par Philippe Desmond

Samedi 22 mai 2021, Guinguette chez Alriq, Bordeaux

Incroyable, j’ai assisté ce soir à un phénomène extraordinaire ! Je n’en croyais ni mes yeux ni mes oreilles et ce qui me reste de cerveau, après ces mois déstabilisants, avait du mal à analyser la situation ! Là devant moi, un concert avec des musiciens sans écran interposé, avec des vrais gens, buvant de vrais apéros, discutant sans visio. Et oui ça y est, c’est reparti et espérons le définitivement. Quelle émotion de vivre une chose qui, il y a des lustres, nous paraissait parfois presque banale, un apéro musical ; pas n’importe où, en bord de Garonne à la Guinguette chez Alriq cette institution d’un autre monde, si chère aux Bordelais.

Depuis la veille ils ont remis le contact, ils ont ainsi rétabli les contacts, dans le respect des gestes machins, avec les masques chirurgi-truc, le gel qui va bien, la jauge réglo, la distance ad-hoc, le couvre feu comme il faut, j’en passe et des pires. Tout le monde est bien sage et un petit vent frais aère le lieu, a priori tout est sous contrôle.

Il fait presque un froid de loup en cette fin d’après-midi pourtant de fin mai au bord du fleuve, mais il fait chaud dans nos cœurs. La fin du cauchemar ?! Espérons-le, quand pile en face, de l’autre côté de l’eau grise qui coule vers l’océan le cluster de Bacalan inquiète Bordeaux, quand le monde n’est pas encore tiré d’affaire bien que les chiffres et les courbes soient en baisse, nous faisant presque oublier que ces nombres plus bas sont aussi des personnes qui souffrent ou pire ne souffrent plus…

Mais ne boudons pas ce moment, ils sont là sur la scène qu’on aime tant dans ce lieu qu’on adore, Bayou Ball un quartet de old jazz bien enjoué, Denis Girault soufflant dans sa clarinette, Jean-Michel Plassan grattant son banjo, Yann Vicaire frappant ou balayant ses peaux et Nicolas Dubouchet faisant claquer les cordes de sa « grand-mère ». Ils seront vite rejoints par les copains venus jammer, Thibaud Bonté et sa trompette, Armonia Serrano à la clarinette , Perry Gordon et sa dobro, Pierre-Jean Ley à la trompette aussi et Lionel Solves comme Léon, à l’accordéon. Personne au violon.

Des mois de disette effacés d’un coup, une impression bizarre de temps raccourci… Que cette soirée en annonce d’autres, que la vie d’avant revienne et en mieux, on peut toujours rêver. Allez on y croit mais on fait gaffe quand-même !