par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.
Jeudi du Jazz, Créon le 20 février 2020.
Déjà le 3ème concert de cette 11ème série des Jeudis du Jazz de Larural. Cette association et ses bénévoles organisent maints événements culturels pour animer le Créonnais, allez donc voir leur site www.larural.fr
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ces Jeudis du Jazz, sachez qu’ils se déroulent chaque jeudi veille de petites vacances scolaires au Centre culturel de Créon (33). Ce sont des soirées cabaret, où avant le concert on peut déguster du vin de la région et dîner.
Pour ce concert, le programmateur Serge Moulinier est allé chercher un groupe à Lyon l’Atlas 4tet. Il a répondu pour la première fois à une candidature spontanée inconnue qui l’a séduit et il a souhaité nous les faire découvrir. Qui sont ces musiciens formés aux conservatoires de Lyon et Villeurbane, qui viennent juste de sortir leur premier album ? Romain Maitrot (trompette, bugle, percus, effets), Léo Molinari (guitare électrique, Moog), Léo Delay (batterie), Nicolas Canavaggia (contrebasse, basse).
Ils jouent leurs propres compositions, un jazz audacieux très construit et inventif. La musique s’appuie sur une rythmique nerveuse, le drumming de Léo Delay étant très créactif.
Nicolas Canavaggia jongle entre la basse et la contrebasse. De celle-ci il exploite, avec un son magnifique, toutes les possibilités, pincée, frottée, percutée. Très intéressante cette dernière façon d’en jouer avec une mailloche.
« Devant » eux Romain Maitrot et Léo Molinari se chargent de construire les mélodies, encore que les deux autres y participent à leur manière tant cette musique est collective. Le jeu de guitare de Léo est souvent en retenue, en soutien rythmique mais il ne se prive pas de chorus électriques loin des démonstrations virtuoso-techniques ; il propose aussi des sons électros au Moog, là encore avec élégance.
Pas de leader dans ce groupe, on le comprend quand à tour de rôle chacun prend la parole, avec aplomb, pour les annonces mais tout de même une présence affirmée de la trompette de Romain Maitrot. Très belle attaque, longs chorus inspirés, aussi à l’aise dans les passages de ballades que pour des titres plus puissants et engagés.
Le tout est vraiment bien en place, les breaks tombent juste, les rendez-vous ne sont pas manqués, belle osmose. Les compositions originales s’étirent, les climats changent, la musique se calme, prend son temps, puis rebondit, les sonorités sont changeantes, évoquent parfois l’Orient, flirtent avec la biguine, on ne s’ennuie jamais.
Au fait pourquoi ce nom Atlas ? Ca vient d’une des premières compositions de Romain baptisée ainsi car elle évoquait pour lui, le désert, les montagnes du Maroc qu’il ne connaît curieusement pas et que j’ai par contre parcouru de long en large il y a bien longtemps.
Groupe déjà très pro comme le fait de venir avec leur propre sondier ; pourtant avec Cyril au son et Ramun à la lumière ils n’avaient aucun souci à se faire, mais ça il ne pouvaient pas le savoir.
Le public, toujours très attentif et respectueux ici, a visiblement apprécié, le rappel très spontané – un vrai « bis » le groupe n’ayant plus de titre en réserve – et la queue à la vente dédicace de l’album « Eclipse » étant révélateurs.
Le prochain Jeudi du Jazz, le 16 avril, sera un peu particulier, en mode concert, pas en formule cabaret, pour accueillir Théo Ceccaldi et Roberto Negro et leur projet «Montevago». Mais pas d’inquiétude il y aura des vins, de France et du Monde, à déguster au bar !
http://www.atlas4tet.com/
