Par Dom Imonk
Grain(s) de Riz/Édition Le Canapé Bleu
Paru en 2017, « Aurosmose » révéla l’âme gracieuse du trio Atrisma, en célébrant le délicieux mariage d’une aurore à la pureté diaphane, à la magie d’une osmose de couleurs virevoltantes. Des plages généreusement développées habitaient ce premier et ambitieux album, où se mêlaient des flux rêveurs d’une fluidité moirée, à des courants plus dynamiques et percussifs. Le style Atrisma était né, ce qui fut pour partie confirmé par « Chrone » sorti trois ans après, disque en forme de follow-up plus hardi et immédiat, dont le souffle urbain ne parvint pas à retenir les « Mille papillons » malins, qui s’en échappèrent à son issue, manière de nous dire « see you next time ! ». Et les voilà de retour sous forme d’étoiles ! Troisième étape d’un parcours de voyageurs soniques, conteurs et découvreurs, « Sable » est à l’image de sa pochette, un bivouac où l’on s’arrête pour faire le point, au milieu d’une nuit étoilée, qu’éclairent aussi la lune et une petite lampe. La crise sanitaire a tout gelé sauf l’imagination, et Vincent Vilnet (pianiste, claviériste et compositeur), qui mène ce trio, formé avec ses indispensables amis Johary Rakotondramasy (guitare) et Hugo Raducanu (batterie), en a profité pour écrire de nouvelles pièces, arrangées de manière collective, avec des messages qui portent forcément quelques stigmates de la récente pandémie. Mais l’arme secrète d’Atrisma est pacifique et fait renaître l’émotion dès l’ouverture, grâce à « Toupetitou », miniature introductive, évocatrice d’une naissance, dont les entrelacs électroniques nous laissent imaginer sa venue d’une autre planète, ce que la féérie scintillante de « Ron Ron » qui lui emboite le pas ne démentira pas. Tout au long du disque, surgissent d’autres petites pièces du style de « Toupetitou », une nouveauté de style chez Atrisma. Ce sont des sortes de mini roses des sables dont les éclats de petites pierres précieuses clignotent çà et là, parfois intercalées entre des pièces plus développées, obligeant à s’arrêter et à reprendre son souffle, pour mieux saisir ce précieux cheminement onirique. Ainsi « Niflheim », sombre et inquiétant, qui annonce le tumulte de « Walkyries », défouloir ou bagarre sonore, un morceau écrit pendant la période du vortex pandémique, suivi de la bien nommée « Dérive » issue de cette sombre époque. Mais de providentielles « Lucioles » auront tôt fait d’éclairer de nouveau le chemin, sur un mode joliment répétitif à la Terry Riley, et de nous diriger ainsi vers le festif « Haddock », dont le flow n’est pas sans évoquer le temps béni des fêtes electro jazz des années 90, mouvance Bugge Wesseltoft ou autre Nils Petter Molvaer. « Sillage » est enfin la trace d’une beau voilier sur lequel nous rêvons d’embarquer, glissant sur des flots argentés, aveuglés par l’horizon flamboyant d’« Eclosif », morceau de toute beauté, porté par de magnifiques claviers, associés à une vigueur rythmique vitale et transpercé d’un époustouflant chorus de guitare. Pour clore ce très bel album, « Equinoxe », qui est, avec le morceau titre et « Coquelicot », l’un des sommets de l’album, l’un est un cri d’amour, tendre et optimiste, dédié à notre mère Nature, pour les saisons qui rythment le cœur de la terre, son royaume, l’autre évoquant la noblesse de ses immensités vierges à préserver, le troisième rappelant la beauté fragile de ses fleurs, qui y pousseront toujours, quel que soit la teneur du sol, à condition que des hommes stupidement avides n’en détruisent pas irrémédiablement le lit ! Captivant projet, « Sable » est peut-être la conclusion d’un cycle créatif, cela dit, impossible de savoir les surprises que nous réservent les alchimistes d’Atrisma pour la suite! Après les avoirs vu plusieurs fois en concert, il est sûr que tous leurs thèmes s’ouvrent au live de saisissantes façons. Ils viennent de nous livrer là un conte des « Mille et une nuits », alors nous leur en souhaitons bien davantage !
Le lien d’écoute et d’achat à « Sable » :
https://atrisma.bandcamp.com/album/sable
L’EPK :
https://www.youtube.com/watch?v=f8-XTmiCCDo
Enregistrement : Cryogène Prod avec Benjamin Mandeau
Mixage : Benjamin Mandeau
Mastering : Globe Audio Mastering avec Alexis Bardinet
Art Work : Yom (Guillaume Caute)
Bonne nouvelle, Atrisma est sur la route ! Prochaines dates, Festival Jazz 237 du 24 au 29 avril organisé par l’Institut français du Cameroun, et le vendredi 12 mai à Cambes pour l’ouverture du Festival Jazz 360 2023!