Julie Saury – Bruno Rousselet – Fred Couderc – Sébastien Giniaux
« Duke and Billy’s New Colors »Duke Ellington
par Philippe Desmond
Alors là, pour un disque original c’en est un ! Faire du neuf avec la musique de Messieurs Edward Kennedy Ellington et William Thomas Strayhorn, autrement dit le Duke et son fidèle butler Billy, il fallait oser !
Ceux qui se sont lancés dans ce projets ne sont pas là par hasard, Julie Saury (batterie), Bruno Rousselet (contrebasse) et Fred Couderc (voir plus loin) sont des membres éminents du Duke Orchestra de Laurent Mignard et depuis une vingtaine d’années y font revivre les belles heures des big bands américains et de ces compositions si importantes ; Duke le plus grand compositeur du XXè siècle selon Rhoda Scott, bien assisté par son alter ego Billy rajouterai-je.
Mais ici on est loin du big band, d’abord avec peu de musiciens, quatre avec aussi Sébastien Giniaux (guitare et violoncelle) et un invité sur deux titres, Claude Egéa le lead trompette du DO mais surtout par la métamorphose des titres qui parfois pourraient donner lieu à un blind test.
New Colors annonce le titre de l’album. Ces couleurs nouvelles viennent beaucoup des instruments utilisés par Fred Couderc : flûtes, Pivana (taillée dans une corne de bouc !), cor anglais, Bansuri, Ney, clarinette basse et saxophone basse ; on l’entend tout de même au sax soprano sur un titre. Les arrangements totalement originaux et ces sons différents, s’ils peuvent parfois dérouter, montrent que la musique de Duke et Billy est d’une richesse infinie. Chacun joue, en plus, un titre en solo dont seule une écoute très fine vous fera deviner le titre sans tricher en lisant la pochette ; ces impros inspirées puisent leurs racines dans des motifs des titres originaux.
Quelle belle surprise que cet album, non que l’on doutait du talent de ses auteurs qui nous offrent ici leur nectar, mais de par l’univers où ils nous entraînent, exotique, coloré comme la pochette.
J’imagine Duke écoutant ça là-haut, assis à son piano, accentuant son éternel sourire en découvrant goulument son œuvre ainsi revisitée et ce jazz renouvelée à l’infini.
Un album remarquable !
Label « Juste une Trace » : https://www.juste-une-trace.com/fr/