par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.
Comptoir Ephémère, Bordeaux le 27 mars 2018.
Récemment Terreon Gully était de passage à Bordeaux à l’invitation d’Olivier Gatto. L’occasion de deux rencontres avec le public, la première en masterclasss au CIAM (voir lien en fin d’article) et la seconde en concert au Comptoir Éphémère. Terreon Gully n’est pas n’importe qui il est l’un des batteurs actuels les plus inventifs et les plus recherchés ; il est depuis cinq ans le batteur de Dianne Reeves, il joue aussi avec le contrebassiste Christian McBride, la chanteuse Abbey Lincoln, le pianiste Jacky Terrasson… voilà pour le jazz, mais on le retrouve aussi avec Burning Spear, du reggae, Lauryn Hill, du hip hop, Yerba Buena, de la fusion latino… On l’entendra bientôt, on l’espère, sur l’album d’Olivier Gatto en phase de finition, enregistré l’an dernier à l’Entrepôt du Haillan avec une brochette de musiciens exceptionnels. C’est quand tu veux Olivier, nous on est prêt… Lien en fin d’article.
Il y a du monde au Comptoir Éphémère mais il aurait pu être davantage rempli. Une occasion manquée pour certains, un grand moment pour les présents. Certes on est un mardi soir mais justement le mardi soir il n’y a guère de proposition et le choix s’imposait.
Pour recevoir Terreon Gully, Olivier Gatto a monté un combo très solide. Shekinah Rodz est au sax, alto, soprano, à la flûte et au chant et aux percussions légères, Francis Fontès est au piano électrique, Frantz Flereau est aux percussions – tous les deux guadeloupéens vivant à Bordeaux – et bien sûr lui même à la contrebasse.
Dès le départ la version de « Nardis » donne le ton, Terreon est là et bien là, le titre est métamorphosé par le drumming à la fois énergique et nuancé de l’Américain. Le public qui le découvre s’aperçoit vite à qui il a affaire, ça rigole pas ! Comment un standard de be bop peut gagner en musculature, on est très loin des balais initiaux de Philly Jo Jones et même au delà de la fougue de Tony Williams quelques années plus tard, ça claque ! L’arrangement est de Terreon, on le comprend très vite à l’écoute. « Softly as in a morning sunrise » va subir un peu plus tard la même cure de jouvence, c’est exceptionnel.
Terreon n’est pas tout seul et les autres régalent et se régalent. Shekinah la femme orchestre, magnifique une fois de plus, et encore ce soir elle n’est pas aux congas,
ces derniers c’est Frantz Fléreau qui s’en charge. Pas étonnant qu’il parcoure la planète depuis sa base bordelaise pour jouer avec tout le monde, il est fantastique.
Quand on a besoin d’un pianiste pour ce type de répertoire avec parfois des intonations afro-cubaines c’est le carabin caribéen Francis Fontès qui s’impose. Il avoue avoir souffert sur certains titres mais qui s’en est aperçu ?
Olivier a tenu la baraque, Terreon nous ayant déclaré la veille lors de sa masterclass que c’était la ligne de contrebasse qui était la plus importante pour lui et lui permettait de s’appuyer dessus pour sa rythmique. Il est allé aussi nous chercher quelques titres pas si habituels que ça qu’il a en plus arrangés. Et c’est à lui que revient le mérite d’avoir réuni ce superbe plateau.
Final éblouissant au chant pour Shekinah, pour Frantz aux percussions, pour tous sur « Obsesion » qui de balade se transforme en frénésie !
Comme au bon vieux temps le Comptoir a vécu une superbe soirée que certains ont ratée, mais nous, nous avions flairé le bon coup ; avec Olivier Gatto aux manettes ce n’était pas très difficile.
La set list :
Nardis (Miles Davis, arrgt Terreon Gully)
Belize (Rickey Kelly, arrgt O.G)
Phantoms (Kenny Barron arrgt O.G)
Résistance (Frantz Fléreau)
Tank’s Tune (Terreon Gully)
Softly as in a Morning Sunrise (arrgt Terreon Gully)
Song of Samson ( Keith Brown)
Obsesion (Pedro Flores arrgt O.G)
https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/masterclass-terreon-gully-une-lecon-dhumilite/
http://blog.actionjazz.fr/olivier-gatto-spiritual-warriors-orchestra-at-work/