Chez : abalone
par Alain Flèche
Claudia Solal : voix, compositions
Benjamin Moussay : claviers, compositions
On serait tenté de penser au duo Ran Blake/Jeanne Lee, mais non. Même si le jazz est bien là, à fleur de notes qui se suivent, se choquent, s’échappent, reviennent et disparaissent, l’ancrage semble bien se situer dans la culture occidentale, et c’est plutôt l’esprit de Robert Wyatt qui hante le sujet de notre écoute. Voix bien posée, clavier qui conduit la machine en marche, marche après marche… De plage en plage, on découvre un univers qui leur est très personnel, plutôt sombre, presque inquiétant, pérégrination dans un paysage clair-obscur . Le petit chaperon rouge qui joue à saute mouton avec le loup. Peut-être même d’autres jeux moins avouables, de séduction cachée, de gaîté triste, d’abandon et d’à quoi bon. Pseudo mélodies qui collent à l’âme comme la hagne d’un ru fétide qui alourdit les bottes d’un pêcheur de poissons agonisants . Ça ou là, un rayon de lumière jaunâtre, une fleur vénéneuse arrêtent l’esprit qui va son chemin, sans fin, car déjà inutile et sans but. Un air qui se perd dans la lande glauque, des paroles qui disent la peine de poursuivre… un élan éteint. Tout ça, bien sur, sur un ton hypnotique, par de jeunes grands maîtres de leur art . Splendide !