par Alain Flèche, photos Michèle Mériaud

Samedi 21 septembre 2019

TROIS PALIS (2)

Samedi 21 septembre 2019

Gilles Coronado : guitare / Elodie Pasquier : Clarinettes

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Encore un duo. Ca vit, ça bouge, ça parle, ça hurle ! Chacun y va de sa compo, de son élan, de sa faconde. En direct, des notes, des mots, des sons qui gonflent, s’obstinent, se modifient. Discussion à 3, public compris. Ils sont bavards, plein de trucs à se dire, nous prennent à témoin, en nous prenant la main, les oreilles, le cœur et l’âme. Gilles, planqué derrière sa guitare et boites d’effet, Elodie, très dynamique, porte le duo, nous emporte dans leur monde, tantôt doux, ou furieux, sans nous laisser trop le temps de souffler. Ecriture complexe, prétexte à tapis de cordes où se roule la clarinette sans retenue. Des accords difficiles d’exécution pour un vent qui tourne autour de chaque proposition avant de les prendre à bras le corps jusqu’à épuisement (provisoire) du sujet. Pédales d’effet ‘disto’/fuzz, son rock progressif, pas agressif, où flâne la clarinette souriante en folie soyeuse. Puis, on s’agite. Le ton se durcit, monte, enfle. Des accords paraissent approximatifs, en fait : très précis sur une écriture exigeante. Un ouragan de notes longues, tenues, rapidement sans retenue… et c’est parti pour une course de notes libres qui partent dans tous les sens de l’espace rempli de feux follets qui n’en font qu’à leur folie. Plus loin, des accords qui pourraient être dissonants s’ils n’étaient aussitôt résolus par une clarinette appliquées à faire naître le Beau de par des notes choisies, comme des pièces de puzzle donnant cohérence à l’ensemble. Maintenant : petit cours sur les possibilités étendues du tube à clés, tessitures, octaves, lignes et courbes, tout est passé en revue, sans complexe mais sans rien de superflu ni ostentation pour autant. la guitare saturées s’immisce subrepticement jusqu’à rattraper le flot de notes qu’elle accompagne sur un magnifique tutti endiablé qui nous laissera fourbu. Ce beau concert finira sur 2 morceaux : « Rapide et Fort », puis : « lent et Doux ». En fait, tout se mélange, tourne en round et en diagonal. Des ostinentos de cordes pour libérer le vent qui s’évade du tuyau de bois noir. Et hop, on inverse les rôles. On se retrouve dans l’espace, un nuage d’astéroïdes incontrôlés qui finissent par se ranger dans le même sens, et foncent dans le silence de la nuit sidérale. Silence, souffle sans note, vent solaire qui tourne autour des étoiles scintillantes. Les 2 instruments se rejoignent enfin pour un beau et profond tutti qui nous laissera perdu au milieu des galaxies inventées et de rêves à venir.

 

SONGS FROM BOWIE

Rémi Gaudillat : tp, arr. / Fred Roudet : tp / Laurent Vichard : clar Basse / Loic Bachevillier : tbn

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Un quartet de soufflant revisite le Dandy anglais. Répertoire arrangé/dérangé. Des notes dans tous les coins, des idées gavé partout… pas toujours évident de retrouver les traces des titres originaux ! On reconnaîtra tout de même ‘Space Oddity’, ‘The man who sold the World’, ‘Life on Mars’ (en rappel somptueux), et… quelques autres. On passe de : musique de chambre (d’écho-pain) à fanfare ‘marching band'(e de fous) à Brass Fantasy (à se demander parfois si l’hommage concerne David ou Lester ! Il est vrai que cette formation a déjà décortiqué le travail du génial trompettiste de l’AEOC, et puis ce son qui va chercher les notes au fond de la gorge, au cœur du métal, avant d’éclabousser par des myriades d’étoiles toutes oreilles en éveil, son que Rémi et Fred ont largement assimilé). Y a du Pop, du Rock, du Jazz là-d’dans. On y entend aussi du Satie dans ces compositions décomposées en chansonnettes bancales. Ca joue à 2, 3, tous, ou seul, ça circule, ça tourne, ça joue ! Bien souvent, hors chorus, les trompettes assurent les ‘back-ground’, ce qui ne les empêchent pas de largement dépasser ce role sage pour faire de drôles de bruits colorés, ou pour partir en vrac dans des assauts total free qui propulse le soliste dans des sphères détonantes. Les intro, toutes différentes : tous en harmonie, tous en folie, Tbn et Cln , Tp seule… et autres. La clarinette assume parfaitement le role de basse, des chorus ‘à l’aise’ sur tous genres, rythm, styles (Denis Colin ?), sur les notes tenues en bourdon on entend le tempura indien, un enchantement. On découvre un fabuleux jeune tromboniste, joli son avec des idée plein la tête, virtuose avec beaucoup de sentiment, vraiment original… à suivre… de près ! Et puis le bonheur d’entendre à nouveau les 2 compères (ils étaient là l’an passé), concentrés et joyeux, bavards et jamais ennuyeux, son peaufiné, idées bien précises, ils connaissent le chemin par où nous entraîner pour des voyages d’où on ne revient jamais tout à fait indemne. Et ça continue, rien ne semble seulement ralentir la machine à bonheur, écrasant tous doutes sur la haute qualité des 4 lyonnais qui ont l’air de bien s’amuser à nous perdre dans leur jeu de cache-cache inventé de leur intelligence fertile : Bowie, pas-Bowie, ça pourrait, rien n’est bien sûr. Laisse tomber, c’est bon, écoute, c’est beau.

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Carte AJ