par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.
L’Entrepôt, le Haillan mercredi 13 mars 2019.
L’Entrepôt a une programmation très variée, du théâtre aux retransmissions d’opéras du MET de New York en passant par la chanson française, la danse etc… Mais le jazz n’est pas oublié notamment lors des « Mercredis du Haillan ».
Ce soir c’est le quintet de Serge Moulinier qui est à l’honneur. Mais d’abord place à Eve, une jeune fille de l’école de musique. Ce sera désormais la tradition que d’ouvrir les concerts du mercredi avec un ou une élève, une nouvelle série, les 5 premières minutes. Eve nous propose au piano le morceau « Oltremare » du compositeur italien contemporain Ludovico Einaudi, spécialiste des répertoires intimistes et romantiques.
Pas facile devant un public nombreux, déjà du talent mais beaucoup de trac, elle en a même oublié d’enlever la sourdine… Belle initiative que de lancer ainsi des jeunes dans le grand bain.
Ce quintet de Serge Moulinier je l’apprécie particulièrement et l’écoute régulièrement.
Un jazz qui flirte avec la fusion, les claviers et la guitare, électriques, de Serge et Christophe Maroye. Des sons de Moog, de Fender Rhodes, des effets de guitare mais sans abuser, qui donnent souvent cette touche 70’s, celle de ce qu’on appelait jazz rock.
Rythmique énergique et créative, comment peut-il en être autrement avec Didier Ottaviani et Christophe Jodet. Le premier est venu avec « sa blonde », un très joli spécimen, parfaitement proportionné, qu’il va certes taper mais beaucoup caresser aussi, une batterie Gretsch aux reflets platines.
Le second est bien accompagné lui aussi, d’un côté une Fender Précison et de l’autre une drôle de contrebasse électro acoustique, très slim.
Alain Coyral aux sax ténor et soprano complète le quintet en lui donnant sa couleur.
Les compositions, à l’exception d’une des frères Moutin et l’autre de Michael Brecker , sont de Serge Moulinier. Chacune s’appelant, quintet oblige, « Quintessence » suivie d’un numéro. Il va bien tenter de nous expliquer une nouvelle fois pourquoi il les joue le désordre, mais une nouvelle fois on ne va pas comprendre. Le principal est qu’à la fin il n’en manquera aucune. Au moins avec de tels titres n’avons nous pas à nous creuser la tête, comme bien souvent, pour deviner le rapport avec la musique. Serge aurait donc pu se donner la part belle, à moi la vitrine, aux autres l’arrière boutique. Il n’en est rien. Sa musique met chacun en valeur, au duo guitare sax en particulier.
Une belle complémentarité de timbres, des duels, des joutes parfois. Mais Serge ne reste pas pour autant dans l’ombre et bien heureusement, prenant des chorus magnifiques, proches parfois de concertos. Il a fait du piano classique, on l’entend.
Ma composition préférée reste « Quintessence 6 » ce soir le 3ème morceau joué (en n°4 sur l’album entre Q7 et Q9, comprend qui peut…) avec son thème qui sonne années 20 et qui s’envole vers des contrées funk-rock puis be-bop. C’est ce mélange qui est intéressant dans ce quintet énergique. Les ballades ne sont pas laissées de côté, bien au contraire, comme la très jolie « Never Alone » de Michael Brecker ou Q9 (vous savez, la n°5) et son clavier très 70’s à la Chick de l’époque.
Très sympas ces concerts petite jauge, pas loin de 100 personnes quand même, musiciens et public bien proches. Et économiques, 5 € ! Mais pourquoi celui-ci, ravi et pas avare d’applaudissements, s’enfuit-il ainsi dès la dernière note jouée alors qu’il est encore tôt et que visiblement peu iront travailler le lendemain matin ?
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