Par Dom Imonk

Parue le 01 septembre 2014 dans la Gazette Bleue N° 6

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On ne présente plus le batteur Guillaume Nouaux, dont l’éclectique omniprésence nous est salutaire. Il s’est produit dans bien des groupes et endroits, et sa renommée va jusqu’à l’international. Batteur fou de swing et grand connaisseur, il propose là un ambitieux album dont le titre dit tout. Mais il n’est pas tout seul dans cette aventure, car le Tuxedo Big Band, dirigé par Paul Chéron, participe aussi à construire ces quatorze belles reprises, avec de superbes arrangements et une équipe de douze musiciens aux interventions remarquables. L’esprit « swing » des années 30/50 est ainsi délicieusement remis en scène et c’est un vrai plaisir de se replonger dans ces « fondamentaux », qui ont tous participé à construire la musique jazz d’aujourd’hui, et continuerons sans nul doute à inspirer celle de demain.
Le « plus » de cet album, c’est que chaque reprise est en fait un hommage implicite au batteur qui jouait dans la version initiale. Les passionnantes notes de pochette de Jacques Aboucaya nous précisent tout cela dans le détail, formant une musique de mots au service de celle des sons.
L’écoute de cet album est très rafraîchissante et nous montre à quel point on savait écrire de la belle musique dans le passé. On vogue ainsi de « Liza » (George Gerschwin) avec Chick Webb à la batterie, à « Swingin the blues » (C.Basie /E.Durham) bat. Jo Jones, en passant par « Drumology » (L.Bellson/S.Cooper) bat. Louie Bellson (dont on apprend qu’il fut le premier à inclure deux grosses caisses dans son set de batterie !), « Hampton stomp » (L.Hampton) bat. Lionel Hampton ( !), « Carioca » (V.Youmans) bat. Buddy Rich, mais la liste est longue ! Sachez que d’autres batteurs renommés y sont aussi honorés comme Gene Krupa, Sonny Greer et Sam Woodyard, pour les plus connus.
Guillaume Nouaux s’adapte à tous les morceaux avec cette belle aisance qu’on lui connait. Son jeu élégant ne s’interdit pas la puissance nécessaire à driver le big band. On sent que son inventivité s’exprime toujours avec le respect de ses aînés qu’il vénère. Au-delà de ses talents indéniables de directeur et d’arrangeur, on apprécie beaucoup les interventions de Paul Chéron aux saxes et à la clarinette. Le Tuxedo est décidemment une très efficace machine à swing, et il faut redire la grande qualité de jeu des autres musiciens qui le composent, c’est précis, ça fouette bien les sangs, ça swingue quoi ! Et quelle cohésion entre eux tous !
« Drumology » est une vraie réussite. L’écoute du disque met en joie, et on se le repasse sans compter. On se les imagine tous sur scène avec les pupitres, la photo de pochette aidant, mais ça ne suffit plus, on va vraiment vouloir les voir en concert maintenant !

Dom Imonk

© Swing Era & GN 2014 – TBB 107