SYLVAIN DANIEL – PALIMPSESTE (Voyage imaginaire dans les ruines de Detroit)
Chez : DU*NOSE production/ ONJ records par : Alain Fleche

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Sylvain Daniel : Basse / Laurent Bardainne : Sax ténor / Manuel Peskine : Claviers / Mathieu Penot : Batterie

Projet réalisé à partir d’un travail photographique : Ruins of Detroit. En écoute, on devine des photos d’édifices à moitié effondrés, mairie et prison abandonnées, théâtre en lambeaux, banlieue vidée de vie, souvenirs d’usines d’automobiles d’un autre temps … De la Motor City, symbole du déclin industriel de l’Amérique, Sylvain Daniel se souvient du rock furieux du MC5, de la basse psychédélique de Bootsy Collins, de la Tamla Motown, de Funk puant l’huile chaude et de techno robotisante.
Souvenir de voix qui se sont tues, et en direct, un son très rock. Basse hypnotique qui va se développer comme un cancer contrôlé, présence d’un sax perdu dans des échos variables, comme au fond d’une usine qui n’a plus de murs, le sol balayé par les vents froids, et la batterie qui voudrait faire croire que les monstrueuses machines de montage sont toujours alimentées. L’orgue, réminiscence de foi au fond d’une église dé-consacrée, hurle et pleure Puis, déambulation dans les avenues désertes, petit matin glacial qui fait presser le pas, des ombres incertaines, inattendues, assaillent les visiteurs venus d’ailleurs, qui n’en peuvent déjà mais. Croisent des fantômes disparus de gens dont on se demande s’ils vivaient seulement… pourtant, ici, la vie était. Ronflante, de jour et de nuit. A l’usine, dans les rues, chez eux, ça bougeait, aimait, se battait, rêvait, naissait et mourait. Reste des flaques de liquide , douteux et malodorants, stagnantes dans les trous béants du bitume fondu par le soleil triste, des fissures sur les murs qui ne sont pas encore écroulés, des méchants rêves de cris d’enfants dont on ne sait s’ils jouent ou s’ils souffrent, sans doute ne le savent-ils eux-même. La batterie martèle le rythme entêtant jusqu’à la douleur de la basse, le sax hurle de solitude dans le dédale d’ images morbides recouvertes de nouveaux cauchemars imposés.
Enfin, l’accalmie rédemptrice. Mort le rêve américain, l’hypothétique progrès source de bonheur, la croissance éternelle devenue mortifère. Reste… un brin d’herbe, poussiéreux certes, où un papillon se repose d’une course sans but ; un rat courant nourrir sa famille d’on ne sait quoi ; le soleil que l’on devine derrière les nuages pesants et sales, qui pourtant gardent l’espérance de la vie. La vie, autrefois grouillante, n’a pu se résoudre à disparaître tout à fait . Les souvenirs ont la peau dure, comme celle de ceux qui continuent à les entretenir, ceux qui n’ont pu se résoudre à fuir le navire coulé, ceux qui continuent à croire à l’amour, à la vie. ils ont raison, ce sont eux qui nous sauverons .