Texte : Philippe MARZAT , photos : Alain PELLETIER 

Marmande (47 ) / Théâtre  Comœdia / 12 octobre 2019

Parfois, quand l’automne tente de nous avertir qu’il arrive en nous éclairant d’une lumière plus douce, dorant légèrement la campagne, le photographe en oublie de travailler tant l’émotion l’étreint. C’est un peu comme cela que je me suis retrouvé à Marmande, à Jazz & Garonne 2019, pour une série de concerts. Le samedi soir, le batteur Stéphane Huchard, pour commencer la soirée, se lance, en famille, pour un émouvant anniversaire. Et puis, après une courte pause Olivier Ker Ourio quintet et son «Singular Insularyty» nous embarquera pour les antipodes, au doux chant de son harmonica.

Grégory Privat

La salle du Théâtre Comœdia à Marmande est emplie de passionnés de jazz et quand je dis jazz, c’est dans son acceptation générale, allant du jazz au jazz en passant pas tous les continents. C’est vous dire… Ce soir cela tombe bien, nous sommes là pour voyager grâce à cette musique que nous aimons. Et pour cette odyssée, nous avons droit, entre autres, à du jazz d’outre-mer, empreint (j’allai dire embruns) d’air musical du large, allant d’îles en îles, au gré de ces vents qui portent les hommes et les âmes. La preuve, un quintet de tous les atolls et continents, de l’hémisphère du sud. Il y a là, à l’harmonica et aux compositions : Olivier Ker Ourio, originaire de l’île de La Réunion, au piano et clavier, Grégory Privat, de l’île de La Martinique, à la basse, Linley Marthe, de l’île Maurice, à la batterie, Arnaud Dolmen, de l’île de La Guadeloupe et enfin, aux percussions diverses et variées, Inor Sotolongo, de l’île de Cuba. Un mélange solaire venu des migrations d’antan. Ils nous offrent, en plus de leurs complicité et de leur bonhomie, un mélange musical filtré aux alizés.

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Olivier Ker Ourio propose une série de compositions originales, où alternent la douceur des plages et le bleu des lagons, et la force des vents du large irrésistiblement puissants et rythmés. Olivier, qui à côtoyé des musiciens hors pair comme Michel Petrucciani, Paolo Fresu, Sylvain Luc, Didier Lockwood, Philip Catherine, Ralph Towner et quelques autres,  nous montre ici qu’il a réussi un harmonieux mélange, comme une alchimie mêlant ses rencontres à sa nature profonde.

Son harmonica, qu’il tient serré entre ses doigts comme dans un cocon, et son souffle pulsé, se muent en un instrument de transmission de son ressenti à notre émotion qui le perçoit.

Arnaud Dolmen

Ses vibrations sonores, où alternent le tendre et le violent, ses mélodies, insufflées à l’harmonica, se lovent dans nos têtes et nous emportent dans ses périples au bout des mondes. Cela va durer une belle heure et demie, voguant d’atolls en lagons, avec au loin le volcan, qui sommeille et tremble de temps à autre. On ne voit pas le temps passer, mais voilà, tous les voyages ont un port de départ mais aussi un quai d’arrivée. Par ses applaudissement, la salle comblée ovationne Olivier Ker Ourio et ses compagnons de scène. Ils nous saluent comme pour nous remercier d’avoir aimé.

La claque redouble de puissance. Olivier et ses camarades reviennent sur scène et nous offrent pour rappel un invité de choix, Eric Séva, qui joint son saxophone  pour un dernier morceau. Le public est ravi et, après une nouvelle salve de bravos, chacun repart, d’archipels en lagunes, pour le reste de la nuit.

 

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Et n’oubliez pas, bientôt Jazz à Caudéran organisé par Action Jazz !

Réservations sur ww.jazzacauderan.fr

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