Par Philippe Desmond, photos David Bert.

Le Rocher de Palmer, samedi 15 février 2025

Depuis sa création le quartet Crawfish Wallet ne cesse d’évoluer. Avec déjà trois albums à son actif le groupe joue beaucoup en concerts, en festivals, tout en essayant des formules nouvelles. Ainsi l’album puis les concerts avec un trio de violoncellistes, un concert avec des chœurs et ce soir avec une centaine, oui une centaine, de cordes !

Impressionnante la scène en arrivant dans la grande salle du Rocher de Palmer où déjà l’orchestre de cordes est installé. Depuis tôt le matin, des musiciens des écoles de musique de Cenon, Floirac, Pessac et Talence travaillent avec le quartet et le trio de violoncelles pour l’aboutissement de ce soir. Certes ils ont reçu les partitions dès le mois de septembre mais il s’agit maintenant de synchroniser l’ensemble sous la baguette de la cheffe d’orchestre Chloé Meyzie et ils sont quasiment tous amateurs, quelques professeurs s’étant tout de même glissés dans les pupitres. Premiers pas sur scène aussi pour les plus jeunes devant une salle comble mais d’un public acquis, des familles et amis en majorité.

Esthétiquement le concert est déjà une réussite. Dès le premier titre, la synchronisation du mouvement des archets est déjà un spectacle en soi. Musicalement c’est tout de même surprenant quand on connaît le quartet seul. Ce n’est pas une rivière de violons et de violoncelles, mais un fleuve, un véritable Mississippi de cordes qui coule autour de cette musique de New Orleans.

Le concert va ensuite alterner entre le quartet seul, le quartet et le trio de cordes et la totalité des musiciens. Les arrangements ont métamorphosé la musique du quartet, qui si elle perd en spontanéité et en folie, y gagne en ampleur et parfois solennité. Le  » Do you know what it means to leave New Orleans » à la nostalgie patente, devient avec toutes les cordes absolument bouleversant. Le dynamique « Allright Allright  » qui le suit, permet lui au grand orchestre de libérer sa puissance, magnifique. Les cordes se font dramatiques pour accompagner Amandine chantant « Strange Fruit ».

On imagine la joie de ces musiciens que de partager de tels moments avec leurs collègues et devant leur famille. On mesure aussi la concentration dont ils font preuve pour être à la hauteur de l’événement. Et à la hauteur ils le sont.

On a senti aussi l’émotion des membres du Crawfish Wallet, notamment celle d’Amandine. Ils redécouvraient leur propre musique en la partageant avec ces musiciens de toutes générations, certains découvrant, ainsi que beaucoup dans le public, la musique de jazz. Les ponts entre le jazz et la musique classique sont de plus en plus nombreux et c’est tant mieux, quant au pont entre les générations il était bien jeté ce soir.

Merci pour ce beau projet.

Crawfish Wallet : Amandine Cabald-Roche : chant, washboard / Gaëtan Martin : trombone / Jean-Michel Plassan : banjo / Fred Lasnier : contrebasse

Trio de violoncelles : Emmanuelle Faure, Lili Richard, Elisa Dignac.

Direction d’orchestre : Chloé Meyzie.

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