ressemble beaucoup au jazz, elle est plus belle quand on improvise » ! Belle idée et belle introduction pour céder la parole à l’émérite organisateur du festival : Eric COIGNAT. Ce dernier nous fait part de l’éclectisme assumé de ses choix, des particularités des 3 lieux de concert avec leurs différents atouts selon le style de jazz et l’écoute souhaitée (le jardin Louis David où nous sommes ce soir, l’esplanade de la jetée et la plage du Bétey). Puis il appelle sur scène le chef des pompiers du district (personnalité emblématique et très saluée cette année après les douloureux jours vécus par sa profession à cause des cruels incendies) pour donner le coup d’envoi du festival en lançant au triangle la première note dans les airs.

« Place au Big Band »

Par Martine Omiécinski

Puis Eric COIGNAT enchaine sur le premier groupe en concert : l’ORCHID BIG BAND : un collectif de musiciens bordelais et parisiens réunis sous la houlette du chef et compositeur Thomas JULIENNE, connu aussi avec son groupe « Théorème of Joy ».

L’ORCHID BIG BAND est composé de 18 musiciennes et musiciens, 9 femmes et 9 hommes dont la plupart sont aussi compositeurs.

Chef d’orchestre et compositeur: Thomas JULIENNE ;

Rythmique : Contrebasse: Nolwenn LEIZOUR ; Piano: Clément SIMON ; Batterie: Gaëtan DIAZ ; Guitare: Katia SCHIAVONE

Trompettes : Gabriel LEVASSEUR, Olivier GAY, Laure FREJACQUES, Julie VARLET

Saxophones : Jeanne MICHARD, Olga AMELCHENKO, Nora KAMM, Julien DESFORGES, Julien DUBOIS

Trombones : Sébastien « IEP » ARRUTI, Gabrielle RACHEL, Rozann BEZIER, Nicolas BENEDETTI

Dès le premier morceau : « Orchid Ouverture », les 18 artistes confirment brillamment le statut de Big Band du 21ème siècle avec un son très actuel, notons la rythmique impeccable impulsée par le groove incandescent de Gaëtan DIAZ à la batterie, un collectif puissant laissant la place à la belle prestation solo d’Olivier GAY à la trompette.

Le second morceau, de Thomas JULIENNE : « Masque et tuba » développe une mélodie en plongée aux sonorités graves des saxos et trombones puis se succèdent de beaux chorus de Julien DUBOIS au sax baryton, d’Olga AMELCHENKO au soprano et de Jeanne MICHARD au ténor….Le public manifeste son enthousiasme !

Puis vient une composition riche et variée (aux nombreux changements de tempo) de la talentueuse Jeanne MICHARD, tout d’abord lentement et répétitivement à la flute, traduisant l’ambiance plombée des périodes de covid, puis l’inventivité de Clément SIMON au piano lui succède sur les accords implacables de Nolwenn LEIZOUR à la contrebasse ; puis suit un beau dialogue entre Sébastien ARRUTI au trombone et Jeanne au sax ténor, la trompette d’Olivier GAY nous ramène à plus de douceur.

La proposition suivante écrite par le sax baryton Julien DUBOIS nous embarque sur un engin de navigation découvert en mer Egée il y a 2600ans…..La plongée en abysse est totale : sons graves du baryton de Julien et du trombone basse de Nicolas BENEDETTI, et ceux non moins audacieux de Sébastien ARRUTI…Bref, le public l’a bien entrevue cette machine infernale !!

Suit un morceau du maitre de cérémonie Thomas JULIENNE nous transposant dans l’ambiance d’un café en Ecosse : la mélodie, lyrique au départ, prends par moment des accents médiévaux, puis quelques douces notes de flute de Jeanne, les sons profonds de la contrebasse de Nolwenn, ceux à la fois swingants et percutants de Gaëtan, celles finement égrenées au piano par Clément et enfin celles vibrantes au trombone par Gabrielle et Rozann….Bien agréable !

Ensuite vient une composition de Clément SIMON : « Jokari » : très contemporain, quelques passages plus « rock » sur une rythmique où s’impose la guitare de Katia SCHIAVONE, toujours nos cordes et cuivres graves….Des changements de tempo fulgurants dans cette course effrénée.

Retour sur une œuvre de Thomas JULIENNE : « Interstellar », c’est l’histoire d’un vaisseau spatial qui fait des rencontres bizarres comme l’annonce l’auteur…Les cuivres opèrent en sourdine (trompettes bouchées) puis la guitare de Katia exulte, les bruitages jaillissent de toutes parts : tempête? collision? Rencontre du 3ème type ? Audacieux et inventif….Très musique de film.

Puis vient « Petite Nuit » : quel swing ! Belle performance à la guitare de Katia, puis au saxo de Nora KAMM tendance free avec en écho la gravité du trombone de Sébastien ARRUTI.

Et pour finir un ébouriffant « Nature, abstraction, matin calme », très loin de la zénitude suggérée par le titre mais totalement dans l’esprit d’un final de concert de Big Band : des accords d’abord répétitifs impulsés par la rythmique, d’autres scandés au piano, un solo magistral de Julien DESFORGES au sax tenor, d’olivier GAY et de Gabriel LEVASSEUR à la trompette …Puis tout s’affole : les cuivres, la guitare, la rythmique pour un final collectif très HOT !!!

Merci à l’ORCHID BIG BAND pour cette ouverture de festival très punchy !

Mention spéciale au super travail de sonorisation des techniciens.

« Coucher de soleil sur la jetée avec le « Tom Ibarra Group »

par PhD

L’esplanade se remplit, les uns reviennent de la plage, les autres arrivent pour dîner mais aussi quand même pour écouter. C’est Tom Ibarra et son groupe qui sont invités à ouvrir la soirée et accompagner le superbe coucher de soleil sur le Bassin d’Arcachon. Tom de retour de Marciac où il accompagnait Marcus Miller, est là pour la troisième fois, chaque passage s’étant fait avec un groupe différent. Aujourd’hui c’est avec son sextet actuel, lui à la guitare bien sûr, Jeff Mercadié (sax ténor), Lilian Mille (tr), Noé Berne (basse), Tao Ehrlich (batterie) et au clavier Clélia Abraham qui remplace Auxane Cartigny. La musique de Tom Ibarra a pris un tournant – c’était juste avant le confinement – s’enrichissant d’effets électros, de sonorités actuelles ce qui désarçonne certains et en ravit d’autres ; éternelles évolutions du jazz qui, à chaque fois, crée des clivages, ouvre des voies et montre son éternelle vitalité. Je fais partie de la seconde catégorie, avide aussi bien de découvertes qu’intéressé par l’histoire de cette musique et tous ses courants. Le sextet va nous offrir un concert d’une puissance et d’une épaisseur qui prouvent son évolution, sa maturité. Les titres du dernier album « Luma » trouvent une ampleur sur scène qui est parfois explosive. On sent la surprise dans le public qui peu à peu s’accroche à ce convoi trépidant de musique . Guitare, sax se mêlent sous les effets électros, Tom et Jeff sont fabuleux, la trompette jaillit de la haute taille de Lilian, la rythmique caracole, lourde et vive à la fois, pensez-donc avec Noé et Tao comment peut-il en être autrement ; quant à Clélia elle s’est vite fondue dans le groupe et en plus avec un immense plaisir. Même la marée s’approche pour profiter de ce moment. Que de changements depuis cette scène d’Action Jazz lors de la fête de la musique de 2015 à Bordeaux où nous avions présenté au public un jeune guitariste. Tout cela fait bien plaisir. Rappel demandé avec une version méconnaissable de « Sparkling » titre phare de l’album précédent, voilà du jazz bien vivant, dopé au sang neuf !

 » Nikki et Jules » jusqu’au bout de la nuit « 

par PhD

L’esplanade de la jetée est bondée, les terrasses aussi, on peut parler de foule. Pourtant qui connaît « Nikki et Jules » ? Nous bien sûr mais pas forcément ce grand public caractéristique du festival non pas gratuit mais qui lui est offert comme le précisera à chaque lancement de soirée son directeur Eric Coignat. La nuance est à souligner. Nikki c’est l’épatante Nicolle Rochelle au chant, Jules c’est Julien Brunetaud le pianiste prodige ; et comme ils ne sont pas seuls, la soirée s’annonce explosive : Julie Saury à la batterie entre deux concerts du Lady All Stars de Rhoda Scott, Jean-Baptiste Gaudray à la guitare et Bruno Rousselet à la contrebasse. Leur musique ? Du jazz, du blues de New Orleans et de Chicago, du rock n’roll parfois, pour résumer je dirais du bonheur. Bonheur pour les oreilles et le corps – impossible de rester impassible – mais aussi pour les yeux tant la présence scénique de Nikki est forte. Si en 2020 Jérôme Savary lui a donné le rôle de Josephine Baker pour son spectacle mondialement joué « A la recherche de Joséphine » ce n’est pas par hasard. Elle nous livrera d’ailleurs quelques petites pastilles bakeriennes vocales et chorégraphiques irrésistibles. La jetée s’agite, on danse, le swing, le rock le madison même. Mais parfois on pourrait même danser un langoureux mambo sur ce délicieux « Besame Mucho », ou flirter sur «I’ve got you under my skin ». Mais le plus souvent ça déménage. Maltraitées pour notre plus grand plaisir par Julien, les cordes du piano sont à la limite, l’orgue Hammond est en surchauffe, sa copine Leslie est prête à décoller, Bruno Rousselet ruisselle, Jean-Baptiste et Julie régalent , celle-ci lâchement abandonnée par ses camarades pour un long solo qu’ils suivront en la chambrant et morts de rire ! Et ça durera deux heures parce qu’il faut bien s’arrêter à un moment, sinon Nikki et sa bande de fous et folle auraient pu jouer jusqu’à la marée basse car eux aussi s’amusent autant que nous.

De fait la jam prévue après va être courte, limite horaire oblige, permettant tout de même à l’équipe de Tom Ibarra de revenir et à son ingénieur du son Guillaume Thévenin de se lâcher au micro dans les habits de Stevie et de Prince ! Drôles de berceuses pour les vacanciers résidant autour de l’esplanade !

Quelle soirée d’ouverture ! Bonne nouvelle, il reste encore deux jours de festival.

Galerie photos de Philippe Marzat :

Orchid :

Tom Ibarra Group :

Nikki et Jules ; balances et concert :

Lilian Mille et Guillaume Thévenin à la jam

à suivre !