JEANNE MICHARD

ENTRE LAS FLORES
Par Cédric Pichot
LINE UP
Jeanne Michard : Sax ténor / Composition
Clément Simon : Piano/ Rhodes / Voix / Choeurs
Natascha Rogers : Percussions / Voix
Pedro Barrios : Percussions / Texte et Voix lead
Maurizio Congiu : Contrebasse / Choeurs
Julien Lourau : Directeur artistique
GUESTS
Paloma Pradal : Texte / Voix 5/9
Nelson Palacios : Texte 9
Sebastian Quesada : Timbales 9
Robin Sotolongo : Chœurs 1
Jeanne Michard, révélation des Victoires du Jazz 2023, saxophoniste, poursuit sa route avec son latin quintet, par La Havane, New York, Paris.
Récemment de passage dans le Bordelais, nous n’avons pas hésité à aller l’applaudir à Cénac le 30/05 dans le cadre de Jazz 360.
De plus, quand on voit sur le papier, que la direction artistique est tenue par Julien Lourau, on est sûr de ne pas se tromper, et lui non plus ne s’est pas trompé, il a eu le nez creux ce vieux briscard, au mille réalisations et contributions dans tous les styles confondus.
Pour son deuxième album, Jeanne Michard, nous prouve son talent, en nous écrivant une histoire lumineuse.
Ce nouveau disque, sorti le 26 avril 2024, entièrement composé par ses soins est particulièrement bien abouti, tant sur le son que sur la justesse des morceaux, disque tout en douceur qui montre et nous fait découvrir la richesse du son de son saxophone. Un vieux saxophone ténor des années 40, au timbre chaud et bien rond.
Entourée du même Line up, que sur le précédent opus, les compositions nous font voyager dans une ambiance cubaine, teinté de salsa, le morceau numéro cinq « Musica Hermana » en est la preuve.
Même si l’artiste signe sous son propre nom, c’est un vrai groupe que nous pouvons écouter, car elle laisse la place à ses frères et sœurs de jeu. Tout est bien maîtrisé, et l’on sent la joie de jouer ensemble qui se dégage de chaque morceau.
Le premier , « Entre Las Flores », explore un univers légèrement fantomatique, où la « no note » a sa place et rend le chorus particulièrement intéressant, Jeanne nous déroule sa vison du morceau, tout en profondeur, repris en suite par Pedros Barrios, qui ramène une cohérence à l’ambiance , avec une voix puissante, très latine, entre rap et salsa, on peut dire que ça démarre bien…
L’opus suivant nous transporte dans la moiteur d’un climat de bar, tout enfumé de cigares cubains, qui donne ce son très suave, Jeanne laissant libre court à son phrasé si puissant. Le thème est langoureux, profond et d’une délicatesse subtile.
Puis s’en suit « Silver train » et, comme son nom l’indique, efficace, chantant, nous entraînant sur les rails des pays d’Amérique du Sud.
Un interlude fort intéressant vient faire le trait d’union entre ces deux morceaux, petite saynète où l’ambiance est posée par le piano, lancinant, obsédant, Jeanne laisse la place à son Line-up.
Dans un esprit de Fado « Musica hermana » nous fait voyager à son tour, entre Lisbonne et Rio. Jeanne prend le lead et vient poser ses notes sur la voix de Paloma Pradal, des notes suaves, riches, intenses, et les deux artistes se répondent et nous transportent. Sa voix est puissante et emmène le morceau vers un côté « «prophétique» », on est à la limite de la voir partir en transe ; ce côté envoûtant de la musique est d’un bonheur rare.
La suite est délectable et la qualité d’enregistrement est au rendez-vous.
L’album se finit par un morceau digne du « Buena Vista Social Club », où la voix de Nelson Palacios n’est pas pour rien. Le Fender Rhodes de Clément Simon ramène un côté seventies.
Mélange de genres, ce disque fait la part belle aux sons latins et cubains. Entourée de musiciens d’une intelligence rare, Jeanne a su marquer le temps avec ce projet qui à mon sens restera un disque précieux.
A écouter et faire écouter.
SORTI CHEZ QUAI SON RECORDS LE 26 Avril 2024
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