Par Philippe Desmond, photos Fatiha Berrak, Philippe Marzat & Thierry Dubuc.

Saint-Macaire, le samedi 28 avril 2018.

Déjà la troisième édition du Jazz Day à Saint-Macaire dans le cadre de l’International Jazz Day de l’UNESCO officiellement le 30 avril. Et toujours cette météo capricieuse qui essaye de gâcher la fête mais n’y arrivera jamais.

Un gros programme pour cette journée coordonnée par la très active Cécile Royer du dynamique Collectif Caravan. Jugez-en !

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Rencontre débat, restitution d’un atelier Gospel avec la chef de choeur Monique Thomas, une sommité en la matière, déambulation révolutionnaire, la révolution complète permettant ainsi aux déambulateurs de ne pas se perdre et de revenir à leur point de départ, concert de l’atelier Jazz Ardilla, la remarquable école de musique locale, puis à l’abri d’un déluge soudain sous la tente de restauration du jazz manouche, de quoi occuper avec gourmandise un après-midi macarien.

En fil rouge l’exposition de photos de Blue Box, le groupement des photographes d’Action Jazz cette année sur le thème « Révolutions » au pluriel ouvrant le champ à moult interprétations. L’occasion de montrer avec éclat que les « yeux » de notre association ne sont pas mono maniaques.

Le point d’orgue reste le concert du soir qui s’annonce éclectique.

Sa première partie est pour le moins inhabituelle, en l’occurence la performance loufoque de Jérôme Martin « Carte blanche à Martintouseul »… Une séance hilarante et déjantée fruit d’un travail de précision scénique inouï avec notamment cette machine infernale musicale dénommée Elektronick Jaze. Toujours aussi perché celui qui voilà 20 ans, sous le nom de Monsieur Martino, chantait une ode à Laurent Jalabert restée dans les annales.

Retour à la musique avec le Jazz Continuum Orchestra une formation inédite de dix artistes formée autour de Thomas Bercy ; voir la liste ci-dessus.

Ce projet est l’ébauche d’un autre plus complet dont je vous laisse la surprise cet été sur le Bassin… Mêlant musique, slam et vidéo il retrace dans un résumé resserré l’histoire du jazz de la traite des Noirs en Amérique aux dernières créations. Du Gospel avec la divine Monique Thomas, en passant par l’arrivée du Bebop puis du Cool Jazz avec « Nardis » c’est un brillant tour d’horizon qui va nous être offert. Les transitions sont insolites grâce à la poésie slamée de Mario Codja, toujours très à propos. Sur l’écran des images parfois très dures notamment celles de conflits racistes au USA, ou de luttes contre la ségrégation avec Martin Luther King, Angela Davis, Rosa Parks, défilent. Exercice difficile que de continuer à écouter la musique avec attention quand l’œil est attiré par ces images fortes, d’autant que les musiciens sont faiblement éclairés – à la grande douleur de nos photographes et en plus éloignés les uns des autres – pour permettre un contraste correct de la projection. Mais c’était une première qui ne nécessite encore quelques réglages.

Musicalement avec un tel plateau c’est topissime. Ces musiciens ont mieux que digéré cette courte histoire du jazz, ils se la sont accaparée. Passer aussi vite du gospel traditionnel à un titre électrique d’Herbie Hancock et des Headhunters avec un détour par du bebop est tout de même une prouesse. Le dernier titre, dans le thème de la journée, « Révolution » part vers des ambiances free qui en live donnent tout leur potentiel ; quelle énergie, quelle chaleur ! Un concert musicalement remarquable qui demande encore quelques mises au point visuelles.

Bernard Lubat en solo au piano conclut l’affaire avec son tube (ça va lui plaire ça!) « D’ici d’en bas » la biguine gasconcubine, le temps que les musiciens se rendent à la Belle Lurette voisine pour lancer la jam.

Et c’est dans ce haut lieu de la musique en Sud Gironde, des musiques même, du blues, du rock, du punk, du folk, du jazz… que va se terminer cette désormais traditionnelle journée dédiée à la culture en général, celle qui élève, celle qui vous console de la médiocrité médiatique ambiante. Un grand merci vraiment aux organisateurs et aux artistes. Révolutions certes mais surtout résistance !

Set List du concert :

Intro Batterie (Eric Pérez)

I wish I Knew how it would feel to be free ( Billy Taylor and Dick Dallas )

I’m beginning to see the light (Duke Ellington…)

Bebop

Nardis (Miles Davis)

Actual Proof (Herbie Hancock)

Black Codes (Wynton Marsalis)

Révolution (Thomas Bercy)

D’ici d’en bas (B. Lubat).

https://jazzday.com/