Albret Jazz Festival #2/3

Texte et photos Frédéric Boudou. (cliquer pour agrandir les photos)

Samedi 9 septembre 2023

Joshua Perez au marché de Nérac

C’est fondu dans le marché de Nérac, à quelques dizaines de mètres du château d’Henri IV, que s’est produit ce 09 septembre le groupe « Joshua Perez Trio ».
Pas facile de jouer du Jazz à 10h30 du matin près d’un marchand de vêtements et non loin de marchands de légumes.
Pourtant ils s’en sortent très bien et peu à peu les gens s’approchent, attentifs, respectueux puis visiblement intéressés.
Il faut dire que l’initiateur de cette formation, Joshua Perez, a déjà roulé sa bosse devant du public. Il a appris la guitare à l’âge de 6 ans, a sorti son premier disque à 20, et a formé ce trio en 2018 pour très rapidement se produire en concert.
La musique de ce trio s’inspire des grands standards du Jazz, avec des pointes Swing, Bebop, Manouche, mais nous montre aussi quelques-unes de leurs compositions originales.
Une très belle surprise pour moi qui ne connaissais pas ces talentueux jeunes artistes.

Line up :
Joshua Perez guitare solo / Leo Watremez guitare rythmique / Thomas Queré contrebasse.

Macadam Farmer au Village des Saveurs

Pur moment de folie communicative, un peu loin du Jazz il est vrai, que nous fait vivre, en cette après-midi ensoleillée « Macadam Farmer » qui revisite des standards d’ACDC, Bee Gees, U2, Queen, The Police, Deep Purple, The Rolling Stones avec des instruments que l’on rencontre davantage dans les bayous de Louisiane.
Ajoutez aux soubassophone, washboard, banjo, guitare accoustique, harmonica, une voix de crooner et vous aurez l’idée du son produit par ce groupe unique qui nous invite à se sourire, à échanger des regards, à s’inviter à danser sans se connaître, bref à partager ce trop court moment de bonheur.
Décalée vous l’aurez compris, cette ambiance à la fois simple et virevoltante nous montre un son Folk Rock et Swing qui ravit le public qui danse sur la piste.
Le « Staying Alive » des Bee Gees est à croquer..

Line up:
Richard Lingals chant, kazoo; Johnny Jumper harmonica, guitare; David Criquet guitare; Oncle Berry banjo; Fidel Castrol soubassophone; Dédé Acoudre washboard.

Haylen au Village des Saveurs

Ah! les fifties… Ah! les sixties…
Haylen s’en inspire visiblement et je suis fan. C’est donc un doux voyage à travers le temps qu’elle nous propose en ce début de soirée.
Dès le premier morceau, on se laisse emporter par cette voix unique, puissante, pas vraiment caverneuse mais qu’on sent sourdre du tréfonds de son être. Sa tonalité, sa tessiture afro-américaine séduit. Le public qui danse joyeusement en est friand et en redemande.
Elle présente ce soir son premier album « Blue Wine » qui nous montre des inspirations Blues, Soul, Rock and Roll, mais, même si c’est son premier album, Haylen n’en est pas à ses débuts. Elle a en effet déjà arpenté nombre de scènes nationales et internationales, croisé l’instrument avec nombre de grands artistes et ses diverses expériences musicales transparaissent aujourd’hui, affirmant davantage s’il en était besoin, sa personnalité.
Haylen se présente sur scène avec une tenue dans le style vestimentaire de sa musique c’est -à -dire très vintage. Lunettes en forme de coeurs, talons, coiffure, coupe de sa robe jaune, tout y est pour nous projeter dans ces années 50/60.
Mais il n’y a pas que la tenue. Il y a aussi la voix bien sûr, mais aussi la prestance, le jeu de scène qui contribuent également à nous plonger dans cette période, cet univers.
Cette chanteuse, excellente guitariste, s’inspire c’est évident d’Amy Winehouse mais aussi entre autres de la grande Nina Simone ainsi que du bouillant Elvis Presley.
Finalement, ce quatuor à cordes, trois guitares et une batterie, nous en impose par son caractère fort, original, tout autant que sensuel.

Sly Johnson au Théâtre de Verdure

Sly Johnson nous présente ce soir un show riche, carré, bien rodé aux influences entre autres Funk, Soul, Hip Hop, Jazz, …
Artiste complet, il a créé seul la plupart des morceaux et nous les chante avec une belle énergie, un rythme puissant portés par une voix unique, sûre d’elle mais avec des accents teintés d’une grande sensibilité voire fragilité.
Artiste talentueux, Sly Johnson a initié ce trio, le « Saïan Supa Crew ».
Anthony Jambon, bien connu de la scène Jazz actuelle l’accompagne à la guitare et Laurent Salzard à la basse qui nous assène un groove énorme.
Sly nous parle de sa vie, ses rêves, ses espoirs, sa chance d’avoir eu pour « petite amie » China Moses laquelle lui a fait rencontrer sa mère Dee Dee Bridgewater qui l’a aidé à se réaliser.
Beaucoup de remerciements dans ses interventions, d’hommages notamment envers les amoureux du jazz.
Il interprète « Georgia on my mind » de Ray Charles tout en douceur, retenue, sensualité, émotion, avec des incursions dans les aigus tout à fait pertinents, étonnants.
Hommage également à son père pour lequel il a créé un morceau « Alive ».
Anthony Jambon nous fait vibrer d’une pure émotion. La guitare pleure, vit, s’émeut.
Quant à Laurent Salzard, il joue d’une basse qu’il rend vivante, sauvage.
Pour sûr, cet artiste a trouvé sa voie et il va s’envoler très vite vers une encore plus grande célébrité amplement méritée.

Fred Wesley au Théâtre de Verdure

22h dans un théâtre de verdure plein à craquer. La foule est calme.
Entre alors sur scène un monsieur âgé, tout habillé de gris, qui semble fatigué. Il se dirige vers le centre de la scène, s’assoit sur une chaise et attend. Peu à peu, au son des instruments de musique qui jouent, son regard s’anime, pétille, se promène sereinement sur le public. Il saisit alors son trombone et là, tout bascule.
La vie le saisit, le transcende et tout le spectacle va nous le montrer en vraie légende, vif, endiablé, vrai meneur de son groupe le New JB’s, The JB’s étant à l’origine le nom de l’orchestre de James Brown de 1970 à 1980 avec lequel Fred Wesley a joué de 1968 à 1975, donnant, créant même, avec ses comparses saxophonistes Maceo Parker et Pee Wee Ellis, ce que l’on appelle alors le son James Brown.
« Le plus talentueux de la planète Jazz funk » disait de lui James Brown.
Et c’est bien ce magnifique artiste qui se produit ce soir devant nous, faisant « rugir » son trombone, inventant des phrasés uniques.
Le trombone, instrument dont il a joué dès l’âge de 12 ans et qui ne l’a plus quitté, fait véritablement partie de lui. Ils sont la même entité et tout semble facile, magique.
Fred Wesley and the New JB’s nous serviront tout au long de cette magnifique soirée et sous la douce chaleur estivale, des compositions du tromboniste ainsi que de grands succès du répertoire Jazz, Soul, Funk.
Fred Wesley chanteur, arrangeur, compositeur, magnifiquement servi par des musiciens très inspirés, nous ont donné ce que l’on espérait peut-être pas, le bonheur… et d’ailleurs, je terminerai en faisant mienne une citation de James Brown lui-même,  » Pour moi, le bonheur c’est Fred Wesley jouant du trombone. »
Fred Wesley, vous l’aurez compris, fut mon GROS COUP DE COEUR de cet Albret Jazz Festival version 2023.

Jimmy Chambert 4tet en After Jazz

Sonny Rollins est à l’honneur en cette fin de soirée avec des arrangements de certaines des créations d’un des maîtres du saxophone par le Jimmy Chambert 4tet, groupe créé par son batteur Jimmy Chambert, d’ailleurs le régional de l’étape Lot et Garonnaise.
Abonné visiblement au 09/09 à 23h30 au festival de Nérac, car il s’y est produit l’an dernier dans les mêmes conditions, le groupe semble ici chez lui, très à l’aise, se lâchant sur les sons et nous montrant au saxophone des arrangements inventifs et variés de morceaux des fifties aux sixties, tout en gardant l’esprit, le swing, de son créateur, le rythme, invitant à se déhancher dans des danses endiablées.
De quoi swinguer jusqu’au bout de la nuit, ce que n’ont pas manqué de faire nombre de spectateurs..

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