Texte et photos Philippe Desmond.

Marciac, le mardi 7 août 2018.

Deuxième jour à Marciac pour le off ou le bis, voir l’article précédent. Nuit calme au camping juste à côté des bénévoles, pourtant on m’avait prédit du vacarme nocturne, coup de chance certainement. A 8h30 ça ne bouge pas trop, tant mieux, pas de queue à faire là ou vous savez. Petit dèj au bar du camping en lisant la Dépêche – et oui chasse gardée en Occitanie, Sud-Ouest n’a pas sa place – on y parle bien sûr de JIM.

La tente 2 secondes – à monter – tient ses promesses, impossible à replier, je fais ça à l’arrache. En route pour la place et son vélum.

Les boutiques sont encore fermées, les bars mettent en place et sur scène une technicienne accorde le piano de très belle facture,  un Bechstein, de cette remontée du clavier lancinante caractéristique.

Mais ça commence à s’agiter, des musiciens arrivent, certains sont des amis, ils sont 20, c’est le Big Band des Bordelais d’Asso Sax l’école de musique de Pessac. http://www.assosax.fr/le-big-band/ . Parrainé tenez vous bien par Benny Golson la formation dispose d’un répertoire varié et est plus proche de celle de Quincy Jones que de Count ou Duke. Peu de standards de jazz, qui sonnent comme chez Lalo Shifrin, mais aussi du Stevie Wonder avec une belle version de « I Wish », du funk, du latino, de la salsa… Les codes du genre sont respectés, avec pupitres siglés, tenues noires et cravates, chorus debout sur le devant de la scène…

Des arrangements pleins de breaks, de relances, de contre-chants des cuivres, une affaire qui tourne drôlement bien. Le public ne s’y trompe pas, la chaleur étant retombée, il fait à peine 26° (!), il est revenu en masse et visiblement se régale. Un big band, quand il est de qualité comme celui-là, ça marche toujours, c’est enjoué, gai, sa puissance vous traverse, ses arrangements vous surprennent. Le peintre est encore là et s’affaire sur son chevalet. Hier il peignait un trio, aujourd’hui ils sont 20 ! Et alors qu’il ne peint que pendant la prestation, le concert fait la même durée…

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Les musiciens et leur chef Didier Broussard sont comblés, ils se sont régalés, ils ont enflammé le nombreux public, beaucoup leur réclament un CD qui malheureusement n’existe pas… encore ? Il va falloir vous y mettre messieurs (au fait pas une dame aujourd’hui dans la formation, j’en connais une à Action Jazz qui va râler !) pour satisfaire vos nouveaux fans ! On rentre les instruments dans la loge jusqu’à ce soir car ils rejouent à 18h15 ici même, une chance pour eux et pour nous.

Dom Imonk le rédac chef d’Action Jazz m’a rejoint, il est revenu d’un « run », vocable plein de punch pour définir le transport d’un musicien. Aller retour à la gare de Auch avec une 530 hybrid, il a encore les yeux qui brillent. Rappelons qu’il est ici en tant que chauffeur bénévole du festival. Dégustation d’un – ou peut-être deux – Pacherenc, de la simple curiosité, échange avec les connaissances de Marciac, arrivée de Guillaume Nouaux en famille qui passe nous saluer, il va jouer avec le sextet de Paul Chéron à 15 h.

Le festival « off » c’est ça aussi, la proximité avec les artistes, ceux du « in » étant inaccessibles ou rendus tels par l’organisation… Il faut entretenir cette distance pour susciter le mystère et remplir le chapiteau.

A 15 heures très belle prestation de jazz traditionnel, puisqu’il faut coller des étiquettes, avec le sextet de Paul Chéron aujourd’hui au sax ténor (c’est aussi un excellent clarinettiste).

Guillaume Nouaux, Girondin d’origine, est donc aux baguettes, toujours aussi bon ; vous aurez l’occasion de mieux faire sa connaissance dans une prochaine Gazette Bleue, patience. Le sextet a invité une chanteuse, la délicieuse Nadia Cambours qui occupe vraiment la scène, un plus.

Puis reviennent les « Three Blind Mices » déjà vus hier mais cette fois devant un public très nombreux, leur auditoire d’hier ayant été décimé par la chaleur.

Mais la place se remplit encore plus car le bouche à oreille a dû fonctionner depuis midi, le Big Band d’Asso Sax revient !

C’est encore plus chaud que ce matin, des gens debout qui gigotent, dansent, Didier Broussard en est tout retourné et les musiciens encore plus flamboyants, ils envoient tout ce qu’ils peuvent et comme ils peuvent beaucoup ! Bravo les amis, un bonheur.

Pendant ce temps dans un studio improvisé à même la place France 3 interviewe le jeune batteur Emile Rameau qu’AJ a déjà entendu plusieurs fois et pour cause, il est girondin et fait partie de l’écurie uzestoise de Bernard Lubat.

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Emile Rameau entouré de PhD et Dom Imonk d’Action Jazz

A l’issue d’un stage de jazz dans le cadre du festival, il a reçu le prix « Marion Bourgine » récompensant, je cite, un musicien pour ses qualités d’instrumentiste mais surtout ses valeurs d’amitiés et de partage chères à Marion, une musicienne trop tôt disparue dans un accident de la route. Evidemment, pour les qualités humaines il est à bonne école à Uzeste. A ses côtés Emile Parisien le héros local qui trace sa carrière à vive allure, un autre exemple à suivre pour Emile.

Avant de repartir dans la soirée une dernière curiosité à assouvir, il faut paraît-il goûter le mojito à l’armagnac local alors allons-y (original et délicieux). Tiens voilà nos tout jeunes vus et entendus hier soir pendant notre pique-nique, en train de faire la manche au coin d’une rue. Des enfants de 11 ans ! Rien de grave, ici c’est de bonne guerre on est à Marciac, c’est cool !

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Le public commence à converger vers le chapiteau au moment où l’orage gronde et où de grosses gouttes viennent figer la poussière de la journée, il est temps pour moi de repartir à Bordeaux. Et sans regret car demain soir, là-bas aussi il y a jazz, à l’Apollo, Roger Biwandu hier encore à Marciac (voir article précédent) y a invité une légende du sax, Francis Bourrec.