Chronique par : Carlos Olivera, photos : Alain Pelletier
Vous n’étiez pas lundi 16 juillet au Musée des arts décoratifs et du design (MADD) de Bordeaux ? Vous avez donc raté quelque chose d’extraordinaire ! Car le quartet de Yazz Ahmed a donné un concert gratuit en en plein cœur de Bordeaux ! Et puis vous vous demandez, qui est Yazz Ahmed ? Bon, j’avoue que je ne connaissais pas non plus cette jeune musicienne britannique d’origine bahreïnie qui se produisait au MADD dans le cadre des « inédites » de l’Eté Métropolitain. Mais son parcours et son profil me semblent très intéressants. Au départ ma curiosité a été attirée par son bandcamp qui la présente comme « High priestess of psychedelic Arabic jazz », chose qui, je l’avoue, a éveillé mon intérêt à en savoir plus sur cette artiste, qui a aussi fait des collaborations avec des musiciens très hétérogènes comme Kenny Wheeler ou Radiohead dans l’album King of the Limbs. Tous ces éléments ont fini par me convaincre d’aller voir en live cette artiste.
Et je suis heureux que ma curiosité m’ait amenée à ce concert aux couleurs très variées, parfois un peu psychédéliques, d’autres très profondes, mais toujours puissantes et excitantes. Le concert a commencé avec un mélange digne d’un film de science-fiction, avec des sons déconnectés qui peu à peu vont trouver leur place ensemble. La suite a été tout à fait intéressante : une succession de thèmes puissants avec une fusion d’éléments électroniques, des sonorités de moyen orient et du jazz très contemporain. « Je me sens comme partie intégrante d’un jazz qui cherche à se moderniser et à se connecter avec un nouveau public, c’est excitant » disait la trompettiste dans une interview, et c’est bien ça que cette excellente formation a montré : un jazz complexe et riche, électrique et avec beaucoup de groove !! Dans cette formation chaque instrument est une voix, une voix qui parle avec un langage différent, avec des rythmes et des intensités différentes mais qui à l’écoute de l’ensemble composent un tout génial.
Une mention spéciale pour l’échange mené entre le batteur et le vibraphoniste qui met en évidence une complicité et un sens du partage génial. Le résultat est une musique très contemporaine, chargée, c’est vrai, mais en même temps fluide !
Un commentaire sur l’espace où s’est déroulé ce concert. Le MADD est un bâtiment magnifique avec une cour qui offre un cadre exceptionnel pour un concert (et j’espère qu’il y en aura d’autres !), et on est heureux de savoir que ce musée se modernise avec une offre culturelle très intéressante : des expositions temporaires très audacieuses comme « Oh Couleurs ! » et l’actuel « Constructions », et les « Jeudis de l’Iboat » cet été. Une chose étonnante pourtant : aucune publicité sur le MADD et ses expos n’a été distribuée lors du concert (ni brochures, ni flyers), chose qu’on trouve dommage car ces événements sont une opportunité pour toucher un public différent ! Peut-être à prendre en compte pour la prochaine fois !
Line-up :
Yazz Ahmed (tp)
Ralph Wyld (vb)
David Mannington (b)
Martin France (dms)
