
Communiqué de presse du 8 août 2025
JAZZ AU PHARE 2025,
un bon cru avec une dose de polémique
Un festival, c’est un lieu de vie, un lieu d’échange, un lieu de partage. Mais c’est surtout, autour de la musique dans toute sa diversité, un lieu de magie où toutes les émotions sont à vivre intensément. Et Jazz au Phare est pensé pour cela, pour être ensemble !
Cette 16ème édition n’aura pas dérogé à la règle : venir vivre intensément sans à priori et en toute curiosité. De loin, ce fut le choc des titans, le jazz pur et dur d’un côté Leslie Lewis & The Blues Queens, Célia Kameni, Patricia Bonner, Halcyon Quintet, Naïram, Contrefaçons, Michael Joussein – Jerry Edwards Quintet, Ahmet Gülbay Trio, Audrey Joumas Quartet, et la musique populaire de Sheila de l’autre qui a entretenu de nombreux débats sur les réseaux sociaux. Mais finalement, l’unanimité auprès du public (et des musiciens) de la prestation de la « petite fille de français moyen » (aux 85 millions de disques) et de son formidable orchestre beaucoup plus rock qu’attendu aura su répondre aux attentes des festivaliers. La qualité des concerts, du jazz au tango (Cuarteto Silbando) au blues (Boney Fields, Keziah Jones) au rock (The Amy Winehouse Band, Kicca & Oscar Marchioni), dans ce qu’ils ont de plus qualitatifs et dans une atmosphère de passion, a fait que le cru 2025 restera dans les mémoires. Sans compter Les Allumés du Phare qui enchantent les marchés et la scène enfants à la popularité grandissante (Nicolas Bras, Lucie Royet et ses Chansons aux pommes). Enfin, une mention spéciale pour le sublime concert de AYO, un des points d’orgue de ce festival.
Merci aux artistes, merci au public venu une fois de plus très nombreux, merci aux bénévoles et aux équipes techniques, merci à « Mr Météo »… Jazz au Phare 2025 est un bon cru.
Jean-Michel Proust, directeur du festival Jazz au Phare
Et oui, polémique et vaste débat
Par Philippe Desmond
C’est qu’à Action Jazz nous avons été nous aussi surpris et circonspects. Des questions se sont posées, des tentatives de réponses sont nées.
Le jazz a t-il besoin pour (sur)vivre de se « compromettre » avec d’autres styles de musiques plus populaires ( » A l’américaine « ) ou peut-il seul assurer sa pérennité ? Et à Jazz au Phare il y a vraiment beaucoup de jazz !
Un festival d’importance comme celui- ci peut- il fonctionner économiquement sans la grosse billetterie abondée par un public néophyte ? Un grand festival gersois a depuis longtemps ouvert sa grande scène à du non-jazz, on ne peut guère lui reprocher de ne pas promouvoir le jazz pour autant. Une salle bien connue en région bordelaise fait sa billeterie (trésorerie) sur les concerts de rap, lui permettant de dégager des réserves pour des concerts de jazz déficitaires avec pourtant des plateaux de haut niveau… D’autres festivals subventionnés à 100% et offerts au public (accès gratuit) peuvent eux se permettre une programmation exclusivement jazz. Tant mieux. Jusqu’à quand ?
Alors changer le nom de l’évènement, par exemple en remplaçant le mot jazz par musiques, comme certains le proposent, ne ferait qu’encore plus disparaitre notre style préféré des yeux du public… D’autres festivals utilisent aussi le mot jazz dans leur intitulé, ne proposant guère que de la musique contemporaine expérimentale et ça ne fait pas polémique.
Bien sûr j’entends ceux qui constatent avec amertume que le directeur musical de Jazz au Phare n’est autre que le Président de l’Académie du Jazz et que « ça la fout mal ». Mais de par sa carrière et son engagement on ne peut pas pour autant lui faire le procès de ne pas aimer et soutenir le jazz. Il a trouvé sa méthode pour le proposer à un plus vaste public qui ne serait – malheureusement – pas venu sans des affiches de pop ou variété. Et si une partie de ce public néophyte s’intéresse alors au jazz, c’est gagné.
Vaste débat donc qui ne mérite surtout pas que l’on s’écharpe. Réjouissons-nous plutôt que des personnes, malgré les difficultés actuelles, s’engagent pour nous organiser de tels événements. N’oublions pas non plus les bénévoles qui les font fonctionner. Et surtout que vive le jazz, d’une manière ou d’une autre !