par Vince, photos David Bert
Rocher de Palmer Cenon – 6 mars 2020
Kilo : batterie et platines
Liliboy : chant
Pépé : saxophone, trompette et claviers
Soubri : percussion, claviers
Kaya : basse
Pietre : guitare
C’est au lycée que les membres fondateurs et autodidactes, mais pas encore moustachus, se rencontrent. Ils reprennent -M-, Supertramp ou Keziah Jones dans les bars et les rues d’Aix-en-Provence. En 2009, ils remportent la première place du concours Class’EuRock et sont repérés par un des membres du groupe Chinese Man qui leur propose d’envoyer une maquette à leur label. Peu de temps après, ils rencontrent la chanteuse Liliboy et enregistrent un premier morceau, Pony, qui deviendra l’un des titres phares du groupe, puis un premier EP qu’ils signent sous le label Chinese Man Records.
L’EP Polishing Peanuts (2011) qui est intégralement enregistré dans un appartement, connaît un véritable succès, avec de nombreux passages en radio et des millions de vues sur YouTube. Peu à peu, passant à Taratata, puis en signant la bande originale du film « Les Profs », réalisé par Pef, Deluxe sera récompensé par le Prix Talents Adami Deezer.
Deluxe Family Show, le premier album sorti en 2013 comprend des titres mythiques et le groupe enchaîne une longue série de concerts en France et à l’étranger (Italie, Suisse, Belgique, Allemagne, Royaume-Uni, Chine, Canada). Leur style hybride Electro swing, Hip-hop, Funk jazz, leur permet de participer à des festivals et scènes prestigieuses, telles que les FrancoFolies de Montréal, le Printemps de Bourges, Solidays et même le prestigieux Montreux Jazz Festival.
En 2015, Deluxe crée sa propre société de production, NANANA Production, avec lequel ils auto-produisent désormais leurs concerts.
Stachelight (2016) est l’album de la consécration : Deluxe s’entoure d’Akhenaton et de Shurik’n du groupe IAM, de Matthieu Chedid et de Nneka. Les titres Tum rakak et My World sont enregistrés en symphonique avec les élèves du Conservatoire d’Aix-en-Provence, ce qui montre leur large ouverture d’esprit côté styles de musique.
Les collaborations s’enchainent sur l’album Boys and Girls sorti en 2019, avec Némir, Oxmo Puccino, Stogie T et Mr Medeiros.
C’est « Boys and Girls, suite et fin », que Deluxe est venu présenter ce vendredi soir au Rocher 1200. Plein comme un œuf, un public très bigarré, des gamins, des quadras, des djeuns et même des jazzeux curieux, comme les kronikeurs globe-trotteurs d’Action Jazz !
Après un DJ assurant la première partie (que j’ai manqué, désolé), Deluxe surgit sur scène vers 21h30. Ce léger retard aura fait le bonheur des bars du Rocher, largement fréquentés pour l’occasion. L’intro du groupe, voix off façon match de catch, nous donne l’impression que l’on va voir surgir des gladiateurs au lieu d’un groupe musical !
On n’en est pas loin ! Habillés de tenues colorées, rouge, or, violet, turquoise, et poussant loin le délire vestimentaire les membres de Deluxe investissent la scène, bien disposés à en découdre avec le groove ! Ça va chauffer ! Entre look « Astérix mission Cléopâtre » et vestes à franges façon the King, les 6 compères allument le feu sous une marmite de spectateurs prêts à s’enflammer.
Pépé entre en dernier sur scène, chevauchant son saxophone, à la manière d’un cow-boy sur un cheval de rodéo. Le ton est donné, la soirée est lancée. Ça chauffe déjà très fort !
Les moyens sont là aussi. Scène entièrement blanche, y compris les pieds de micro et même Gwendoline du crew, (qui est habillée en blanc et qui filme le live sur scène), pour mieux se fondre dans le décor.
Au centre du fond de scène, la fameuse moustache, logo légendaire du groupe, se pare de couleurs multiples au son du groupe. Très réussi.
Même Liliboy la chanteuse se doit de porter la moustache, signe de reconnaissance incontournable du collectif. Pour elle, c’est sous la forme d’une jupe, oui une jupe moustache !
Musicalement, les purs amateurs d’Ella Fitzgerald, de Gershwin ou encore de Keith Jarrett n’auront pas de chance de trouver leur compte là-dedans, mais il faut quand même reconnaître que çà joue grave en live. Pépé ne se contente pas du saxo, qu’il décline au baryton et au soprano ; la trompette et les claviers, piano, vocoder, moog bass… ne lui font pas peur ! Pour la voix, Liliboy, qui semble être tombée dans une marmite d’hélium quand elle était toute petite, pousse la note dans des registres plutôt éloignés du monde jazz, soyons honnêtes. Mais cela colle parfaitement au style métissé de Deluxe, ne cherchant pas à se cataloguer réellement. Côté batterie et percus, une petite battle montre le talent des autres moustachus Kilo et Soubri. A la basse et à la guitare, les compères ne sont pas en reste ; l’intro slap de Leo Messy est franchement bluffante.
Là où le groupe est à la fois attendu et épatant, c’est qu’il réussit à passer d’un rythme funk ou jazzy à du gros son electrodub bien gras, comme on l’aime. Des gros breaks de l’espace ponctuent ce genre de passages qui électrisent le public. Champions pour bouger toute la salle, ils font vraiment passer un bon feeling. Très proches du public et sincèrement communicatifs, ils se lancent dans une reprise acoustique du titre Nemir au milieu de la foule. Tout le monde assis autour d’eux : ils chantent et jouent au cœur du parterre une partie de leurs 6 titres de rappels. Quelle générosité !
Pour cette première date de leur nouvelle tournée de printemps, Deluxe semble motivé comme jamais et formidablement bien dans sa peau. Ravi et reconnaissant au public de remplir les salles, le groupe sait faire plaisir aux petits et aux grands et sait aussi faire de la musique qui fait du bien, de faire du sérieux sans se prendre au sérieux. Espérons que ce passage par Cenon sera de bon augure pour la suite de leur tournée et que nulle grippe chinoise ne viendra annuler les dates prévues. Ce serait un comble quand on signe sous le label Chinese Man !
Deluxe Set list :
- Back in the time
- My game
- Get down
- I love you
- Egoraphobia
- I got
- Daniel
- Leo Messy
- No stress
- Shoes
- Tum Rayak
- Pony
Rappel
- Medley (premiers succès)
- Nemir (acoustique au milieu du public)
- Forward
- Fuck life
- Superman
- Tall ground
- Barcelonnette