Jazz et Vin en Double :

Contrefaçons et Roger Biwandu Bordeaux quintet

par Martine Omiécinski, photos Frédéric Boudou

Festival Jazz et Vin en Double, La Roche-Chalais dimanche 21 juillet 2024.

 

Troisième et dernier jour du festival Jazz et Vin en Double

Premier concert :

A 16h30 en guise de collation, le jeune groupe bordelais Contrefaçons , un des lauréats du tremplin Action Jazz 2023 investit la scène nous proposant des compositions du pianiste Vincent Le Bras. Tout d’abord : 3 morceaux de leur répertoire rodés lors de concerts : Sur « D’ici l’épilepsie » après un démarrage en douceur où chacun prend ses marques crescendo le jeu se fait de plus en plus incisif comme le tempo. Vous aurez remarqué le jeu de mot faisant référence à Dizzy Gillespie. Suit un bijou de composition « Ouverture » évoquant celle d’un opéra où classique et jazz s’entremêlent joyeusement, les notes du piano virevoltent sous les doigts agiles de Vincent (malgré le son un peu faible sur l’instrument qui aurait mérité une meilleure mise en valeur), la rythmique assure vaillamment l’ancrage et les soufflants très en verve, Pierre Thiot au saxophone et Paolo Chatet à la trompette, nous distillent de vives impros. Sur « Faciès » l’entame est lente, évoquant une déambulation, Estéban Bardet s’y coule avec lyrisme sur sa contrebasse puis le groove s’intensifie illuminé par les volutes à la trompette du solo de Paolo.

Suivent 3 nouvelles compositions de Vincent inspirées par la nature, propices aux langueurs de l’après-midi : le doux « Prélude » sur lequel Estéban caresse ses cordes avec tendresse, « Rivages » où Thomas Galvan le batteur joue et se joue des tempos et où Paolo rivalise de feeling. Et « Furcifer – Lucifer » évoquant l’explosion en couleurs du Furcifer lors de sa mort (une variété de caméléon) dans une rêverie où Vincent au piano déroule avec charme la mélodie.

Puis « Valse Super Hot » (inspirée par le « Valse Hot » de Sonny Rollins) vient nous réveiller, cette valse joliment épicée met en valeur Estéban à la contrebasse lors d’un profond solo, l’agencement inventif des notes créées et exprimées par Vincent, la vivacité et la belle puissance de Pierre Thiot au saxophone ténor jusqu’à une impro très free qui ravit le public.

Le standard « Stompin’ At The Savoy » popularisé par Benny Goodman prend des saveurs latines sous le groove de Thomas aux mailloches et s’embellit des phrasés vifs et vivifiants de Paolo. Le rappel : « Ballade » nous replonge dans une atmosphère langoureuse où chacun s’exprime avec poésie et feeling salués par le public.

Vincent Lebras : Piano et compositions / Paolo Chatet : Trompette / Pierre Thiot : Saxophone ténor / Estéban Bardet : Contrebasse / Thomas Galvan : Batterie

 

Deuxième concert :

L’heure du dernier concert a sonné en accueillant le Roger Biwandu Bordeaux Quintet avec son bouillonnant leader le batteur Roger Kemp Biwandu pour un cocktail détonnant à l’heure de l’apéro :

Décollage immédiat et dynamique avec une composition de son premier album : « Bienvenue à Cenon », sa ville natale, le duo de rythmique qu’il assure avec sa complice Nolwenn Leizour à la contrebasse joue avec une précision implacable et un incroyable groove ce hard bop. Les soufflants s’emballent avec brio, Mickaël Chevalier à la trompette et Jean Christophe Jacques au saxophone, Hervé Saint Guirons au piano survolant et frappant à la fois son clavier ! Ca décoiffe, le public en redemande !

« Tanzilla » : Les sons fusent des tambours et baguettes sollicités par Roger avec la rapidité de l’éclair, Nolwen tient le rythme tout en faisant « chanter » d’un beau son la contrebasse. L’énergie sauvage s’empare des soufflants : Jean Christophe vibrant au ténor et Mickaël fusant fort à la trompette.

La suite ne faiblit pas en intensité avec un hommage à Wayne Shorter  en reprenant une version arrangée de « Footprints », Hervé est incisif et fluide tour à tour, Jean Christophe enjoué au soprano puis au ténor, Mickaël précis et pointu. « The Walk » composition inspirée de Th. Monk nous livre une Nolwenn vibrante, très inspirée, un Mickaël explosif et un Hervé virevoltant ! « En direct du stade Tata Raphaël » nous immerge à Kinshasa (titre extrait du quatrième album de Roger) pour un combat de boxe sur un rythme calypso qui balance terrible, les deux soufflants se confrontent dans une joute dont le public sort KO ! Roger nous fait onduler avec son groove !

« Rara Avis » composé par Mickaël lui permet de mettre en valeur différentes nuances avec sa trompette et une impro tout en sensibilité de Nolwenn.« From Palmer » de Roger revendiquant plusieurs inspirations dont Miles Davis et Toto, nous embarque sur un morceau très rythmé grâce à son jeu de batterie (baguettes/fûts), nous offre un voluptueux et « voluté » duo Soprano/trompette et quelques notes trompette bouchée (coucou Miles !).

« Essai après une attaque en première main » extrait de son premier album nous convie au stade de rugby (sport qu’il a longtemps pratiqué), c’est efficace et gourmand comme le titre, la trompette et le saxo fusent, le piano s’encanaille, Nolwenn est à fond aux côtés de Roger au taquet qui nous gratifie d’un solo d’anthologie avant un final collectif en apothéose. Quel brio et quelle vigueur ! Evidemment le public en redemande même si la pluie et le vent menacent !

En rappel « Sunny » conclura la soirée avec en invitée spéciale la chanteuse Marie Carrié, d’origine antillaise et vivant près de La Roche-Chalais. Sa belle voix chaude irradie l’espace posée sur les rythmes énergiques du quintet ! Belle clôture de Festival 2024 !

Roger « Kemp » Biwandu : Batterie, compositions  / Hervé Saint-Guirons : Piano / Nolwen Leizour : Contrebasse / Mickaël Chevalier : Trompette / Jean-Christophe Jacques : Sax ténor et soprano

Une fois de plus la sélection était à la hauteur, les bénévoles très actifs et le « boss » du festival le programmateur et président Patrick Ledru accueillant et omniprésent !