« Danser au rythme du jazz »

par Philippe Desmond, photos Géraldine Gilleron, Christine Sardaine, Philippe Marzat pour Action Jazz (cliquer pour agrandir)

L’Entrepôt, Le Haillan vendredi 14 juin 2024.

L’an dernier Action Jazz avait assisté au spectacle de fin d’année de l’association Tempo Jazz du Haillan (voir lien) et, au vu de sa qualité, ne pouvait manquer l’édition 2024. Edition très particulière en plus car la dernière de la professeure et chorégraphe emblématique de Tempo Jazz qui y enseigne depuis trente ans, Marie-Hélène Plassan.

Le thème choisi cette année était « Danser au rythme du jazz », un tour d’horizon autour de l’histoire des danses jazz, de leurs racines africaines à leurs évolutions contemporaines. Quatorze tableaux au programme avec des élèves à partir de 4 ans ; uniquement des amateurs, près de 120 ; deux petits garçons ont tout de même réussi à se glisser au milieu de ces danseuses, mais on voit que la danse a encore du mal à pénétrer le public masculin victime des préjugés fortement ancrés dans nos cultures ; c’est dommage.

Vu de l’extérieur, ce type de spectacle peut parfois être pris avec un regard condescendant, assimilé à la kermesse de fin d’année. Ici on est dans une autre dimension, il s’agit d’un spectacle exceptionnel ! Des chorégraphies originales pleines de créativité, esthétiquement sublimes, des éclairages travaillés (des heures de travail entre la chorégraphe et le technicien lumière), des costumes recherchés (réalisés par des bénévoles), des accessoires insolites, des musiques d’une grande richesse et d’une belle variété. A la baguette, maîtrisant chaque maillon de la chaîne, Marie-Hélène Plassan. C’est elle qui a choisi le thème, inventé les chorégraphies, établi la composition des lumières, participé à la confection des costumes, choisi les musiques et surtout transmis son art aux élèves. Un énorme travail.

Le résultat ne pouvait qu’être à la hauteur du travail effectué, magnifique, pro ! La galerie photos va vous en donner un aperçu, certes statique et muet, mais coloré et esthétique.

« Aux origines de la danse », le premier tableau a vu les petites de 5 et 6 ans danser sur les percussions jouées en direct par Ewa Tohinnou.En symbiose avec la nature le mouvement apparaît, le rythme arrive ensuite avec « L’héritage africain » un très beau tableau, restitution des cours d’Afro jazz animés musicalement par Ewa et ici rejoint par Pierre Pendes (doum doum et kora) et Samson Viwanou Kpadonou (voix, percussions corporelles). Ewa et Samson concluront le tableau en dansant au son de leurs propres percussions corporelles, magnifique.

Gospel et blues arrivent ensuite avec « L’âme du jazz en mouvement » , évocation des esclaves dans les champs de coton ; une chorégraphie d’une grande élégance, illustrée de musiques traditionnelles et finissant en Second Line ; une émotion extrême.

Retour des musiciens avec les ados pour « Noir/Blanc » et la libération des corps, Ewa à la guitare et au chant. Voilà le Ragtime et le Charleston pour « L’âge d’or de la danse jazz » avec les 7/10 ans avant l’indispensable « West Side Story », un tableau gai et chatoyant en hommage au grand chorégraphe Jerome Robbins, illustré par les musiques de Bernstein « Dance at the gym » et le légendaire « America ».

Voilà des claquettes avec les seules danseuses ne faisant pas partie de Tempo Jazz, celles de Tap’s and Jazz pour une insolite locomotive humaine ; original et très réussi.

Toujours la comédie musicale avec « Chantons sous la pluie » chantée par Valérie Cahuzac les enfants de l’éveil musical trop choux avec leurs parapluies acidulés et leurs costumes assortis ; adorable. Imaginez tout de même des petites de 4 ans seules sur scène devant près de 450 spectateurs…

Bob Fosse un des chorégraphes majeurs de Modern Jazz a droit lui aussi à son hommage sur « Chorus Line » avec les 7/10 ans et les 10/14 ans. Chaque tableau est une surprise visuelle, on sent le public plus que sous le charme.

Du « Latin Jazz » chanté par Valérie Cahuzac sur une version insolite de « le jazz et la java » de Yuri Buenaventura ; les 6/7 ans pleins de fraîcheur nous font passer un joli moment.

Nous voilà dans les années récentes, le hip-hop arrive pour « Street Jazz » au son notamment du « Cantaloop (Flip Fantasia) » de US3 adaptation du titre d’Herbie Hancock. Les huit danseuses sont ensuite rejointes par une dizaine d’autres pour un fabuleux tableau baptisé « Hip Hop Electro Jazz » des animations synchronisées de bras dénudés contrastant les costumes noirs ; impeccable.

Dernier tableau baptisé « Jazz en noir et blanc, tout un symbole) le programme n’annonce pas les danseurs. Et pour cause, contrairement à son habitude mais exceptionnellement pour sa dernière c’est Marie-Hélène Plassan qui rejoint sur scène Samson, elle en noir et blanc, lui en blanc et noir pour un duo plein de grâce et d’émotion, montrant au tapis d’enfants assis en fond de scène – et à leurs parents – qu’ils n’ont pas travaillé avec n’importe qui mais avec un grande danseuse.

Final très gai sous les « Do wap do wap do wap » du public répondant au « It don’t mean a thing (If it Ain’t Got That Swing) » de Duke Ellington chanté ici par Valérie Cahuzac.

Un formidable spectacle d’amateurs et donc surtout d’amatrices, au rendu très pro grâce à la maîtrise de Marie-Hélène Plassan et à l’investissement des bénévoles de Tempo Jazz.

Spectacle 2023 : https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/tempo-jazz-et-le-modernjazz/

Galerie photos de Géraldine Gilleron

Galerie photos de Philippe Marzat