par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.
Jeudi du Jazz de Larural, Créon (33) le 5 avril 2018.
On le sait, et ce blog s’en fait souvent l’écho, le jazz a de multiples formes, anéantissant ainsi les arguments de ceux qui se vantent ou se lamentent de ne pas l’aimer. Dire qu’on n’aime pas le jazz n’a pas plus de sens que de raconter qu’on n’aime pas la nourriture, il y a toujours quelque chose qui est à son goût. Le jazz c’est plus une façon de jouer et de s’exprimer qu’un style bien défini de musique d’ailleurs. En cette semaine au Théâtre des 4 saisons de Gradignan, pour le festival « Mets ta nuit dans la mienne », une partie de la nouvelle scène française jazz s’expose avec ses expérimentations et ses recherches bénéfiques à l’avancée de cette musique. La Gazette Bleue vous en parlera bientôt. Ce soir c’est davantage une approche vers le grand public qui nous est proposée, bénéfique elle aussi.
C’est le Rix’tet qui est chargé de passer le message au nombreux public créonnais du 4ème et dernier « jeudi du jazz » de la déjà 9ème saison. Les bénévoles de Larural, qui organise l’événement, sont ravis car après les deux dernières séances en baisse de fréquentation – un hiver à rester chez soi – ce soir on ne sait plus où mettre les gens.
Dégustation de vin, soupe, navarin d’agneau et douceurs sucrées et place à la musique.
La scène est habillée de rouge dans une ambiance de cabaret très cosy. Serge Moulinier, le programmateur en chef (!), vient présenter la soirée et surtout la prochaine saison qui sera la dixième, ce qui se fête bien sûr. Et le programme s’annonce très intéressant (voir en fin d’article).
Le Rix’tet c’est d’abord Rix, alias Eric Delsaux, à la guitare jazz électrique et au chant, sa légendaire casquette vissée de travers sur la tête et ce soir arborant une magnifique chemise.
Pour la faire ressortir les autres sont tous en noir, Joris Seguin en configuration absolument minimaliste, une simple caisse claire,
Pascal Fallot aux commandes d’une contrebasse électrique très design – et qui sonne très bien –
Joachim Montbord et sa guitare manouche à grande bouche
et Jérôme Dubois au bugle et à la trompette. Comme dit Joris « un truc bâtard mélangeant des instruments pas forcément assortis ». Mais on le sait depuis longtemps, les bâtards ont souvent plus de qualité que les pures races, le concert va le confirmer.
Le répertoire du Rix’tet on le connaît à Action Jazz car ce groupe tourne très bien dans la région et au delà aussi, mais ce soir énormément de personnes vont le découvrir. Ils font partie pourtant des seules deux formations à se produire pour la deuxième fois ici, c’était il y a six ans ; au programme Frank Sinatra, Nat King Cole, Gershwin, Cole Porter … et quelques compositions. Du jazz swing 50’s avec une pointe de manouche, de rock et des surprises.
Pas de big band ni de rivières de violons autour du crooner Rix mais une formation vive et punchy, très en place et créative.
Écoutons le travail à la caisse claire et aux balais uniquement de Joris Seguin, c’est du grand art, faire autant avec si peu ; il nous ferait presque de la peine, comme si on lui avait volé son matériel, pas une cymbale, pas un tom et pourtant qu’est ce qu’il assure !
A ses côtés Pascal Fallot tient la rythmique de ses lignes de contrebasse sans manquer de faire le clown bien sûr, toujours à chercher le regard de Joris ou Joachim pour se marrer ; mais attention il joue !
Joachim Montbord assure la « pompe » rythmique avec ce si beau son naturel de guitare mais il chante aussi en chœur et en soliste.
Les chorus c’est souvent Jérôme Dubois qui les prend, la trompette enrichissant le style par sa présence inhabituelle dans ce genre de musique, une bonne idée que de l’avoir intégrée.
Quant à Rix il tient le devant de la scène, crooner baryton à la voix suave ou voix de tête parfois, surprenante, comme dans la non moins surprenante reprise swing du « Roxane » de Police émaillée d’extraits de « Here comes the rain again » (pitié, plus de pluie !!!) de Eurythmics et « Englishman in New York » de Sting (qui n’étais pas très loin, à Saint-Emilion exactement où il a été intronisé ce même soir). « Sweet Lorraine », « Whitchcraft », « I’ve got you under my skin »… rien ne lui résiste. A la guitare, sans autre effet que le micro, il embellit les thèmes de ses chorus alertes et précis. Le Rix’tet c’est la grande classe, des moments de groove – cet instant où les musiciens sont en parfaite osmose rythmique – maîtrisés et toniques, ça marche à tous les coups !
Le public toujours attentif et à l’écoute ici – autour de 250 personnes quand même – ne s’y trompe pas et réagit avec enthousiasme. Car en plus d’être très agréable à entendre et à ce sujet bravo à l’ingé son toujours au top, c’est beau à voir grâce à de belles lumières. Ce public j’espère qui réalise qu’il a une chance énorme d’assister à des soirées d’une telle qualité pour un prix d’une grande modestie, 5 euros…
Saison 2018-2019 :
jeudis du jazz : formule cabaret habituelle
18/10/2018 : Laurent Coulondre en trio
20/10/2018 : Nowhere : Ouriel Ellert (b) , Anthony Jambon (g) , Martin Wangermée (dr)
14/02/2019 : Gaëtan Larue
11/04/2019 : Soirée d’anniversaire avec 10 musiciens ayant déjà participé aux jeudis du jazz
soirée spéciale : concert assis
vendredi 15/02/2019 : Emile Parisien et Vincent Peirani (concert assis)
http://k-music.fr/catalogue/groupe/rix-tet-75
