par Philippe Desmond

Quelque part en Gironde, jeudi 10 juin 2021.

Qui le 11 juin 2020 aurait cru que le Jazz Club Ephémère du Bordeaux Swing and Wine serait encore debout un an après. L’éphémère devient durable et on s’en passerait bien… Mais ne boudons pas le plaisir de retrouver le trio originel après déjà 19 concerts et encore plus d’invités, avec ou sans public, en présentiel ou en visio (que ces termes disparaissent à jamais !) ou les deux comme ce soir.

Nous sommes une grosse vingtaine ce soir répartis entre le jardin et l’intérieur de la maison où se trouve « la scène » ; en ligne derrière leur écran d’autres spectateurs alimentés par trois caméras, une seule au début ! C’est le maître de cérémonie Benoît Teytaut qui gère la vidéo et répond aux commentaires.

Stéphane Séva (washboard, percus, voix), Laurent Vanhée (contrebasse) et Hervé Saint-Guirons (claviers), le trio de base, accueillent le trompettiste Michel Bonnet. Celui-ci longtemps membre du big band de Claude Bolling a aussi joué avec Claude Luter et Dany Doritz, il fait partie des Gigolos qui reprennent leur spectacle Louis Prima Forever et a aussi joué avec les Pink Turtle. Un musicien à la large palette donc.

Swing…and Wine, ce soir celui du château Brethous, un Côtes de Bordeaux-Cadillac présenté par la vigneronne Cécile Mallié-Verdier qui travaille en bio-dynamie. Dégustation généreuse, quelques provisions pour l’été voire l’hiver et en avant la musique !

Répertoire de jazz classique, « old » diront certains, intemporel rajouterai-je. « Don’t get around much anymore » de Duke Ellington, « Lover come back to me » immortalisé par Billie Holiday, « Absolutely » de Chabot Smith, le concurrent de Louis Armstrong qui n’atteindra jamais sa notoriété, « Undecided » de Charlie Shavers, « Edison Light » de Harry « Sweets » Edison, LE trompettiste de Sinatra. Presque une conférence concert de Michel Bonnet qui nous présente ainsi des collègues à lui pas des plus célèbres, sinon des spécialistes de cette époque du jazz. Très instructif et musicalement impeccable. Michel Bonnet avec ses nombreuses sourdines fait vraiment parler sa trompette, un style classique mais une patte personnelle.

Avec le trio maison il est confortable, car chacun des trois ne se contente pas de l’accompagner avec justesse mais participe aussi à la fête. Les chorus s’enchaînent, ca scate, ça chante, ça déclenche les claps du public. Quelle joie de se retrouver ainsi au milieu de la musique réelle, vivante, humaine !

Voilà un immense standard, « Moon Indigo » du Duke, la trompette le chante, tout comme Laurent qui accompagne son chorus de la voix, une découverte. Il tiendra ensuite l’envoutante ligne de basse de « When you’re smiling », le premier morceau joué lors du tout premier concert du B S&W un an avant.

Pour terminer « Joe Louis » le boxeur, composé par Bill Coleman le trompettiste à l’origine de la création d’un certain gros festival dans le Gers… Un tour à la « Saint James Infirmary » avant l’injonction « I want to be happy » ; on y pensera.

Bravo au B S&W d’avoir créé ce concept en cette triste période de disette nous permettant de rompre l’ennui certains jeudis soir.

Merci à leurs invités tout au long de cette année : Tatiana Eva-Marie, Marie Carrié, Aurore Voilqué, Monique Thomas, Yann Pénichou, Didier Ottaviani, Jean Vernhères, Antoine Fillon, Alex Golino, Pascal Legrand, Claude Brau, Pierre-Louis Cas, et les danseurs Betty Crispy et Russel Brunner.

Prochain concert le jeudi 22 juillet avec comme invité le grand Guillaume Nouaux aux baguettes. En août c’est Adrien Chevalier le violoniste du Avalon Jazz band qui quittera New York pour venir en Gironde. Suivez le B S & W sur Facebook.

Bon anniversaire B S & W ! Ici avec gâteaux et quelques bulles on s’en est occupé !

 

 

 

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