« L’ubiquité est l’art d’être en plusieurs endroits à la fois ».
En voici deux qui savent s’y prendre pour perdre son monde, sans perdre le nord. L’un de Bretagne, l’autre à Marseille, des instruments anciens passés à la moulinette d’effets électroniques, des mélodies qui semblent surgir d’autres temps, d’autres planètes, pour créer un folklore à réinventer à chaque morceau, à chaque phrase, à chaque note.
Ubiquité, rêve diabolique permettant de sillonner la planète sans bouger, un peu ce que suggèrent les nouvelles technologies… Un peu de ce vers quoi  tend la « world music » : tentative de réunion  (et découverte) de cultures, avec  risque d’uniformisation mondialisante quand trop d’égo (!?).
Le propos est bien autre dans ce voyage qui commence par un « alunissage », pour atterrir vers l’Inde. Des approches, survols, phantasmes de continents inexplorés d’ où sont rapportées des sonorités, des ambiances imaginées pour une musique personnelle, bien concrète qui mêle ébauches de bourrée et accords de raga, repères locaux et paysages exotiques dans des compositions souvent atonale où chacun joue une mélodie différente, sur des rythmes distincts, laissant de larges espaces où les instruments se rejoignent sur des improvisations qui s’enchaînent, se chevauchent et font apparaître d’autres thèmes, d’autres histoires, d’autres contrées.
Promenade onirique pour s’échapper d’un quotidien limité par le connu et l’attendu. Un bien beau moment, différent.

Gurvant Le Gac : Flûtes traversières en bois, électro
Pierre-Laurent Bertolino : Vielle à roue, électro, percus

Par Alain flèche

L’Autre distribution.